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L’art de naviguer en couple dans la même direction
Si vous ne savez pas où vous allez, vous ne saurez pas quand vous serez arrivé(e) à destination.
Vous avez l’impression d’être tellement d’accord avec cette affirmation tout en réalisant n’avoir pas pris le temps de vous demander où allait votre couple. Si ? Alors, c’est génial !
Mais si ce n’est pas le cas, cela peut parfois expliquer le sentiment d’insatisfaction que vous pouvez parfois ressentir.
Si vous savez où vous allez, vous aurez moins de risques de vous retrouver ailleurs
Imaginez que vous vouliez cuisiner et que vous vouliez vous régaler. Vous aurez besoin de savoir ce que vous voulez trouver dans le plat en question. Ce n’est qu’à partir de là que vous irez chercher ce dont vous avez besoin pour réaliser une recette satisfaisante. Le hasard a parfois bien fait les choses. C’est grâce à certaines erreurs ou négligences que sont nées la tarte tatin ou les bêtises de Cambrai mais il s’agit là de quelques exceptions. L’essentiel des recettes savoureuses que vous dégustez ont été conçues avec un projet, même si des ingrédients venant de l’initiative intuitive du concepteur y ont été ajoutés.
De la même manière, dans votre couple, en fonction de ce que vous attendez de votre vie à deux, vous irez chercher ce dont vous avez besoin pour vivre ce que vous voulez vivre.
Evidemment, la vie de couple n’est pas une recette de cuisine. Il y a des nuances, des subtilités qui donnent un caractère complexe, choses que l’on ne retrouve pas en cuisine. Enrichissez-vous, toutefois de l’allégorie en vous demandant trois choses :
1. Ce que vous voulez vivre
Certes, cela vous demande de prendre du recul sur vous-même pour identifier vos besoins, vos passions, vos désirs et vos frustrations. A partir de là, vous pourrez esquisser des aspirations et des expériences à vivre qui soient conformes aux valeurs des deux membres du couple.
J’aime mettre l’accent sur ce que veut vivre votre conjoint, sans tenir compte de vous. Car, comme l’explique judicieusement John Gottman, un des rôles du conjoint est de supporter son conjoint. En français, cette formulation peut être ambiguë mais elle ne l’est pas du tout en anglais. Bien qu’il aille de soit qu’un conjoint laisse passer certaines choses difficiles à vivre, le verbe utilisé par John Gottman est celui qui a donné le mot supporter, comme on en trouve dans les stades. Il s’agit bien de ces personnes qui, assises dans les tribunes, participent inévitablement à l’effort de leur équipe. Il investissent et s’investissent pour le succès de ceux qu’ils supportent. Et, comme tout le monde le sait, la victoire n’est pas automatique, le supporter est aussi présent dans les moments durs.
Dans votre couple, votre projet devrait inclure d’être le supporter de votre conjoint. Quel que soit le chemin qu’il prendra, supportez-le. Devenez celui ou celle sur lequel/laquelle il/elle pourra compter. Soyez le premier, le premier auquel il/elle parlera de ces projets, même s’ils lui paraissent fous ! Mieux vaut un couple qui se plante en se supportant mutuellement qu’un couple qui se désolidarise face au risque.
Si vous avez peur de devenir supporter ou que vous le vivez mal, je vous invite à inclure cette nouvelle donne dans votre projet de vie à deux. C’est un outil considérable pour créer votre bonheur conjugal.
Cette manière de vivre ferme la porte de « j’ai raison » et « tu as tord » car on peut avoir eu tord d’avoir eu raison. Le couple qui veut construire ressemble davantage à « où tu iras, je te suivrai ». Bien entendu, cela présuppose d’avoir posé les bases de vos valeurs respectives. Quelles sont-elles ? Les connaissez-vous ? Si ce n’est pas le cas, je vous propose de vous retrouver sur ce sujet. Les valeurs sont le ciment qui vous rendra fort, quoi qu’il arrive.
