Comprendre ce paradoxe aussi courant que logique

Vous vous êtes reconnu dans le titre de ce podcast parce qu’il vous arrive d’avoir un amour fou pour votre partenaire, votre conjoint. Et puis par moments, vous vous dites mais je ne peux pas le supporter, j’ai horreur de le voir, je n’ai pas envie qu’il me touche. Et puis à un moment, vous avez envie de sauter dans ses bras et vous vous dites mais oui, je l’aime et je le déteste en même temps. Voyons ce que ça peut vouloir dire. Et puis comment vivre avec cette dualité ?

école de l'amour

Etes-vous allé à l’école de l’amour ? 

Les amoureux, je sais que dans le sujet que nous allons aborder aujourd’hui, et dans lequel je voudrais plonger immédiatement, il est nécessaire de reconnaître que nous n’avons pas appris à aimer. Je ne connais aucune école, structure, programme ou stage qui enseigne ce qu’est l’amour. 

On n’apprend pas ce qu’est l’amour inconditionnel, l’amour entre les humains, les différences entre l’amour et l’amitié. Ni la distinction entre faire l’amour et avoir des relations sexuelles. Même lorsque l’on est plus âgé, adolescent ou jeune adulte. Nous ne disposons pas de tout cela, en fait. 

Autodidacte par mimétisme et opposition 

Reconnaissons que nous avons une lacune importante, car nous apprenons ce qu’est l’amour par observation. C’est comme si vous appreniez ce qu’est un arbre par vous-même. Vous comprenez, enfant ? Vous voyez ces arbres ? Bien, j’ai compris que c’était un arbre. Et voyez-vous continuer seul, sans livre, sans formateur, sans coach. Si vous avez fait du scoutisme, au moins. Mais non. Il n’y a rien de tel. Vous êtes laissé à vous-même pour tenter de comprendre ce qu’est un arbre, saisir comment il fonctionne, comment il se nourrit, quels sont ses besoins. 

Certains arbres de votre environnement meurent. Vous vous dites « peut-être que j’ai fait quelque chose de mal, je ne sais pas ! ». D’autres arbres portent de délicieux fruits, et vous vous dites « je n’ai rien fait de spécial pour eux et pourtant ça marche très bien ». 

Vous voyez ! C’est cette réalité dans laquelle nous nous trouvons lorsque nous parlons de vie conjugale. Et finalement, sans aller jusqu’à dire que ce n’est pas juste, que ce n’est pas normal, qu’il faudrait réformer la société, il est nécessaire de réaliser pleinement que nous avons besoin d’apprendre ce qu’est l’amour en fait.

Ignorer ce que l’on ignore est piégeant

Si l’on part du principe que l’on sait alors que l’on ne sait ne pas savoir. Qu’en plus, on vit à partir de ce que l’on sait, c’est comme si l’on voulait faire une salade de fruits avec des épluchures ou avec des restes. Évidemment, cela aura une drôle d’apparence, un drôle de goût, une drôle de texture. 

Il est nécessaire de devenir réellement conscient que l’on ne sait pas. Non pas en se dévalorisant en se disant « je suis minable », « ce n’est pas top », « j’aurais dû savoir ». Mais en reconnaissant simplement que l’on ne sait pas. « J’accepte de ne pas savoir et par conséquent, je prends conscience du besoin d’apprendre ». 

C’est une chose que j’ai trouvée très forte à la fin de mes études universitaires : me rendre compte que j’avais maintenant plus conscience de mon besoin d’apprendre que de tout ce que j’avais appris, tellement j’avais étudié, travaillé, écrit, rendu des devoirs, mené des recherches. C’était formidable. 

Nous avons énormément à apprendre 

J’avais l’impression que le résultat de tout cela était de m’ouvrir à tout ce que j’ignorais. J’ai découvert qu’en réalité, je savais très peu de choses et que j’avais beaucoup à apprendre. L’avantage était que j’avais acquis les outils pour creuser, chercher, savoir où chercher et comment m’orienter dans mes recherches. Mais en termes de connaissances, il y avait tellement plus à découvrir à l’extérieur. Quand je dis tellement plus, j’ai l’impression de minimiser la situation. Car, en réalité, il y avait tant de choses que j’ignorais par rapport à ce qui existe, que cela m’a replacé dans un contexte « exhaustant » mon aspiration à continuer à apprendre toute ma vie. 

