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Sortez les Cotons-Tiges !
Rien d’étonnant à ce que je vous invite à faire l’amour sur un blog destiné à la conjugalité, mais faire l’amour avec les oreilles peut vous surprendre. En fait, je vous invite à considérer l’acte qui consiste à faire l’amour de manière un peu différente, aujourd’hui.
Quand on interroge les gens pour savoir les raisons pour lesquelles ils font l’amour, on se retrouve avec des réponses très variés.
Quand on tend le micro scientifique, il donne une réponse assez franche qui prend la direction d’un projet de reproduction humaine. En fait, c’est une réponse à une pulsion sexuelle dans le but de répondre à ses besoins physiologiques glandulaires. Parmi eux, quand les testicules sont pleins, un homme reçoit l’ordre de les vider. Quand une femme est à une période de son cycle dans lequel certains reçoivent une certaine pulsion, elle enverra des phéromones qui participeront à attirer davantage les hommes.
On répond à la question sous un angle physiologique, finalement. Sur ce type de sondage, on se trouve dans un laboratoire, avec des professionnels qui étudient le comportement et le phénomène humain incluant l’attraction sexuelle. Ce n’est pas très glamours, je vous l’accorde.
Pourquoi faites-vous l’amour ?
Après, quand on met un sondage entre les mains des consommateurs, on reçoit d’autres réponses qui sont tout de même intéressantes. Bien des personnes, parmi les personnes sondées ont répondu qu’elles ont envie de faire l’amour pour réduire le stress. D’autres disent que c’est pour mieux dormir alors que certaines parlent d’une intention de ressortir de plaisir. On entend la position d’autres personnes qui disent vouloir sur l’amour fréquemment pour vivre une expérience nouvelle, expérimenter autre chose. D’autres encore font l’amour pour se venger ou pour remercier leurs partenaires. Quant à d’autres, ils veulent vivre une connexion avec d’autres.
Dans la liste des sondages sur ce sujet, peut-être avez-vous identifié les raisons qui vous poussent à faire l’amour ou peut-être pas, puisque la liste n’est pas exhaustive. Je n’ai mentionné que cette possibilité alors que des dizaines d’autres existent, pour ne pas dire des centaines.
Si vous lisez des livres et des études sur ce sujet, vous verrez que les raisons sont multiples.
Pour qui faites-vous l’amour ?
La réponse à cette question déterminera la manière de faire l’amour. Parce que si vous faites l’amour pour vous, pour aider votre stress, pour vous aider à dormir ou ressentir une expérience de plaisir, ou encore pour vous venger ou remercier, vous n’aurez pas la même relation à l’autre dans votre manière de faire l’amour que si vous le faites pour le partage, pour une communion, pour vous réconcilier (sachant que c’est un élément que je n’ai pas mis dans les sept mois que j’ai mentionné juste plus haut alors que bien des couples le mentionnent).
En faisant l’amour pour le partage, on le vivra dans une autre dimension parce qu’on ne sera pas forcément l’amour uniquement pour soi, mais aussi pour l’autre ou, plutôt, pour nous. Je préfère que l’on fasse l’amour pour nous plus que pour l’autre. Dans ce dernier cas, on a tendance à s’oublier.
Répondre à la question « pour qui faites-vous l’amour ? » nous éclaire sur notre état intérieur.
L’impact de nos rapports sexuels sur l’estime de soi
Augmenter l’estime de soi est un corollaire à un amour vécu pour le partage. C’est-à-dire qu’on ne fera pas l’amour que pour soi. Encore, dans cette dynamique de partage, si l’on veut vraiment faire l’amour dans le but d’une rencontre, dans l’échange, ça signifie qu’on aura un émetteur et un récepteur.
Il est vrai que dans la lecture de l’acte, pendant que le couple fait l’amour, on ne sait pas vraiment qui est émetteur et qui est récepteur. Mais quoi qu’il en soit, il y a bien l’un et l’autre des rôles. Ça veut dire qu’on va faire l’amour avec les oreilles, puisqu’il y a un émetteur et un récepteur.