Une fois que vous connaissez vos propres valeurs, prenez connaissance de celles de l’autre. Trop souvent, j’entends des couples qui s’aiment parce qu’il est beau et qu’elle est belle. Je comprends bien que cela puisse aider. Ma femme est tellement belle à mes yeux. Mais cela n’est d’aucune aide quand vous traversez des galères. J’entends aussi qu’il ou elle est gentil(le), c’est pour cela que je l’ai choisi. Le problème est le même. En cas de tempête conjugale, si vous avez des projets de couple qui ne convergent pas, vous n’irez pas bien loin. Par contre,c’est là que se trouvent les racines d’un être. C’est là également que la convergence des valeurs vous vient en aide. En cas de tempête conjugale, vous trouverez les ressources dont vous avez besoin, en vous supportant l’un l’autre, pour sortir de la situation difficile dans laquelle vous vous trouvez.
2. Dans quel but voulez-vous le vivre ?
La question peut correspondre aussi à l’univers culinaire parce que parfois, l’objet est uniquement le plaisir du moment. Et d’autres fois, il peut viser la qualité des apports, la volonté d’enrichissement « nutritionnel conjugal ». Si vous savez dans quel but vous envisagez une chose, vous augmenterez inconsciemment son impact sur vous.
Savoir pourquoi vous êtes en couple est une question que vous ne vous êtes sans doute pas posée. La bonne nouvelle est qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire (même si cette maxime a ses limites). Voici une liste de questions auxquelles vous n’aurez pas toutes les réponses, c’est certains. Je vous les offres malgré tout, parce qu’il n’est rien de plus riche que la question. Pour ma part, elle supplante les réponses. Faites donc vôtres ces questions et abordez-les humblement avec les bribes d’informations que vous avez à disposition.
- Êtes-vous en couple avec quelqu’un qui ressemble à votre père/mère ? Avec un de leur(s) opposé(s) ?
- Que retrouvez-vous dans votre conjoint qui vous manquait dans votre enfance ? Chez vos parents ? Dans votre relation fraternelle (si vous n’êtes pas enfant unique) ?
- Dans quelles conditions vous êtes-vous rencontrés ? Votre conjoint avait-il besoin d’aide ? De soutien ? Était-il heureux et épanoui, au top de sa forme ? Était-il frustré et déçu de sa situation ?
- Quel est votre rôle le plus apprécié dans votre couple ? Le soutien, l’écoutant, l’attentionné, le débrouillard, etc. ?
- Quand vous avez des conflits conjugaux, quels reproches reviennent le plus souvent ou avec le plus de force ?
- Quelle direction vouliez-vous prendre à l’idée d’être en couple ? Est-ce que vous vivez dans cette direction ? Est-ce convergeant avec la vôtre ? Si c’est le cas, en quoi est-ce convergeant ? Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ? Si ce n’est pas le cas, en quoi êtes-vous éloigné de ce que vous vouliez vivre ? A quel moment avez-vous senti un virage vous faisant dévier de votre direction initiale ?
- Dans quelle direction vit votre conjoint ? Est-ce convergeant avec la vôtre ? Si c’est le cas, en quoi est-ce convergeant ? Qu’est-ce que vous permet de l’affirmer ? Si ce n’est pas le cas, à quel moment avez-vous senti venir la divergence ? Voyez vous envisageable de redresser la barre ? Serait-ce un effort pour votre conjoint de vous suivre ou est-ce cohérent avec ses valeurs ? Si c’est cohérent, avec quelles valeurs en particulier voyez vous cette cohérence ?
Bon je m’arrête là. J’avais parlé de quelques questions et je me suis lancé dans une liste plus importante que je ne le pensais. Cela dit, je vous propose de revenir au texte de cette émission (si vous l’écoutez en podcast) pour reprendre chaque question et en tirer le meilleur. Votre couple pourra davantage en bénéficier.
