La dispute en couple impacte-t-elle son bonheur ? (suite)

Existe-t-il une alternative à la dispute

Plus vous serez heureux personnellement et moins les conflits de couple seront présents (en fréquence) et marquants (en intensité). Cela n’exclut pas l’utilité de la dispute. C’est au point de se reposer la question de savoir si la dispute en couple impacte son bonheur ?

D’ailleurs, le verbe se disputer signifie avant tout, « discuter, débattre ». Quand Blaise Pascal échangeait des avis avec ses confrères, il disputait avec eux. Cela n’avait rien de violent ou de négatif. la dispute était un moyen d’exposer ses idées, ses pensées et de donner à d’autres l’occasion de présenter les leurs. Les théologiens ou les scientifiques savent bien de quoi il est question. Il ont passé des siècles à se disputer pour faire avancer la recherche et la connaissance sur de multiples sujets. la définition plus développée est la suivante : Échanger, avec un interlocuteur, des arguments contradictoires sur un sujet donné. Il est même parfois utilisé comme synonyme de discuter. 

Il serait à la racine du nom « député », selon le Centre National de Ressources de Textuelles et Lexicales. Ce mot désigne la personne élue pour participer aux délibérations d’une assemblée (1748). 

Si cela peut vous aider, intégrez à votre définition de la dispute en couple la notion de discussion en couple. De fait, elle sera automatiquement moins passionnée. Du moins, je l’espère. Oui parce que la dispute a du bon. la semaine dernière, je mentionnais Yvon Dallaire, Psychologue-Sexologue, ayant étudié les couples et qui explique que c’est la façon dont un couple se dispute, et non la façon dont un couple s’aime, qui influence son bonheur et sa durée.

Prendre de la hauteur rend la dispute en couple plus féconde

Dans les débats contradictoires dans lesquels se disputaient les scientifiques, les théologiens et autres, l’objectif était de faire avancer le sujet. Loin de trouver une solution, ils savaient, pour certains, que la coopération deviendrait un moyen d’éclairer des aspects auxquels ils n’avaient pas penser. Si vous vous positionner sur cet axe, vous profiterez des disputes pour vous ouvrir à des voies que vous n’auriez pas exploitées sans elles. Finalement, vous ne considérerez plus votre conjoint comme le bourreau du jour ! Loin de là. 

Prendre de la hauteur implique également que vous perceviez combien votre conjoint ne vous prend pas pour cible

C’est d’autant plus difficile si vous vous savez sensible, peu sûr(e) de vous ou que vous avez une estime de soi assez basse. Rappelez-vous que la dispute ne vous vise pas forcément.  

J’évoquais, lors de l’émission précédente, le sujet et la cause de la dispute. A aucun moment je n’ai mentionné de personne. Ce n’est pas parce que vous avez dit une bêtise que votre conjoint a démarré la dispute. Il a entamé la dispute parce que sa perception de ce que vous a avez dit a fait écho à quelque chose de complètement personnel qui se trouve en lui. Vous vous êtes donc situés autour d’un sujet sensible qui est en lui. Pas à cause de vous ! 

Quand j’aborde ce sujet, j’ai systématiquement des réactions de conjoints qui arrivent difficilement à comprendre cette manière de voir les choses. Pour vous aider à mieux comprendre ce dont je parle, allez dire à votre voisin ce que vous avez dit à votre mari. Notez sa réaction et observez que l’attitude sera très différente. L’élément déclencheur que vous pensez être peut donc même être remis en question. Ce n’est donc pas ce que vous avez dit qui a déclenché la dispute mais bien les pensées qu’avait votre conjoint sur ce que vous avez dit ou fait. 

Souvenez-vous autant qu’il le faudra que se disputer consiste à mettre son avis en face de l’avis de quelqu’un d’autre. C’est donc une approche nécessaire pour grandir ensemble. La dispute en couple impacte son bonheur quand cette notion n’est pas acquise et vécue.

La dispute en couple et son bonheur

Le triangle de Karpman peut devenir une alternative à la dispute en couple stérile

En fait, ce qui est dommageable, c’est d’avantage la dispute stérile que la dispute en soi. Et Stephen Karpman a identifié des fonctionnements qui favorisent la dispute ou le conflit au détriment de son enrichissement. Il donne également des voies permettant de sortir du schéma pervers pour opter pour une approche coopérative. 

Pour vous présenter le travail de Stephen Karpman, j’ai chois de m’appuyer sur le magnifique résumé réalisé par un professeur de Université Du Nous, l’UDN, située à Grenoble. Etant donné que l’utilisation libre de leur travail est possible, je préfère vous le donner en l’état étant donné que je le trouve excellemment présenté. 

