J’ai voulu sauver mon conjoint

Sortir du syndrome du sauveur

Vous êtes en couple depuis quelques semaines, quelques mois, voire quelques années. Vous avez vécu quelque chose d’enrichissant jusqu’alors. Et puis, vous vous rendez compte que certaines choses commencent à manifester un mal-être conjugal. Il semblerait que quelque chose soit à changer surtout s’il vous est venu de penser « J’ai voulu sauver mon conjoint ».

Il est possible que ce soit relatif à une posture que l’on appelle le syndrome du sauveur dans laquelle vous êtes installés. Je vais prendre quelques exemples pour les illustrer :

Vous étiez très à l’écoute de votre conjoint, vous preniez vraiment soin de lui ou d’elle, vous aviez tendance à faire des choses à sa place et progressivement, ça a commencé à vous peser, à vous saouler. Vous vous rendez compte que ça a impacté votre couple. Peut-être avez-vous ce syndrome de sauveur.

Avançons sur ce sujet en cherchant comment en sortir. C’est nécessaire pour que votre couple trouve un nouvel équilibre.

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Je suis ravi que vous ayez vécu ces années qui se sont écoulées. Des années de bonheur avec une importante satisfaction. Parfois, vous avez peut-être eu la conviction d’être avec l’homme ou la femme de votre vie. Ça explique encore plus votre surpris·e de constater combien votre relation conjugale se trouve autant abîmée aujourd’hui.

Comprendre le syndrome du sauveur 

Or, un des facteurs possibles est que vous ayez adopté un fonctionnement de sauveur ou que votre conjoint l’a fait. Comment comprendre ce syndrome ? C’est d’autant plus difficile qu’il passe bien souvent inaperçu, comme le précise le blog Santé magazine. Voici ce qu’il écrit : « Le syndrome du sauveur passe bien souvent inaperçu, tant il peut être confondu avec un simple altruisme : au premier abord, le sauveur semble bienveillant, mais très vite, il se montre déçu, malheureux, critique… Son estime de lui-même dépend de la reconnaissance des autres. Le sauveur peut aller jusqu’à employer la manipulation et à rabaisser son partenaire, le sauvé, notamment lorsqu’il présente des traits pervers qui le poussent inconsciemment à soumettre l’autre en l’aidant. ». (Source : Santé magazine).

Comprenez qu’il s’agit d’une situation assez sournoise. On n’est pas forcément conscient d’être dans sa posture de sauveur. On peut être même surpris de se dire « je me rends compte, après coup, que j’ai adopté cette posture ».

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Identifier la posture

Permettez-moi de vous donner quelques éléments pour vous aider à identifier ce fonctionnement chez vous ou dans le fonctionnement de votre partenaire.

Il est important de noter que, comme cela a été dit dans l’article de Santé magazine, il s’agit d’une forme d’altruisme. C’est justement ce qui masque ce biais, ce travers ou ce dysfonctionnement. Parce qu’en réalité, ça paraît beau, et c’est beau, dans les faits, quand on le voit. On se dit que, finalement, c’est beaucoup d’attention, de présence, de sensibilité, de manifestations d’affection, de soutien, d’aide, d’accompagnement…. Et tout ça peut se manifester de différentes manières.

J’en ai noté cinq, que je vous présente, de sorte à les illustrer pour vous aider à mieux voir les choses. J’ai choisi de les présenter sous forme de rôles :

Le rôle maternel ou paternel :

J’emploie le terme maternel ou paternel, mais on pourrait dire maternant ou paternant. Dans ce rôle-là, on aura tendance à bichonner l’autre et à faire beaucoup de choses à sa place. Ça sera une manière de prendre soin de lui et de veiller à ce qu’il ne lui arrive rien de mal. On ne veut pas qu’il passe par des difficultés, qu’il souffre de manque, qu’il ait des blessures, etc. 

Vous comprenez à quel point c’est très altruiste et plaisant de vivre une relation de ce type quand on aime être materné ou paterné. En même temps, cela peut cacher le syndrome du sauveur.

Le rôle de l’infirmier·e :

Dans le rôle de l’infirmier ou de l’infirmière, on sera attentif aux soins. On veillera à ce que le conjoint ne soit pas trop fatigué. On voudrait, dès qu’il a mal, être présent·e pour le soigner.

Vous voyez que c’est très proche du rôle précédent, mais en même temps, vous constaterez que chacun de ces rôles se trouve très très proche les uns des autres.