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Apprendre l’amour

J’apprends en permanence depuis que j’accompagne des couples, des personnes individuelles. Je continue à lire, à étudier, à suivre des formations, etc. En fait, je me nourris de ces connaissances. Évidemment, il y a des choses que je connais déjà et que je redécouvre savoir. Il n’en demeure pas moins que parfois, j’apprends ce que je maîtrise sous un autre angle, avec une autre manière de voir les choses me permet d’apprendre encore et, notamment, en amour. 

Préparez-vous au fait que le jour où vous pourrez dire « ça y est, je maîtrise, je suis au top » n’existe pas en amour. Vous ne pourrez dire, « Là, j’ai compris, je sais comment ça marche. Je suis un expert en relations conjugales et je n’ai plus rien à apprendre. » Jamais. Absolument jamais. 

Vous pouvez suivre tous les cursus que vous voudrez sans que ne ce sois jamais suffisant pour maîtriser l’art d’aimer. Surtout qu’il y a une différence entre l’acquisition des compétences professionnelles et l’application de ces compétences dans votre propre vie. Dans cette dernière, vous êtes émotionnellement impliqué et donc moins objectif. Vous n’avez pas toujours la sensibilité ou la capacité de prendre de la hauteur pour utiliser les outils que vous pourriez utiliser, par exemple, en tant que thérapeute. 

Si vous décidez de devenir thérapeute en relation d’aide, par exemple, vous ne pourrez pas toujours utiliser vos compétences à votre propre avantage en raison de la charge émotionnelle. C’est pourquoi l’expression « le cordonnier est souvent le plus mal chaussé » existe et continuera d’exister.

Vous avez besoin d’apprendre à aimer sans discontinuer

Vous avez besoin d’apprendre à aimer sans interruption. Sans difficulté, vous ressentirez ce besoin uniquement lorsque vous comprendrez que vous ne savez pas aimer. Je ne dis pas que vous ne savez pas du tout aimer, mais que ce que vous considérez comme amour est très incomplet, d’autant  que vous n’avez pas réellement appris à aimer. 

L’amour et l’émotion 

Vous avez observé, vous avez conclu que cela devait être de l’amour, et par conséquent, vous avez commis de nombreuses erreurs. Notamment, l’une des choses que vous avez observées, ou plutôt déduites, est que l’amour est une émotion. Cependant, comme je l’ai déjà expliqué dans plusieurs podcasts, l’amour n’est pas seulement une émotion, et surtout, il n’est pas essentiellement une émotion. Si l’amour était simplement une émotion, il viendrait et partirait comme la sensation de chaud ou de froid. 

Parfois, je suis dans mon bureau où il fait 21 degrés. Etonnement, je ressens le froid. D’autres jours, il fait toujours 21 degrés et je ressens un bien-être de chaleur. On pourrait me dire que cela dépend de l’hygrométrie, mais même avec un pourcentage constant d’humidité, mes ressentis peuvent varier en fonction de mon état physique et émotionnel. 

L’amour est stable et fluctuant selon l’angle de vue

De la même manière, considérer l’amour comme une simple émotion expliquerait les fluctuations entre l’amour et la haine envers quelqu’un, les hauts et les bas émotionnels dans une relation. Mais l’amour n’est pas seulement une émotion. Même s’il peut y avoir des émotions associées à l’amour, comme un ressenti émotionnel, cela ne couvre pas entièrement la nature de l’amour. 

Si l’on se concentre uniquement sur cette dimension émotionnelle de l’amour, cela peut expliquer les hauts et les bas d’une relation. Cela explique les moments où l’on se sent proche de l’autre et ceux où l’on s’en sent éloigné. 

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Une volonté de similitude

Cette volonté se manifeste dans une tentative de modeler l’autre selon nos désirs et nos attentes. Lorsque l’on s’attache à cette aspiration dans le couple, on sème en réalité des graines qui pousseront en mauvaises herbes conjugales, pour ainsi dire. Car aucune société, et le couple est une micro-société, ne peut prospérer uniquement sur la similarité. 

Si dans un terrain, on ne cultive que les mêmes plantes, le sol s’appauvrira et ne pourra pas soutenir la culture pendant des décennies. La biodiversité est essentielle pour préserver la fertilité du sol, pour qu’il y ait une variété de plantes. Dans un couple, c’est la même dynamique. On se laisse parfois croire que parce qu’on se ressemble, qu’on partage les mêmes points communs, c’est cela qui nous rend heureux. Mais en réalité, ce qui nous rend heureux, c’est notre croissance, notre développement. 

