Une activité qui demande une véritable conjugaison

Attention, en abordant le sujet qui consiste à chercher des solutions à vos défis, je ne voudrais pas vous donner l’impression que tous les problèmes sont solubles. D’ailleurs, vous remarquez que j’utilise le terme défi parce que je le trouve plus enrichissant tant sur le plan intellectuel qu’émotionnel. 

Le problème des problèmes

En réalité, quand on a un problème, on a généralement l’impression d’être arrêté. On a le sentiment d’être bloqué sans une situation. Cela dit, il existe des personnes qui aiment les problèmes parce qu’elles aiment les résoudre grâce à leur esprit matheux, qui aime les énigmes et les casses-tête. Elles se disent « super, il y a un problème, on pourra donc chercher des solutions ! ». 

Seulement, il y en a qui bloquent. Si vous avez tendance à bloquer devant le mot problème, utilisez alors le mot défi. Un défi se relève, on se confronte, on cherche et s’ouvre plus naturellement vers l’action. On pourrait dire qu’un défi appel à l’action. Alors que le problème pourrait appeler à l’inaction, plaçant la situation dans un coin en espérant qu’elles se résolvent toute seules. 

Les problèmes insolubles

Ceci étant, je ne voudrais pas m’opposer à l’affirmation de John et Julie Gottman, deux conseillers conjugaux américains bien connus et auteurs de nombreux ouvrages, qui expliquent que de 69 % des problèmes conjugaux sont insolubles. Cela signifie que chercher des solutions à vos défis cible les 31 % restants. 

Je voudrais préciser que ce n’est pas parce que l’on a mis en place une solution, que je préférerais appeler une option, et que cette dernière n’est pas satisfaisante qu’il faille se dire que c’est fini et que le problème restera en l’état.

Je suis particulièrement attaché à l’idée de l’option parce qu’il s’agit d’un choix moins définitif mentalement qu’une solution. Du coup, si l’option ne correspond pas, il sera plus facile d’envisager d’en changer ou de la modifier. Malgré tout, si vous préférez utiliser l’idée de la solution, cela me convient pour autant que vous n’ayez pas l’idée qu’il s’agit d’une direction figée.

Ce qui compte c’est que ce que vous mettrez en place reste vivant, vous laissant la possibilité de continuer à l’adapter dans le temps. 

Les étapes pour parvenir à des options satisfaisantes à vos défis :

La première clé : Lister les options possibles

Évoquer toutes les possibilités qui vous viennent en le faisant avec bienveillance.

Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, avouez que vous avez tendance à dire « on a un problème, voilà la solution. C’est ce que je propose ». 

Cette démarche donne l’impression qu’il n’y a qu’une, voire, deux pistes possibles. Et s’il y en a deux, c’est déjà beaucoup puisque la plupart du temps, quand on propose une solution on n’en voit qu’une. 

Comprenez qu’il y a beaucoup, beaucoup plus de pistes que celles que vous pouvez imaginer. Le mieux est donc de travailler par écrit en faisant que, chacun des membres du couple, écrive des hypothèses de son côté, des options à imaginer qui peuvent être appliquées à ce qu’il traverse.

Même si un seul des conjoints y travaille, ce sera déjà bénéfique pour lui-même de se rendre compte qu’il avait pensé à un élément alors qu’il en existe d’autres. 

Je pense à un couple avec lequel j’ai travaillé il y a quelque temps qui, en faisant l’exercice pendant notre entretien, se retrouvait avec une dizaine d’options possibles pour un seul défi. Ils avaient les yeux grands ouverts en réalisant qu’il y avait autant de possibilités. 

Un des secrets de cette méthode est que le croisement des options permet de nouvelles et nombreuses options. En effet, l’adjonction d’une option à une autre ne fait pas forcément une addition, mais peut aboutir à une multiplication ouvrant sur de nombreuses autres options. Le réel avantage est qu’il est possible d’aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite qu’on ne l’imaginait avant d’envisager l’ensemble des options à disposition.

Veillez, face à toutes les options qui vous viennent, à faire preuve d’une réelle bienveillance. J’insiste sur ce point pour que, si vous travaillez chacun de votre côté, en découvrant les options proposées par votre conjoint, vous ne disiez pas « qu’est-ce que tu as proposé là ? C’est nul, ça ne tiendra jamais la route ! ». 