Le rôle du psy ou thérapeute :

Dans ce rôle-là, on va être attentif, écouter, chercher à comprendre, à déduire. On veillera à apporter des pistes et des voies de solution avant même que l’autre n’ait eut besoin de formuler une demande. Ce peut-être également pervers.

Le rôle du pédagogue :

Quant au rôle du pédagogue, on aura envie d’apprendre à l’autre, de l’enseigner. On voudrait lui transmettre quelque chose pour qu’il passe du niveau où il se trouve à un niveau supérieur. Cela peut avoir un effet délétère, puisqu’on donne l’impression à l’autre qu’il ne sait pas, qu’il ne comprend pas, il ne maîtrise pas ce qu’on voudrait qu’il sache. 

S’il s’agit d’un dysfonctionnement, ça peut être très mal vécu et favoriser un sentiment d’humiliation et/ou d’infériorité. 

Le rôle du coach : 

D’ailleurs, dans le rôle du coach, on trouve le point commun avec celui du pédagogue qui peut favoriser un sentiment d’humiliation ou d’infériorité. À ce stade, en tant que coach, on veut former l’autre, l’amener à être différent, à devenir autre. On aime sans aimer sa condition présente. Ce peut être une façon d’habiller un rejet refoulé. Ici, on dépasse le cadre de la connaissance qui cible de l’acquisition de l’information en visant la manière de faire, et parfois même, de la manière d’être.  

J’ai choisi ces cinq rôles pour illustrer les aspects possibles de ce syndrome du sauveur pour que vous puissiez commencer à vous identifier. Ainsi, vous pouvez regarder votre situation pour voir où vous en êtes.

Une clarification nécessaire

Attention ! Je ne suis pas en train de vous dire que si votre conjoint prend soin de vous, qu’il veut vous apprendre quelque chose, qu’il veut vous accompagner pour que vous puissiez transformer votre corps si vous voulez être plus musclé·e (par exemple), que s’il décide de vous bichonner, etc., il se trouve dans le syndrome du sauveur ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

On parle de syndrome de sauveur quand apparaît la perception d’un déséquilibre après un temps donné. En général, on parle d’un temps court, mais qui peut être plus ou moins court. Il peut se révéler après quelques années. Quand c’est au bout de 3, 5 ou 10 ans et qu’on se rend compte de la présence de ce syndrome, ça peut être assez douloureux pour le couple. De plus, c’est peut-être plus difficile d’aller redresser le volant quand on a une plus grande difficulté à prendre conscience de ce dysfonctionnement. 

Qu’est-ce qu’un syndrome

Dans un syndrome, on est forcément dans une prise de conscience d’un fonctionnement qui ne devrait pas être, d’une attitude qui comporte un biais, un travers. 

Je rappelle tout de même que, le syndrome du sauveur est une manière d’aimer comme d’être aimé·e. J’insiste sur cette base. Ne pensez pas que celui qui pratique le syndrome du sauveur a pour volonté consciente de manipuler son conjoint. Et c’est valable même si, de manière sous-jacente, on utilise la souffrance de l’autre pour aller mieux soi-même, quand on est touché pas le syndrome du sauveur. 

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Eviter le piège de (se) fustiger

Mais l’intention n’est pas d’utiliser l’autre pour aller mieux. On est là dans l’inconscient. Par conséquent, ne vous tournez pas vers votre conjoint pour lui dire « tu as profité de moi pour te faire du bien… ». Non ! Il n’est pas forcément conscient de ça.

Et si c’est vous qui entrez dans cette prise de conscience du syndrome de sauveur aujourd’hui, ne vous dites pas, « je suis minable, je ne vaux rien puisque j’ai manipulé et utilisé mon conjoint pour atteindre des objectifs égoïstes ! ». Non ! Vous avez eu besoin d’amour, d’affection et d’attention. Et vous avez fonctionné ainsi puisque c’est ce que vous avez appris à faire.

Je voudrais quand même m’arrêter quelques minutes sur ce point. Vous avez appris à aimer ainsi dans votre famille, comme vous l’avez vu dans votre couple parental ou dans votre couple modèle de référence (qui peut être un couple d’amis de vos parents, des voisins ou des couples fictifs inspirés de fictions). En conséquence, vous en avez tiré la conclusion « quand on prend soin de l’autre, qu’on veille à ce qu’il ne lui arrive rien de mal, on le protège…, ça veut donc dire qu’on l’aime ». Par conséquent, vous avez appris à fonctionner ainsi.