Lorsque l’on prend conscience de nos différences, de nos perspectives divergentes, de nos nuances, même s’il y a des similitudes, mais avec des nuances, c’est ce qui crée la richesse dans notre capacité à percevoir les choses en trois dimensions. Le couple voit la vie en 3D parce que nous avons deux points de vue différents, deux expériences différentes, avec des points de convergence mais également des divergences. 

apprendre

Aimer ce qui nous convient, est-ce aimer ?

Par conséquent, lorsque l’on aspire à vivre dans la similarité, on se prépare inconsciemment à aimer ce qui nous convient et à rejeter ce qui ne nous convient pas, ce qui ressemble à ce que nous voulons, nous l’aimons, et ce qui ressemble à ce que nous ne voulons pas, nous ne l’aimons pas. Parfois, on a l’impression de ne pas aimer notre conjoint, mais en réalité, ce n’est pas la personne que l’on n’aime pas, c’est ce qui dans notre conjoint ne correspond pas à nos attentes. 

Il est important de faire cette distinction en se rendant compte que ce n’est pas notre conjoint que l’on n’aime pas, mais plutôt ce qu’il a fait qui ne correspond pas à notre idée de l’amour. L’amour sait faire la différence entre la personne et ses actions. Je regarde la personne indépendamment de ses actes. Ses actions ne la définissent pas. Ce qu’elle fait peut révéler une partie d’elle-même, mais ce n’est pas parce qu’elle a fait quelque chose qu’elle est cette action.

Bienvenue dans l’antognisme

Ce n’est pas parce qu’il ou elle n’a pas fait telle chose qu’il ou elle est incapable ou dépassé, etc. L’amour a cette capacité à distinguer la personne de ses actions. On appelle cela l’amour. Vous attendiez que je donne un autre mot ? Eh bien non, c’est l’amour. Je t’aime sans considération pour ce que tu as fait. Parfois, ce que tu as fait est insupportable, inacceptable, et pourtant je t’aime. C’est là que nous entrons dans le véritable amour. 

J’intègre que l’autre peut avoir des aspirations, faire des choix, prendre des directions que je ne supporte pas, et pourtant je l’aime. Finalement, je pourrais interpréter ce qu’il ou elle a fait comme des messages pour essayer de comprendre ses aspirations, ses désirs, ses peurs, sans nécessairement l’enfermer dans ses actions. Je pourrais voir ces actions comme des épisodes, des moyens pour communiquer quelque chose sur elle-même, ses aspirations, ses envies, ses désirs, ses problèmes, ses souffrances, ses peurs. Ce n’est pas parce que la personne a fait quelque chose qu’elle est cette action.

Que pourriez-vous faire pour sortir de cet antagonisme ? 

I. Travailler sur ses valeurs

Vous pourriez prendre un cahier ou une feuille de papier et écrire les valeurs qui vous viennent à l’esprit lorsque vous pensez à votre conjoint. Quelles sont ses valeurs ? Lorsque je pense à mon partenaire, je vois quelqu’un d’attentif, de sensible, qui cherche le bien de l’autre. Je vois une personne généreuse, ouverte, qui partage et qui accueille, etc. Notez ces valeurs. Si vous avez besoin de chercher ce que sont les valeurs, cela signifie que vous n’avez pas encore pleinement conscience de leur importance. C’est pourquoi je vous demande : quelles sont vos valeurs ? Vous devriez pouvoir les énoncer sans hésitation. 

Cela montre que vous vous connaissez. Vous pourriez également me demander les valeurs de votre conjoint, car je les connais par cœur, nous avons travaillé ensemble sur ces valeurs. Il est important de travailler sur les valeurs, car elles sont presque l’identité de la personne. À partir de ces valeurs, je sais qui elle est, je la distingue de ses actions. C’est grâce à cela que je continue à aimer la personne, indépendamment de ce qu’elle fait.

