Ne changez surtout pas pour faire plaisir à votre conjoint

Changer pour votre conjoint n’est pas forcément la bonne idée

« J’ai fait des efforts pour changer mais je me rends bien compte que ça ne lui plait pas » me dit Philippe. Il était découragé par la situation qui lui paraissait insoluble. Selon lui, changer produirait une satisfaction chez son conjoint. Il était loin d’être le seul à penser cela. Cette une idée très répandue. Il me regarda avec de grands yeux quand je lui dit : Ne changez surtout pas pour faire plaisir à votre conjoint. Il semblait encore plus perdu. Je décidai donc de développer l’idée contenue dans ce conseil.

Pourquoi changer ?

Considérer le changement comme une solution est naturel. Vous et moi avons pris l’habitude d’apporter des modifications à des situations depuis notre enfance. Quand quelque chose ne va pas, l’adaptation naturellement acquise nous conduit à opter pour une alternative. Cette démarche manifeste un espoir d’obtenir un résultat différent.

C’est également le cas dans une démarche scientifique. Sauf que, dans ce dernier cas, les scientifiques vont plus loin. Ils intègrent à leur observation le milieu dans lequel l’éventuel issue non souhaitée est constatée. De fait, il est possible que l’action initiale ne demande pas de correction mais plutôt que le milieu dans lequel l’action a été réalisée ne permettait pas l’émergence du résultat escompté. Pour être plus concret, je vais prendre un exemple.

Une expérience enrichissante

L’expérience suivante a été réalisée en novembre 2019. Un vin a été présenté à des consommateurs dans une bouteille prestige affichée à un prix assez élevé. Chaque consommateur devait répondre à un questionnaire pour définir leur niveau d’appréciation à chaque dégustation. De plus, un scanner IRM permettaient de visualiser les zones du cerveau activées pendant la dégustation.

A l’issue de la première dégustation, les consommateurs ont été invités à gouter un vin premier prix présenté dans une bouteille commune. De la même manière, chacun d’entre eux devait donner son avis sur un questionnaire. En parallèle de leur expérience, le scanner cérébrale continuait à visualiser le niveau d’excitation et de plaisir sur les zones du cortex orbitofrontal médian.

Le constat a été édifiant. Alors que les deux dégustations se faisaient avec le même vin, le discours flatteur qui était fait sur le vin, soit disant, plus cher et plus prestige que l’autre conduisait toutes les personnes testée à préférer le vin le plus cher. Ce qui est encore plus frappant, c’est que l’étude met en évidence l’honnêteté des participants. A aucun moment, ils n’ont vécu de contradiction interne entre leur expérience visible par imagerie cérébrale et leur compte rendu final.

En conclusion, la même action avec un produit n’ayant subi aucun changement a pu produire une perception étonnamment différente.

Pourtant, Ne changez surtout pas pour faire plaisir à votre conjoint. Ne changez donc rien dans votre manière de vivre en couple sans avoir pris en considération les paramètres vous permettant savoir quoi changer.

Mettez-vous à l’écoute avant d’envisager de changer quoi que ce soit

Si vous vous mettez au travail pour changer quelque chose qui semble déplaire à votre conjoint, il est possible que vous travaillez pour rien ! Ce serait dommage. Je pense donc préférable de focaliser votre attention sur autre chose que sur le changement à tout va. Mais sur quoi donc focaliser votre attention ?

Sur votre conjoint. En effet, qu’il le veuille ou non, il ou elle changera. Si votre conjoint ne changeait pas, il serait mort. Or, le simple fait de considérer cette réalité peut vous donner de toucher du doigt la faille possiblement présente dans la volonté de changer rapidement et au gré des attentes de l’autre. Car l’autre change et changera. A moins que vous cherchiez à imiter les caméléons, cessez de vouloir changer et faites une pause.

Regardez autour de vous et surtout, regardez votre conjoint, avant d’envisager de changer. Souvenez-vous : Ne changez surtout pas pour faire plaisir à votre conjoint. Même si j’encourage au changement de soi dans la vie à deux, comme j’en ai parlé ironiquement dans l’émission « Les 10 commandements pour plomber votre couple » je plaide en même temps pour du changement raisonnable, voire, raisonné.