Les parents aussi sont exposés au syndrome du sauveur

Si vous êtes parents, vous pouvez peut-être vous interroger sur ce sujet en vous demandant « est-ce que je suis dans un rôle de sauveur parental avec mes propres enfants ? ». Et vous pouvez le repérer en consultant les différents rôles que j’ai mentionnés tout à l’heure (maternelle, infirmière, psy, pédagogue, coach). Si vous avez adopté un de ces rôles-là, qui n’a rien à voir avec le rôle de parent, vous avez de grandes «chances» de vous être inscrit·e dans un syndrome du sauveur. 

Un parent installé dans la posture parentale accepte que son enfant passe par des événements difficiles. Il accepte que l’enfant ait le corps qu’il a et qu’il ne soit pas forcément en correspondance avec ce qu’on aurait espéré de lui. 

Supposons qu’un de vos enfants soit maigre ou obèse, vous abandonnerez la volonté de le transformer (qui correspondrait au syndrome du sauveur-coach) pour dire « il ou elle est comme ça. Je l’accepte comme cela. C’est son corps. D’ailleurs, je vais l’accompagner pour qu’il ou elle accepte son corps sans tomber dans le biais du psy qui veillera à ce que son enfant…». 

C’est une question d’équilibre

C’est une question d’équilibre qui fait qu’on ne verse pas vers le syndrome du sauveur. Ainsi, on s’installe dans une véritable relation d’amour, ou altruiste, dans laquelle on prend en considération, ses propres ressentis, ses propres expériences et son propre mal-être, sans chercher à imposer à l’autre quelque chose qu’il ne voudrait pas. Encore moins, agir à sa place ou pour lui.

C’est là, justement, que l’un des trois voyants du syndrome du sauveur s’allume. C’est quand on : 

  1. Veut que l’autre se rapproche de ce que l’on voudrait qu’il soit ou corresponde à nos propres attentes.  On a alors tendance à entrer dans une manipulation (même si elle est inconsciente). 
  2. Choisit de faire pour l’autre sans demande de sa part. 
  3. Agit à sa place sans demande de sa part. 

Vous pouvez prendre quelques minutes de réflexion pour une prise de conscience personnelle quant à votre envie de manipuler l’autre. Veuillez à ce que votre conjoint fasse comme vous le voulez. Faire en sorte qu’il dise les choses comme vous le voulez quitte à faire à sa place ou pour lui pour l’y conduire ou le contraindre.

Ça peut arriver, sans que ce soit le signe d’un syndrome du sauveur, mais il s’agit une question de fréquence comme d’intensité. C’est alors qu’on sera en mesure de se dire « oui, c’est beaucoup trop présent, trop prégnant, dysfonctionnant ».

S’interroger soi-même de temps à autre

Pour être transparent, je me suis interrogé parfois de me dire « tiens, j’ai eu telle attente. Où en suis-je dans mon fonctionnement ? Pas forcément dans mon rôle de sauveur, mais un autre syndrome potentiel ? ». 

S’interroger permet de savoir où s’arrête notre prise de conscience d’être dans sa propre réalité, dans la formulation de demandes et de besoins et où commence la volonté de manipuler l’autre pour qu’il corresponde à ce que l’on voudrait. 

Quand on est dans cette capacité à s’interroger, on peut commencer à se dire « tiens, peut-être que ça peut limiter le risque que je glisse vers un syndrome quelconque ». Ce n’est pas systématiquement une parade, mais c’est un bon démarrage que de s’interroger sur sa capacité à accepter la liberté de l’autre, de manière générale, quand on lui demande quelque chose. Mesurer sa volonté de contrôle, quelque part.

D’ailleurs, ceux qui sont membres de la communauté Couple Heureux connaissent parfaitement l’image que j’emploie avec les personnes que j’accompagne qui est celle de la télécommande. 

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Rassemblez des indices

Cette question a toute sa pertinence dans la mesure où, c’est quand même sympa de bichonner son conjoint, de vouloir le soigner, d’être à son écoute, de vouloir lui apprendre des choses et l’aider à se transformer, à se former et à être différent.

En effet, nous avons dit que c’est intéressant. Par contre on va quitter ce rôle quand c’est extrême. Quand on ne respecte plus la liberté de l’autre. Quand on réalise qu’on veut faire à sa place au lieu de faire avec lui.