Au bas de cette émission, vous pourrez trouver les informations utiles au sujet de cette Université et, notamment, sa raison d’être, un lien pour visiter son site internet et un lien pour y faire un don. Je précise juste que je n’ai aucun avantage à faire cela. C’est pour vous et uniquement pour vous. Profitez-en. 

Les rôles en « je » et en « jeu » dans la dispute en couple

Nous l’avons dit et le redirons sans doute encore, seule la coopération de « je » souverain nous permet d’être fécond lorsqu’un groupe se constitue en cercle pour donner vie à l’intelligence collective. On peut parler de groupe à partir de deux individus. Cette application est donc tout à fait pertinente pour le couple. 

Il appartient donc à chacun d’assurer sa souveraineté en conscience pour la placer au service de la coopération. C’est bien plus facile à dire qu’à faire mais la dispute en couple aura alors un impact positif sur ce dernier.

Stephen Karpman, un contributeur de l’analyse, transactionnelle nous propose un outil qui nous permet de détecter nos enfermements dans des rôles improductifs et malheureux. Nous appelons cet outil : letriangle dramatique. Une sorte de triangle des Bermudes où se perd l’énergie coopérative.

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Le rôle de victime : 

Lorsque…

  • je me sens impuissant(e) à faire changer les choses,
  • que je me considère victime de lasituation 
  • ou que j’ai envie d’abandonner, 
  • de me soumettre ou de me rebeller, certainement pas de coopérer.

j’endosse le rôle de victime.

le rôle de persécuteur :

Lorsque… : 

  • je me sens angoissé(e) face à des difficultés,
  • j’ai peur de ne pas atteindre l’objectif
  • il me semble être seul(e) à voir les risques 
  • exiger des garanties est évident pour moi 
  • à vouloir imposer mes règles ne voulant certainement pas coopérer 

j’endosse le rôle de persécuteur 

Le rôle de sauveur : 

Lorsque…

  • je manque de confiance dans lescapacités des autres 
  • mais qu’en mêmetemps j’ai terriblement besoin qu’onreste ensemble 
  • je suis prêt à me sacrifier pour tout faire à leur place certainement, pas à coopérer

j’endosse le rôle de sauveur 

Victime, persécuteur, sauveur, voici les trois rôles disponibles sur la scène du triangle dramatique. 

Quand, gouverné(e) par mes peurs ou mon sentiment d’impuissance, j’endosse l’un de ces rôles, j’encourage les autres à entrer en scène pour incarner les rôles complémentaires. La victime appelle un persécuteur et un sauveur. Le persécuteur appelle une victime et un sauveur. Le sauveur appelle une victime et un persécuteur. On est au complet on peut jouer en pure perte !

Et quand l’un des trois protagonistes est à cours d’inspiration et d’énergie dans son rôle, on joue au trois coins. C’est comme le jeu des quatre coins mais dans un triangle. Il y en a que 3. On intervertit. On change de rôle.

La victime, lassée qu’on fasse tout à sa place ou révoltée des normes qu’on lui impose, tente à son tour d’imposer ses règles ou de prendre tout en charge. Le sauveur, excédé de se sacrifier, se plaint de la situation, la reproche aux autres ou exige d’eux des sacrifices identiques. Le persécuteur, désespérant de ne pas obtenir de résultats, se pose en victime ou se sacrifie pour tout faire tournez manège. 

Tant que les besoins des uns et des autres sont négligés, tant que j’estime l’autre, les autres, responsables de la situation, le triangle infernal englouti l’énergie qui pourrait être être mise au service de la coopération.

victime persécuteur sauveur

La solution à ce « je » de rôles 

Heureusement, il existe une solution pour s’en sortir.  Stop, on ne bouge plus. Je prends le temps de respirer, de me poser. Ensuite, je prends la responsabilité de ma vie, de mes actes. Je retrouve ma souveraineté. 

Première étape

Lorsque je remarque dans le miroir des réactions des autres qui jouent l’un des rôles complémentaires que j’ai mis en oeuvre, l’un de ces comportements, la première chose que j’ai à faire est de l’accepter.  

Une part de moi s’est senti effrayée, impuissante ou abandonnée parce qu’elle avait besoin de sécurité, de liberté, d’action ou d’amour. C’est très naturel. L’accepter c’est le reconnaître, le reconnaître c’est pouvoir le changer. 

Deuxième étape : 

Il va suffire de m’inviter à employer d’autres comportements pour répondre à ces besoins. Des comportements adaptés, efficaces et heureux pour moi-même et pour le couple. 