Le meilleur moyen de comprendre de quoi je parle est de vous mettre à l’écoute de votre conjoint :

  • Quand il ou elle vous a dit que telle ou telle chose lui pesait, que voulait-il/elle dire ?
  • Quand cette chose lui a t-elle pesée ?
  • Etait-ce la chose en elle même ou au moment ou elle a été faite/dite ?
  • Quand votre conjoint a-t-il mal vécu cette chose avant de la revivre avec vous ?
  • Et qu’en était-il de la fois d’avant ?
  • Dans son enfance, comment vivait-il cette chose ?
  • Si un changement était envisageable, à quoi ressemblerait-il ?
  • Qu’impliquerait-il ?
  • Dans quel contexte ce changement est-il souhaitée ?
  • etc

Souvenez-vous de l’expérience du test des vins :

  • Le contexte le discours intérieur,
  • le discours extérieur, l’apparence,
  • le moment et le lieu de telle ou telle chose peut impacter son vécu.

Tout cela est purement subjectif tout en étant en relation étroite avec des causes/sources profondes. Des raisons dont beaucoup échappent même à la personne qui se dit gênée. D’où l’intérêt de ne pas vous précipiter pour changer. Vous risquez de souffrir un jour d’avoir du faire la girouette. Ce sera le cas si vous n’avez pas compris la règle suivante : Ne changez surtout pas pour faire plaisir à votre conjoint.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :   Les langages de l’amour, de Gary Chapman
changer et la manipulation

Le chantage au changement

Je ne peux qu’espérer que l’idée d’opter pour un chantage affectif ne vous a jamais traversé l’esprit. Si ça a été le cas, je vous invite à ne plus vous laisser prendre dans ce piège.

Le chantage affectif est le signal d’une immaturité certaine. Il ne produit de résultat que sur le moment, nourrissant le plaisir d’un égocentrisme immédiat. Ne se projettant pas dans la durée, il ne correspond à aucun projet. Il est manipulation consciente. Pour ma part, quelle que soit la forme de manipulation, je ne peux que m’y opposer. Attention, je ne juge pas les personnes qui en font usage. Il me parait plus important de travailler avec elles afin qu’elle ne ressentent plus le besoin « d’utiliser » les autres pour leur jouissance personnelle.

Parfois, il est même possible que cette forme de manipulation ressemble à un vin bien emballé. Il peut avoir une forme apparemment innocente telle que « Si tu m’aimais, tu ferais ceci ou cela pour moi ». Je l’ai entendu prendre des demandes minodées comme « Allez, s’il te plait, juste pour me faire plaisir« . Et je le déplore à chaque fois.

La solution miracle contre la manipulation affective n’existe pas. Outre le fait qu’il soit puni par la loi, quand les conséquences deviennent lourdes pour la victime, chose que j’ignorais avant de travailler sur ce sujet, il est contraire aux valeurs de respect de la personne. Or, il est normal qu’en couple, le respect de la liberté d’agir d’autrui fasse partie des fondements.

Refusez l’éventuel chantage affectif pour provoquer un changement.

Je trouve bienvenu que le blog célébrissime Doctossimo aborde le chantage affectif en vue des victimes. Il donne cinq signaux d’alarme de ce genre de comportements. Les voici :

  • Vous vous retrouvez à faire des choses que vous n’aimez pas, sous la crainte ou pour ne pas décevoir l’autre. Et petit à petit, vous sentez que vous n’êtes pas fidèle à vous-même. 
  • Vous perdez confiance en vous, ressentez de la peur, de la honte ou de la culpabilité. A long terme, ces émotions peuvent nuire à votre santé. 
  • La personne qui exerce un chantage affectif sur vous, vous menace sans arrêt, se plaint souvent, se montre très jalouse ou punitive. 
  • Vous vous éloignez peu à peu de votre famille et de vos amis et vous sentez seul(e). 
  • Vous êtres malheureux(se) mais ne savez pas pourquoi.

Cette situation peut se vivre en nuances. Mais elle ne doit en aucun cas restée anodine. Comme le signale le premier des signaux, si vous vous retrouvez à faire des choses que vous n’aimez pas, sous la crainte ou pour ne pas décevoir l’autre, ne restez pas dans le mutisme. Faites quelque chose.