On peut garder cette image : fait-on les choses avec lui parce qu’il nous les demande où les fait-on pour lui ou à sa place ? Si vous voyez poindre une tendance naturelle à faire les choses à sa place, ou pour lui, vous pouvez vous interroger. En formulant « est-ce que tu veux bien faire ça », vous le faites sans entrer dans un syndrome de sauveur. Vous êtes plutôt dans un rôle de serviteur, ce qui rejoint un podcast que j’ai enregistré il y a quelques mois.

Par contre, si vous empêchez l’autre de formuler sa demande en vous jetant par-dessus, en lui disant « je m’en occupe, ne t’en fais pas… », vous pouvez vous interroger sur la potentielle présence d’un syndrome de sauveur.

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Pourquoi donc refuser le rôle de sauveur ? 

1ère raison : vous n’est pas un sauveur

Parce que, premièrement, vous n’êtes pas un sauveur. Vous avez besoin d’accepter ça. Si vous étiez sauveur, ça ne poserait aucun problème. Mais un conjoint n’a pas pour mission de sauver son conjoint. Ça n’existe pas.

Ce n’est pas facile quand on a un conjoint malade, déprimé, dépressif, frigide, qui souffre de situations conjugales ou personnelles difficiles. Dans ce genre de cas, on pourrait être davantage tenté de jouer le rôle de sauveur (quand ce n’est pas l’autre extrême qui consiste à entrer dans le rejet en se créant une autre vie à côté). 

Vous n’êtes pas appelé à vivre un rôle de sauveur parce que vous n’êtes pas un sauveur. Acceptez que vous n’êtes pas sauveur. Vous êtes conjoint. Vous êtes dans une démarche de conjugalité dans laquelle vous conjuguez la vie ensemble. Or, conjuguer la vie ensemble n’est pas du tout synonyme d’apporter des solutions, des remèdes et le salut à son conjoint !

Deuxième raison : parce que vous risquez l’épuisement

Le burnout existe dans le contexte professionnel, mais n’existe pas encore dans le contexte de la vie privée. Mais certaines mamans qui me lisent pourraient dire « oui, oui, en tant que maman, je suis passé par des phases d’épuisement considérable dans mon rôle maternel et parfois même conjugal ». Certaines mères portent la famille avec un sens du devoir très fort. Elles ont le sentiment d’être dépassées par la situation qui est devenue trop lourde.

Vous n’avez pas à porter quelque chose qui vous paraît trop lourd. Si c’est le cas, avant d’arriver à l’épuisement, prenez conscience que c’est trop lourd pour vous et mettez votre couple au travail pour mettre des choses en place pour alléger le poids de ce que vous portez, ce que l’on appelle communément la charge mentale. Veillez à ce que la répartition des responsabilités conjugales et familiales soit différente. 

Notez que je ne parle pas d’un équilibre puisque ce dernier n’existe pas. Les membres d’un couple n’ont pas les mêmes compétences, les mêmes talents, les mêmes forces, les mêmes passions, etc. Il est possible que l’un trouve que faire la vaisselle est trop lourd, alors que l’autre trouve ça facile. On ne peut donc pas arriver à la conclusion de faire la vaisselle trois fois chacun. Pas du tout. Il s’agirait d’un déséquilibre. La pseudo équité ou justice peut paraître injuste. Par conséquent, mieux vaut travailler sur la postulance plutôt que sur la recherche d’un équilibre.

Troisième raison : programmer la déception

Quand vous vous êtes installé·e·s dans un rôle de sauveur, vous vous inscrivez de fait dans une double déception à venir. Le premier type est la déception de votre conjoint. Il se rendra compte qu’on n’est pas tout-puissant. Il verra bien que vous êtes épuisé·e et que vous n’êtes pas sauveur. « Mince, alors, moi qui pensais que tu étais mon sauveur, et que tu allais me sortir de mon manque affectif comme de ma carence relationnelle, de mon isolement. Je me rends compte, aujourd’hui, que tu as des amis, très proches auxquels tu te confies, alors que j’aurais aimé que tu ne te confies qu’à moi… ». Voilà une source de déception. 

Ça peut également être une source de déception qui vient de vous-même. C’est le deuxième type.  « Finalement, je me rends compte que je ne suis pas tout·e-puissant, pas assez en mesure de tout porter. Je ressens de la fatigue et un sentiment de ras-le-bol. Je n’en peux plus… ».