Je jouais la victime…

  • je minimisais mescapacités, 
  • je me laissais submerger par mes émotions, 
  • jerefusais ma responsabilité, 
  • j’entretenais mon défaitisme et maconfusion, 
  • j’ai besoin de liberté d’action, 

je choisis… d’incarner mon « je » libre, le héros, 

  • de mettre en oeuvre mon imagination 
  • deproposer, 
  • de me laisser agir spontanément, de façon autonome, avec réalisme etclarté 

Je jouais le persécuteur…

  • Je tentais d’imposer des règles rigidessouvent difficiles ou impossibles à appliquer voire inutiles et parfoishumiliantes, 
  • j’ai besoin de sécurité, 

je choisis… d’incarner des « je » harmonisant, de vivre en leadercoopératif 

  • de proposer des règlessouples, utiles, applicables, respectueuses et protectrices 

Je jouais le sauveur…

  • j’agissais hors de mon rôle et de mescompétences 
  • Sans attendre une demande dela part de l’autre 
  • en me sacrifiant, 
  • enfaisant tout, 
  • j’ai besoin dereconnaissance, 
  • d’intégration 
  • decontribuer 

je choisis… d’incarner mon « je »contributif, de souteneur coopératif,

  • de participer par plaisir en restant dansmon rôle 
  • en mettant en oeuvre mescompétences réelles 
  • en respectant meslimites à la demande de l’autre 
  • et en lelaissant faire sa part. 

Troisième étape

  • Coopérer

Il va de soit qu’aborder la dispute en couple avec la volonté de coopérer rendra le couple plus uni. La dispute servira à cimenter le couple, servant de révélateur d’aspect à apprendre sur l’un comme sur l’autre de ses membres. La dispute se vivra dans certains détails, des sujets insignifiants parce que rien ne peut effacer cette tendance. Mais, au lieu de s’envenimer et de venir se superposer à d’autres comptes à régler, elle ne mettra pas le couple en danger.

Je vous souhaite de vivre la dispute en couple

Une fois, ma femme et moi avons fait du canoë sur le Verdon. Et je crois me souvenir que cette balade de plusieurs heures a été l’occasion de la plus longue dispute en couple de notre histoire. 

Ma femme voulait que je rame à tel endroit et de telle manière et je pensais vraiment qu’elle me demandait n’importe quoi. Je ne suis pas un expert du canoë mais il me semblait que ses demandes ne produiraient rien de fécond. Pour moi, il fallait faire autrement. J’en étais arrivé à la conclusion que nos deux tempéraments forts n’étaient pas compatibles dans une activité qui demandait un seul dirigeant. Combien de fois avons nous tourné en rond et fait du sur place. Je me souviens en avoir eu tellement marre que j’ai demandé que l’on s’approche de la rive pour faire un break. Pour moi, il ne fallait qu’un seul dirigeant dans notre embarcation. Vous percevez la portée de la question «  »La dispute en couple impacte-t-elle son bonheur ?

Opter pour la coopération

Voyant son besoin de diriger, je m’engageai à la laisser me donner les instructions comme elle l’entendait. Ce n’était pas son désir. Elle aurait voulu une collaboration, une coopération. De mon côté, je ne voyais pas comment la coopération pouvait s’envisager. Nous n’avions pas le même point de vu sur la manière de procéder. Je voulais donner les instructions convaincu que les choses iraient mieux. Quand ce fut mon tour de diriger, je dû constater que ce n’tait pas toujours aussi bien que je l’avais pensé. Après nos tentatives de direction alternées, nous avons bien été contraint de coopérer. 

Bien entendu, nous avons compris que la cause du conflit dépassait la simple activité de canoë. Le conflit était ancré bien plus profondément. Malgré tout, je reste persuadé que ma méthode était quand même meilleure que la sienne… Non ! Je plaisante. Je reste persuadé que la coopération a été la voie la plus féconde. Bien entendu, elle demande parfois des prises de hauteur pour voir ce qui se jouait, comme c’est le cas dans le triangle de Karpman. Et, une fois identifié, coopérer est resté la meilleure voie pour la dispute en couple. 

En conclusion, comme je l’ai dit tout à l’heure, je vous souhaite des disputes. Ne les fuyez pas ou plus. Acceptez-les, accueilles les et saisissez l’opportunité de leurs présences pour coopérer, vous aimer avec plus de justesse comme pour regarder une fois encore, votre projet de vie à deux, à deux.  


RESSOURCES : 

Université du nous UDN (Utilisation libre du contenu de leur enseignement) 

SA RAISON D’ÊTRE :

« L’Université du Nous existe pour m’apprendre à coopérer et contribuer avec tous les acteurs volontaires à une transition sociétale.

Elle m’offre un espace d’expérimentation, de transmission et d’accompagnement favorisant l’élévation de ma conscience afin de construire, d’animer et d’accompagner des « Nous » actifs et engagés ».

Soutien:; https://www.helloasso.com/don/associations/universite-du-nous

Lien de base : http://universite-du-nous.org


Photo de Ketut Subiyanto provenant de Pexels

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