II. Soutenir ses valeurs

Une autre chose que vous pourriez faire dans cet exercice, après avoir identifié les valeurs qui vous permettent de reconnaître votre partenaire, est de choisir de soutenir ces valeurs en tant que supporteur. Vous êtes là pour votre partenaire, vous le portez dans ses valeurs. Dites-lui que vous voulez l’encourager à promouvoir ses valeurs. Même si l’une de ces valeurs ne correspond pas tout à fait à vos attentes, cela n’a pas d’importance. Vous soutenez votre partenaire, pas seulement ses valeurs. Vous avez choisi de l’aimer, alors vous le soutenez. 

On soutient la personne qu’on aime, même lorsque ses actions ne sont pas alignées avec nos aspirations. C’est là que nous avons besoin d’être encore plus présents pour soutenir notre partenaire.

Le soutenir au plus durs moments

Lorsque votre partenaire ne se reconnaît pas, lorsque ses actions la déçoivent, lorsqu’elle vit une expérience qui ne la révèle pas et qu’elle se dit ‘Mais je ne me suis pas révélée là-dedans, ce n’est pas moi, je ne me reconnais pas, j’ai horreur de ce que j’ai fait’, c’est à ce moment-là que vous avez encore plus besoin de la soutenir, et pas seulement dans les moments de victoire comme on le fait souvent dans le sport. Parfois, même les supporters quittent le stade avant la fin du match pour manifester leur désaccord, leur déception par rapport au déroulement du match. 

Ne faites pas ça en couple. Lorsque vous voyez que votre partenaire est en difficulté, qu’elle n’arrive pas à vivre ce qu’elle aurait voulu vivre, soyez encore plus un soutien pour elle que lorsque tout va bien. Ou au moins autant, même s’il est difficile de quantifier cela. Mais soutenir, c’est tout le temps. C’est un principe.

Promouvoir implique d’aimer

Donc, choisissez de promouvoir votre partenaire avec ses valeurs, d’être son soutien. Même si certaines de ces valeurs ne vous conviennent pas, vous avez choisi d’être avec cette personne. C’était donc avec ces valeurs. Ne lui demandez pas de changer ses valeurs. Aimez votre conjoint avec ses valeurs, avec ce que vous n’aimez pas, avec ce que vous ne partagez pas.

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III. Le droit d’exister

La troisième chose que vous pouvez faire dans cet exercice est de reconnaître à votre partenaire le droit d’exister, le droit d’être, de se manifester comme bon lui semble, de se créer, d’être lui-même, et même de défendre ce droit au cas où il ou elle remettrait en question son identité. Vous pouvez l’interroger pour qu’il revienne à ses valeurs, pour comprendre pourquoi il traverse cette phase de découragement où il a envie de se cacher.

IV. Aimer pour ce qu’il est

La quatrième chose dans cet exercice est de choisir d’aimer votre partenaire indépendamment de ce qu’il fait. Aimez votre partenaire pour ce qu’il est, en intégrant que c’est lui que vous aimez. Ce n’est pas parce qu’il agit de telle ou telle manière, car d’autres pourraient faire la même chose. Vous aimez la personne pour ce qu’elle est. Il est possible qu’elle fasse des choses qui ne sont pas en accord avec elle-même, et qu’elle ne se sente pas bien à l’aise, même si elle paraît à l’aise. C’est l’occasion de discuter et de comprendre.

J’ai l’impression que cela ne te révèle pas que ce n’est pas en accord avec toi. Comment vis-tu la situation ? Je vous propose un exercice qui me paraît très pratique. Peut-être pourriez-vous inviter votre partenaire à écouter ce podcast et à faire l’exercice ensemble. Sinon, vous pouvez le faire chacun de votre côté et ensuite prendre un rendez-vous ensemble pour partager vos sentiments, vos va-et-vient émotionnels, et les choix que vous envisagez, notamment celui d’aimer et de soutenir votre partenaire dans ce qu’il vit, indépendamment de ses actions. 

Une décision en profondeur

Vous pouvez également faire ce choix seul, intérieurement, sans le verbaliser à votre partenaire. Vous avez la liberté de le faire. Quoi qu’il en soit, dans l’acte d’aimer mon conjoint, ce choix est nécessaire.

Avant de mettre fin à votre écoute de ce podcast, je tiens à rappeler que je suis là pour vous accompagner. Vous pouvez me retrouver sur le blog ‘Couple Heureux’, où je propose des séances d’accompagnement. N’hésitez pas à me contacter, que ce soit pour des phases où vous aimez et détestez votre partenaire ou pour d’autres raisons. Vous n’êtes pas seuls.

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