Dans l’action qui consiste à faire l’amour, on est dans une dynamique dans laquelle on dit « je veux te donner quelque chose, je veux te dire quelque chose et je voudrais que tu entendes ce que je suis en train de partager avec toi ». Et dans l’autre sens, ça peut être aussi la même chose. C’est-à-dire qu’il peut y avoir « moi aussi je veux te dire et te donner quelque chose. J’ai besoin de m’assurer que tu entendes ce que je veux te dire ou te donner ». Je ne voudrais pas oublier de mentionner que l’on peut être aussi dans la dynamique dans laquelle on dit «je suis disposé à recevoir de toi ce que tu veux me donner, en l’occurrence, toi».
Régler la focale sur « ET », en inclusion
On va donc focaliser l’attention sur l’autre ET sur soi, ou bien sur soi ET sur l’autre sans hiérarchie ou priorité aucunes. Parce qu’on n’est pas dans une recherche d’équilibre en tentant de viser un 50/50. On n’est pas en mesure d’évaluer cet équilibre, de toute façon. Ce qui compte c’est que, dans l’acte qui consiste à faire l’amour, on soit deux. Qu’il y ait l’autre et moi ou moi et l’autre, peu importe l’ordre.
À cette condition, on entre dans la relation d’amour et de partage dans laquelle on n’utilisera pas l’autre (en se servant de lui pour soi-même ce qui peut être le cas quand on veut réduire le stress, dormir, qu’on veuille juste expérimenter du plaisir ou vivre une nouvelle expérience…). On va donc adopter une posture relationnelle dans laquelle on sera dans un service mutuel. « Je te donne, je me donne. Je reçois et tu reçois… ».
Dans cette manière de vivre l’amour, on aura besoin de faire l’amour avec les oreilles. En réalité, on aura besoin de se poser la question pour chercher à comprendre ce que l’autre veut dire dans sa démarche ayant pour but de faire l’amour. Interroger pour savoir « où va-t-il aller ? Comment veut-il que nous vivions la chose ? Ou veut-il que nous la vivions et quand ?». Et les questions vont se succéder en veillant à ce que l’autre reçoive ce que l’on a l’impression qu’il veut nous demander. Un des chemins efficients et de passer par la parole, le verbal, tout simplement. On pourra alors lui demander :
- De quoi as-tu envie maintenant, alors qu’on fait l’amour ?
- Est-ce que tu veux aller jusqu’à l’orgasme ?
- Dis-moi si tu veux que je te touche à un endroit précis…
- Je vais me laisser conduire sur la manière dont tu veux être embrassé…
- Est-ce qu’il y a une zone où tu voudrais que je t’embrasse ?
- Voudrais-tu que je te caresse plus fort, plus doucement, plus rapidement, plus intensément, moins fort…
Vivre la communion, c’est faire corps
Dans un article, j’ai déjà proposé de parler pendant qu’on fait l’amour. C’est un moyen d’augmenter l’assurance de la direction correspondant à ce que l’autre attend. On entre véritablement dans le partage. C’est un moyen d’augmenter la satisfaction et l’estime de soi. En même temps, d’augmenter la satisfaction intérieure personnelle comme la satisfaction conjugale.
On est dans la communion puisqu’on est en train de faire l’amour avec ses oreilles, en étant attentif, en augmentant la sensibilité de nos capteurs pour savoir où l’on va, comment on y va, à quelle vitesse, jusqu’où, et quand… on travaille vraiment à intensifier la communion par cette manière de fonctionner.
Un remède contre la simulation des femmes
Vous voyez qu’on participe à la baisse du risque de simulation. Certains se demandent « est-ce que mon conjoint simule quand on fait l’amour ? ».
Si vous faites l’amour avec vos oreilles, vous n’aurez pas à vous poser la question. Vous le saurez parce que votre conjoint vous guidera dans ce qu’il veut en grande partie grâce à votre attention à ce qu’il demande. Ayant la liberté d’exprimer ce qu’il désire, et sachant l’accueillir, il y a très peu de risques qu’il sente le besoin de simuler.
On constate également une baisse du nombre de fois où vous aurez l’impression de « tirer votre coup » tout seul. Vous aurez également une baisse de la fréquence de paroles de votre conjoint vous disant « vas-y, fais vite ta petite affaire » attendant plus ou moins patiemment que ce soit terminé puisque si vous êtes à l’écoute, prêt à lui rendre service, il est même possible que faire l’amour passe par ne pas avoir de rapports sexuels.