Si l’autre vous le propose, c’est que cela avait du sens pour lui. Cherchez donc à comprendre les raisons pour lesquelles il a émis cette proposition : «je vois que tu proposes telle option. Qu’est-ce qui t’amène à penser qu’elle pourrait apporter une réponse à notre besoin ? ». Du coup, vous chercherez à comprendre. Chercher à comprendre est l’action forte de la bienveillance. Cela appartient à son ADN. 

On se concentre donc pour : 

  • Chercher à comprendre ce que vit l’autre, 
  • Saisir pourquoi il dit ce qu’il a affirmé, 
  • Comprendre ce qu’il fait
  • Accueillir son ressenti  

Quelque part, c’est une manière de lui dire « je reconnais ton droit à exister et je l’encourage ».

La deuxième clé : différencier la solution des besoins.

Nous avons tendance à tout mélanger. Nous  sommes capables de dire « j’ai besoin de silence» alors qu’en fait, ce n’est pas ce dont nous avons besoin. On voit que le silence est ciblé à tort comme une solution à notre besoin. Mais alors, quel est le besoin qui se trouve tapi sous cette nécessité (apparente) de silence ?

Quand quelqu’un dit « à table, j’ai besoin que l’assiette soit mieux présentée. Je n’aime pas avoir l’impression d’être en prison, que l’on jette la nourriture dans ma gamelle». 

Ici, il ne s’agit pas d’un besoin, mais d’une solution à un besoin. Il est possible que le besoin soit une envie d’esthétique parce qu’elle fait sens dans un parcours de vie. « Peut-être ai-je besoin que l’assiette dans laquelle je mange me rappelle ce que je vivais quand j’étais gamin parce que j’y expérimentais la sensation d’être aimé et d’avoir de la valeur ».

Vous voyez que l’on n’est pas dans une recherche de solution, mais dans la quête d’une réponse à un besoin. 

C’est hyper intéressant de faire la distinction entre ces deux univers et, si vous avez «besoin » de travailler sur ce sujet, vous pouvez simplement me demander de vous accompagner en cliquant sur le lien ci-après : Je vous accompagne

Troisième clé : éplucher d’autres possibilités

  1. Sur votre feuille, vous avez déjà noté de nombreuses possibilités. Vous avez fait preuve de bienveillance en écoutant les options de votre conjoint comme en tentant d’expliquer vos propres options. 
  2. Vous avez fait preuve de bienveillance vis-à-vis de vous-même également, sans penser que vous êtes nuls d’avoir mis une idée qui ne parlait pas à avec ton conjoint. Oui, oui, soyez bienveillant aussi avec vous-même !
  3. Ensuite vous avez l’impression d’avoir épuisé l’ensemble des options. Seulement, ce n’est pas forcément le cas.
  4. Penchez-vous de nouveau sur l’ensemble des options que vous avez présentées, reprenez celles que votre conjoint a mises sur la table pour vous pencher ensemble, à deux, sur d’autres possibilités. L’intention est de viser des options évoquées ni par l’un ni par l’autre, mais de chercher des corrélations entre plusieurs options écrites par là et par l’autre. Vous verrez qu’en ayant écouté les idées de votre conjoint et en ayant vraiment signifié les vôtres, d’autres possibilités émergeront.

Quatrième clé : croire qu’il existe beaucoup plus de voies que celles que l’on perçoit a priori

Je l’ai un peu évoqué tout à l’heure. Vous vous rendez compte, toujours en épluchant d’autres possibilités, qu’en arrivant à la clé que je vous décris ici, en position n°4, il existe encore beaucoup plus de voies que vous ne le pensiez même après la clé n°3. Le travail n’est donc pas terminé. 

Dans deux jours, dans une semaine dans un mois, dans un an, dans dix ans, d’autres options s’ouvriront à vous pour continuer à améliorer votre équilibre conjugal face à tels ou tels défis. Intégrez la croyance qu’il existe beaucoup plus de voies que celles que vous percevez même après avoir pris le temps d’y travailler est important. Poursuivre dans l’ouverture dans le temps enrichira votre collaboration davantage encore.

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Dites-vous que les options restent ouvertes. Visualisez-les comme des patchs malléables et vivants, censés continuer à s’adapter à votre vie conjugale qui, elle-même, restera vivante et mouvante. 

Cinquième clé : donnez-vous le droit d’essayer

Essayer, c’est augmenter les chances de réussite et de faire en sorte que les solutions soient plus adaptées à la situation. Vous pouvez donc vous dire « allez, essaye ça ! ». Et vous vous lancez dans un essai pendant une semaine. 