Pour l’heure, vous vous êtes demandé deux choses sur les trois que je voulais vous présenter. La première : « Ce que vous voulez vivre », la deuxième, « Dans quel but vous voulez le vivre ». Vient maintenant la troisième :
3. Dégustez-vous le moment ?
En gardant à l’esprit l’image de la recette, le moment vient où vous passez à la dégustation. Pour dire la même chose que ce que je viens de dire d’une manière plus rationnelle, vous irez rechercher dans votre expérience de couple, ce qui va vous « apporter » ce que vous recherchiez. Je mettrais toutefois le verbe « apporter » entre guillemet parce qu’un événement est passif, il est neutre. Il n’apporte rien en soi. C’est l’humain, acteur et auteur de sa vie qui choisira d’y prendre ce qui répondra à son besoin ou désir, et donc qui choisira d’en bénéficier et de faire en sorte que cet événement lui rapporte ce qu’il a choisi que l’événement lui rapporte.
Vous pouvez adopter la posture de l’attentiste. Généralement, votre vie à deux perd rapidement de son goût. Il suffit que quelques années s’écoulent pour se rendre compte que la majeure partie des couples vivent sur leurs réserves. Le couple a déposé dans sa nouvelle double-personnalité qu’est le couple, l’essentiel de ce qu’il voulait vivre et, le temps passant, les apports sont consommés au fur et à mesure jusqu’à épuisement.
Un couple heureux a besoin de rafraîchir ses expériences. Il deviendra donc un créateur au lieu de se camper dans celui du consommateur. Être consommateur consiste à profiter de son couple, de son conjoint, de ce qui est vécu et, presque comme un spectateur, d’émettre un avis, une critique extérieure. Être créateur de son couple implique un investissement personnel. Il y a une indéniable volonté de teinter le vécu du couple et d’y introduire ce que vous voulez y trouver. De fait, la critique éventuelle à venir sera exprimée en impliquant celui qui l’émet. Il sera partie prenante de ce qui a été vécu parce qu’il a mit l’accent sur l’expérience à créer d’avantage que sur l’expérience à vivre. Il endosse le rôle de l’investisseur conjugal. Est-ce que vous êtes dans ce rôle là, à endosser le rôle de l’investisseur conjugal ou à vous placer en spectateur de ce que vous ne trouvez pas dans votre coupe et que vous voudriez y trouver ? C’est un bon moyen pratique de voir la posture que vous avez choisie d’adopter. L’intérêt n’est pas uniquement d’en prendre l’information, mais pourquoi pas, de choisir le rôle du spectateur critique à celui de conjoint investisseur engagé, si besoin est.
En faisant un parallèle avec l’idée du supporter que nous avons prise tout à l’heure, qu’il y ait victoire ou défaite, le supporter conjugal que vous serez s’impliquera dans l’un comme dans l’autre, dans le succès comme dans l’échec.
Quel est votre projet de couple ?
Prenez le temps en couple de vous projeter sur votre projet de vie comme si vous parliez d’un voyage. Prenez du plaisir à vous pré-visualiser sur 23 ou 47 ans. Ensuite, sélectionnez ces périodes en plus petites portions pour y placer des balises de plaisirs, des drapeaux d’étapes, des tentes de surprises et des hôtels de détentes. Faites cela à deux, face à face, les pieds entremêlés et jouissez ensemble.
Visualisez-vous dans la même galère ou dans le même yacht. Incarnez-vous en visualisant que votre succès sera celui des deux et que votre échec sera commun, lui aussi.
Il est très rare que je vous demande une chose pareille, mais je vais le faire, malgré tout : engagez-vous envers votre conjoint à être son supporter quoi qu’il arrive. Engagez-vous à être un acteur du couple et non un consommateur. Engagez-vous à dire et à tout faire pour atteindre ce que vous voulez vivre. Réveillez vos rêves endormis et déposez-les sur la table. Recommencez à vous aimer comme vous le vouliez, si vous percevez un écart entre ce que vous vouliez vivre et ce que vous vivez. Ou, poursuivez à nourrir votre amour avec une intensité renouvelée jour après jour, si vous êtes déjà dans un couple convergeant.
Libre à vous de prendre cet engagement en votre fort intérieur ou de le faire à voix haute avec votre conjoint. J’avoue préférer la seconde option mais vous êtes grands. Vous saurez faire ce qui compte le plus pour vous et pour votre conjoint.