En effet, en faisant l’amour avec les oreilles, ça vous ouvre à une capacité à faire l’amour en ayant recours à la tendresse, à des caresses, à des câlins, à une présence sans mouvement, par un corps à corps sans toucher à des zones érogènes, etc. Si on est vraiment dans l’écoute et la communion, ce que pense l’autre le comptera énormément.
Attention, il n’y a pas question de considérer d’abord ce que veut l’autre et exclusivement ce que demande le conjoint, mais de considérer aussi ce qu’il veut et désire. On se placera dans une sorte de recherche d’harmonie.
Comprenons-nous bien
Notez bien que je ne suis pas en train de tenter de vous jeter de la poudre aux yeux en vous disant que le couple idéal est celui dans lequel on est toujours sur la même longueur d’onde. On s’installe dans une recherche d’harmonie et de communion permanente qui fait qu’on ne fait jamais l’amour pour soi-même, etc.
Ce n’est pas ce que je suis en train de vous dire ! Ne commencez pas à partir dans des directions en vous disant « Pascale a dit qu’on ne doit jamais faire l’amour pour soi… ». Pas du tout. Si vous avez besoin de faire l’amour pour réduire le stress, lâchez-vous. Si vous avez l’impression de mieux vous endormir libre à vous. Je vous demande juste d’être conscient de ne pas faire l’amour avec vos oreilles. Soyez conscients d’utiliser l’autre si vous pensez nécessaire de le faire. Si vous utilisez votre conjoint, en le faites pas comme si ce n’était rien ou un signifiant. Faites en sorte d’en être conscient.
Pour ma part, dans mes propres valeurs personnelles, c’est un problème. Je n’arrive pas à envisager de faire l’amour en utilisant l’autre. Je préférerais me masturber, par exemple.
Mais si vous êtes à l’aise, c’est OK, je respecte pour autant que vous soyez conscient (je vous demande de l’être) est-ce que c’est un moyen d’éviter de se retrouver avec un couple en mille morceaux et de se dire « mais qu’est-ce qui se passe ? Je n’ai pas compris ce qui fait que tu veux partir et me quitter. Je ne comprends pas. Ça se passe très bien entre nous. On fait l’amour… » Et on découvre que l’autre me répondrait « Sais-tu que tu fais l’amour tout seul. Tu te masturbes avec moi, en fait ». Dans ces cas-là, vous vivrez sans doute un atterrissage forcé avec un « ah ! Mais je ne savais pas ! Je pensais que… » reconnaissant que vous n’en aviez pas parlé en couple.
Les avantages de faire l’amour avec les oreilles
Faire l’amour avec les oreilles évite ce genre de déconvenues parce qu’on est vraiment dans une communion, dans une intention, dans une verbalisation de ce qu’on veut vivre, de ce qu’on vit, tout ce que l’on a entendu, et ce que l’on a vécu et, parfois même, avec un retour après un acte sexuel.
Après il n’est pas question de jouer les Jean Gabin avec un « Alors, heureuse ? ». Ça ne correspond pas à faire l’amour avec les oreilles. Ceci dit, soit juste après avoir fait l’amour, soit en différé, prendre le temps de parler de ce qui a été vécu peut-être tout à fait bienvenu en demandant, par exemple « Comment as-tu vécu ces moments de partage ? ». C’est l’occasion de découvrir que notre conjoint a eu l’impression qu’on se servait de lui. Peut-être a-t-il eu l’impression d’une très forte intention de ma part et d’une satisfaction qui l’a vraiment comblé. C’est l’intérêt de vraiment verbaliser ces moments-là.
Faire l’amour avec les oreilles est une chose que je vous souhaite. C’est une pratique qui n’a rien à voir avec celle du film « Intouchable » dans lequel le millionnaire apprécie que les femmes lui caressent le lobe des oreilles pour jouir. Il est vraiment question d’être attentif à l’autre, vous l’avez compris.
Je vous souhaite de l’être et de découvrir, si vous n’avez pas encore découvert, vous poser en couple ou échanger ensemble de manière à prendre un virage, si nécessaire, dans lequel vous serez davantage attentif à votre conjoint. Vous allez voir ce que vous allez voir !
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