Ce temps écoulé, vous pouvez décider de rallonger d’une semaine si vous estimez ne pas avoir eu assez d’éléments pour mesurer votre essai. Il est aussi possible qu’à la fin de la première semaine, vous constatiez une évolution sur un aspect de votre option qui présentera toutefois des carences sur d’autres. Vous serez donc amené à la modifier légèrement pour lui rallonger son temps d’essai.  

Prenons un exemple concret : un couple vit une impression de disparité dans la responsabilité vis-à-vis des enfants. L’un des conjoints a le sentiment que l’autre se déleste complètement sur l’autre en termes de parentalité. Il se lance donc tous deux dans une tentative de réglage. 

L’un se propose « je passerai plus de temps avec les enfants pour faire les devoirs. Je passerai donc du temps avec Paul et te laisserai continuer à superviser les devoirs de Lisa et Camille, si tu veux bien. Dis-moi si tu te sens soulagé si je vais dans cette direction. Je prends d’ailleurs en compte en prenant le fait que je rentre plus tard du travail que toi. » 

Une semaine plus tard, le couple se retrouve. L’autre conjoint répond à la question antérieurement posée : « en effet, je me suis senti soulagé, mais peut-être que sans superviser les devoirs de Lisa et de Camille, si tu participais davantage à la maison en plus des devoirs que tu fais avec Paul, ça pourrait peut-être me permettre de me rapprocher de ce que je voudrais vivre ».

Ainsi, le couple se rapproche progressivement d’un équilibre recherché grâce à la mise en place d’essais mouvants. 

Sixième clé : corréler les solutions avec le mixage

Vous avez proposé des options, vous avez commencé à les mettre à l’essai. Maintenant, vous vous direz « on a mis cette option en place et, que se passera-t-il si l’on mettait en oeuvre cette option concomitamment avec une ou plusieurs autres ?». Ainsi, vous ferez un mix de plusieurs options. Peut-être sera-ce un mix entre l’une qui était proposée par l’un et deux autres suggérées par un autre membre du couple. 

NOTE IMPORTANTE : 

Attention, je compte sur vous pour que vous ne nourrissiez pas l’idée d’être le sauveur du couple parce que c’était votre idée. En réalité, on n’en a rien à faire que ce soit votre idée. Ce qui compte c’est que l’option soit efficace pour le bien du couple. 

De la même manière, si vous êtes le conjoint à l’origine d’une option, ne commencez pas à vous dire « tu vois, on a pris son idée à lui ce qui signifie que mes idées étaient nulles ». Ce qui compte c’est d’avoir trouvé une solution ou une option. On se moque complètement de son propriétaire. Vous avez travaillé en couple à des solutions, vous avez validésdes options ensemble, c’est donc une démarche gagnant-gagnant qui fait du couple le propriétaire des options et solutions mises en œuvre. Toute option appartient donc au couple à part entière.

Travailler en collaboration sans avoir à vous soumettre à la vie de l’un ou de l’autre. C’est ce que je vous demande depuis le début. Vous entendez que si l’un des deux tire la couverture à lui, c’est dommage pour lui-même. C’est qu’il n’a pas compris l’objet du travail. 

Faites donc votre mixage avec les éléments apportés par là et par l’autre, ne vous limitez pas à un nombre puisqu’il est possible de faire une véritable confiture d’options qui permettra d’apporter des saveurs satisfaisantes à votre couple. Cherchez à ne pas vous limiter pour avancer avec efficacité vers ce que vous voudriez vivre. L’important est d’arriver à trouver quelque chose qui soit efficace, c’est vraiment ce qui compte le plus. 

Septième clé : chercher des solutions en collaboration

Cette septième clé rejoint quelques éléments que j’ai évoqués tout à l’heure. Il n’est pas question que chacun travaille de son côté. Le couple est une équipe. Il s’agit de con-joints, de deux personnes jointes l’une à l’autre, il y a véritablement conjugaison, construction commune. 