Je vous encourage à lire cet article qui s’achève justement en proposant des moyens d’action face à ce phénomène. Voici le lien : Chantage affectif : Le reconnaître et réagir. Je vous donne également le lien de l’article publié sur même sujet tiré sur le site internet du magazine Marie Claire.

Ne changez surtout pas pour faire plaisir à votre conjoint. Mais quand envisager de changer, finalement ?

La première réponse évidente est : Quand vous le voulez bien. Vous trouvez cette réponse égoïste ? Peut-être qu’elle l’est, au fond, mais elle ne l’est tout de même pas entièrement.

Pendant 15 années de mariage, j’ai demandé à ma femme de changer. Telle et telle chose n’allait pas, telle autre ne me convenait pas. Elle était trop ceci et pas assez cela. Un jour, je me suis rendu compte que je mettais trop de poids sur ses épaules. Vous percevez la promesse sous jacente contenue dans une demande de changement ? « Quand tu auras changé, nous serons plus heureux » ou « les choses iront mieux« . Si mon ex-femme m’entendait aujourd’hui, elle serait surement furieuse de constater qu’il ma fallut toutes ces années pour en arriver à comprendre la nécessité de cesser d’attendre de l’autre qu’il change.

Peut-être qu’une des clés du bonheur se trouve là, en fait. Accepter l’autre comme il est. En l’état. Toutefois, j’entends bien que cette conclusion semble placer le couple dans une sclérose. Pourtant, il n’en est rien. Ce ne peut être la cas quand le choix de changer est fait par la personne qui change d’elle même. D’ailleurs, l’efficacité d’un changement est bien plus importante quand ce dernier est choisi, désiré. L’impression d’effort sera moindre si la motivation de changement est interne au lieu d’être externe.

Dois-je changer si je ne veux pas que mon conjoint me quitte ?

Oui et… non. Je dirais « oui », changez si l’objectif premier est de garder votre conjoint. Je dirais « non », ne changez pas si votre objectif premier est d’aimer votre conjoint.

Vous ne trouvez pas qu’il serait dommage de changer pour garder votre conjoint ? Ne serait-ce pas plus excitant et heureux de changer pour que votre conjoint se sente aimé ?

Dans le second cas, vous déciderez de changer parce qu’au fond de vous, vous tenez à ce que votre conjoint soit heureux. La pression n’est pas du tout extérieure. Vous changez par choix intérieur, en relation avec votre identité et votre projet de vie. Vous ne changez par pour mais plutôt parce que... A contrario, dans le premier cas de figure, vous adopterez des postures pour tenter de convaincre votre conjoint. En fin de compte, c’est assez proche d’une manipulation.

Si vous envisagez de changer, cherchez en vous la motivation de votre changement. Veillez à ce qu’elle vous rapproche d’une source qui se trouve au fond de vous, loin d’une demande formulée par votre conjoint.

Dans cette démarche, il y a une nuance entre aimer et faire plaisir. Deux concepts qui ne sont pas forcément synonymes. A choisir entre les deux, je préfère opter pour aimer. Certes, une des conséquences de cette réalité est qu’elle peut déboucher sur ces actions qui feront moins plaisir. Toutefois, dans la durée, elle produira des racines et un attachement qui seront bien plus solides pour votre couple.

Adopter la posture de la triple écoute

Cette question du changement touche à un équilibre entre trois dimensions :

  1. vous mettre à l’écoute des besoins et attentes de l’autre
  2. rester à l’écoute de qui vous êtes,
  3. viser à nourrir votre projet de couple.

Dans la recherche d’équilibre de ces trois dimensions, je suis persuadé que vous vivrez un couple heureux. Le bonheur de votre couple reposera sur votre :

  • capacité à aimer sans attendre de l’autre tout ce qui vous ferait plaisir.
  • aptitude à changer sans vous renier
  • choix de demander sans exiger
  • aspiration à créer votre bonheur à deux en vous respectant vous-même tout en respectant la liberté de votre conjoint.

Ne changez jamais pour faire plaisir. Changer pour vivre votre projet au mieux. Et, puisque vous êtes vivant(e), changez au gré de votre évolution naturelle tout en acceptant les changements de votre conjoint.

Crédit photo : Image par pasja1000 de Pixabay

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