Il n’est absolument pas question que l’un des deux se mette au travail et amène les solutions au couple. Ne vivez pas non plus avec la carrure du potentiel sauveur qui dirait « ne bouge pas, je m’en occupe ! Je suis le conjoint magnifique capable de t’apporter la solution et de nous sortir de notre enfer 😉 !». Restez sur terre et vivez cette collaboration ensemble. Évaluez-les ensemble, projetez-les ensemble, essayez vos options ensemble, agrémentez et adaptez-les ensemble, amplifiez-les et minimisez-les ensemble. Soyez véritablement dans un esprit d’équipe correspondant à la conjugalité

défis conjugaux et soliutions

Huitième clé : se connecter à ses propres besoins pour être vrai

Vous connectant à vos propres besoins, vous vous assurerez que les options seront satisfaisantes pour vous-même, en tant qu’individu. En vous connectant à vos besoins, vous éviterez de penser que « ça convient à mon conjoint alors, on va retenir cette option ». Non, non, et non  ! Ne faites pas cela, surtout pas. 

Veillez à ce que les options correspondent à vos besoins à vous. Attention, j’ai parlé tout à l’heure de ne pas confondre solution et besoins ! Il est question de correspondre à vos besoins à vous. Si vous avez besoin d’être reconnu, d’être valorisé, d’être respecté, de vous sentir davantage aimé, et tout ce que vous voulez y ajouter, chercher à répondre à vos propres besoins est essentiel. 

Je vous mets un lien vers mon autre blog pour télécharger gratuitement le eBook qui s’intitule « J’ai attrapé le virus du bonheur, trois remèdes efficaces pour ne pas en guérir » qui vous aidera à comprendre l’importance de répondre à vos propres besoins.

Neuvième clé : la solution satisfait tout le monde

En répondant à vos propres besoins (vous percevez mon insistance sur ce point 😉 ne vous soumettez pas à une option qui ne vous conviendrait pas. Finalement, il n’y a pas de soumission si vous êtes complètement partie prenante de l’option ou de la solution qui sera mise en place.

Je ne demande donc aucune soumission. Je préfère de loin un accord, une collaboration, une association, une convergence de vision. Aucune soumission, aucun des conjoints n’a à se placer au-dessus de l’autre. Il n’est pas de jeux de pouvoir dans cette recherche qui consiste à chercher des options à vos défis. 

En veillant à répondre à vos propres besoins, veillez également à ce que les options retenues satisfassent votre conjoint. En effet, vous pouvez vous réjouir d’être vous-même satisfait et que votre conjoint ne joue pas véritablement le jeu de la congruence en se disant « je m’entends, j’identifie mes besoins et je valide que les options retenues correspondent à mes propres attentes  ».

Dixième clé : faire preuve d’une attention musclée

Dans cette démarche de veille, soyez attentif pour que la satisfaction aux besoins surpasse la satisfaction de surface. Cherchez vraiment à savoir, en vous mettant à l’écoute, « est-ce que les options que nous avons retenues et la manière dont nous avons envisagé de les mettre en œuvre de satisfont ? Est-ce que cela répond à tes besoins ? Quelles sont tes besoins sur ce point ?». 

Ne faites pas l’économie de vous dire « est-ce que les options te satisfont ? ». Posez-lui la question « De quelle manière les options répondre à tes besoins ? ». Vous voyez qu’avec une question ouverte on limite le risque de se cacher derrière un « oui » un on «non». La question propose de réfléchir, de se livrer. En cherchant à comprendre de quelle manière les options répondent aux besoins et à quels besoins exactement, elles viennent apporter un baume et tend le micro à votre conjoint pour qu’il s’exprime. Ainsi, vous pourrez avoir le sentiment d’une réalité et d’une authenticité dans la réponse à ces questions.

Bien entendu, que vous avez mis en œuvre des solutions, vous verrez que vous vous retrouverez de nouveau au tout début des clés que je viens de vous présenter. En effet, vous aurez mis des options en œuvre mais, comme je l’ai évoqué tout à l’heure, vous vous reposerez la question des potentiels réglages à apporter aux options mises en œuvre. C’est vraiment génial de vous remettre en mouvement dans cette dynamique-là pour continuer à chercher des solutions à vos défis.

À distance du moment où vous avez travaillé sur les défis auxquels vous aviez à faire face et que vous avez dressé une liste d’options possibles, prenez la liberté d’y revenir. Faites un point quelques semaines, quelques mois ou quelques années après. Interrogez-vous mutuellement en vous disant « Qu’en penses-tu ? Où en es-tu ? ». C’est vraiment génial de pouvoir travailler ainsi. C’est assurément l’un des moyens les plus constructifs d’avancer.

Photo de Ba TikGustavo Fring de Pexels

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