D’ailleurs, ça me conduit au quatrième motif de refus de vivre le syndrome de sauveur.

Quatrième raison : présenter la facture 

« Avec tout ce que j’ai fait pour toi, quand même, tu te rends compte ? J’ai fait ça, je me suis privé de cela, tout ça pour prendre soin de toi, te soigner, est à ton écoute, et en fin de compte… ». Quand survient ce moment, on se rend compte qu’on n’est pas autant « rémunéré·e » qu’on aurait voulu l’être. Ça sous-entend, de manière très claire, qu’on a utilisé l’autre pour s’enrichir soi-même ! En fin de compte, on a l’impression de s’être appauvri.  

Ce risque de présenter la facture est évident. Si vous ne l’avez pas encore fait, regardez l’horizon et percevez la tendance à venir à présenter la facture. Si c’est dans votre sens que votre couple fonctionne, que c’est votre conjoint qui est dans le syndrome du sauveur, vous pouvez prendre conscience qu’il est peut-être déjà en train de vous présenter la facture. Vous pouvez donc comprendre les raisons pour lesquelles certaines choses se produisent ainsi dans votre couple.

L’idée n’est pas de tirer dans les pattes de votre conjoint, s’il vous présente la facture. Cherchez plutôt à comprendre.

Cinquième raison : séparation

Refusez le rôle du sauveur pour limiter les risques que votre couple de se sépare. Ce serait inhérent au fait que « j’avais effectivement besoin d’un sauveur, mais maintenant que je vais beaucoup mieux, je le remercie, mais je n’ai plus besoin de lui/d’elle ».

C’est une chose que l’on a besoin de se dire au démarrage de la vie à deux. Quand on se place en sauveur, on sait que dans 3, 5 ou 10 ans, le couple risque la séparation. L’autre n’aura plus besoin de nous, il ira mieux ! On n’a pas besoin d’un sauveur en permanence, après tout.

Je ne connais personne qui, se rendant aux urgences, cherche à y rester à demeure comme dans une résidence principale. Le moment viendra ou la mettra dehors. « Maintenant que vous allez mieux, vous sortez ». 

On ne peut pas s’installer dans un fonctionnement de sauveur dans la durée et espérer que le couple fonctionne sainement. Cela signifie qu’il paraît naturel, et je souligne le caractère naturel (cela ne veut pas dire qu’on vous en veuille, qu’on vous déteste, c’est tout à fait normal) qu’une fois que la personne va mieux, que sa convalescence est passée, qu’elle prenne de la distance avec le couple. Par voie de conséquences, le couple se sépare.

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Comment sortir du syndrome du sauveur ? 

Vous allez me dire « OK, j’ai compris que je suis installé·e dans un syndrome du sauveur, où c’est le cas de mon conjoint. Je vois des points qui se sont mis en place et qui allument les voyants. J’ai compris pourquoi sortir de ce truc de sauveur, mais maintenant, comment fait-on pour en sortir ?».

Je veux prendre le temps de m’arrêter sur cette question, parce qu’elle est importante.

Place à l’exercice

Le premier aspect de l’exercice que je vous propose vous paraît un petit peu étrange. Mais je voudrais vraiment que vous le prenez au sérieux, sachant que, la plupart des personnes auquel j’ai proposé de faire cet exercice n’ont pas réussi à le faire du premier coup. Quand j’ai dit du premier coup, je crois qu’aucun des conjoints auquel j’ai proposé de faire cet exercice m’a dit la semaine suivante. « Pascal, l’exercice est terminé ». Il leur a fallu plusieurs semaines. De plus, il a fallu qu’elle revienne plusieurs fois sur l’exercice pour parvenir à son terme. Entendez-le bien, j’ai conscience qu’il est question d’un exercice difficile, même si de prime abord, il paraît facile et accessible.

Cela dit, sachez qu’il est accessible. Vous pouvez le faire. Et vous sentirez un phénomène de résistance qui se mettra en place dans votre pratique de cet exercice, parce que vous avez un mécanisme de défense qui va se mettre en mouvement dès que vous commencerez à vous pencher sur ce dernier. Mais cet exercice me paraît véritablement aidant, comme il a aidé pour toutes les personnes qui l’ont fait jusqu’à maintenant. 

Plusieurs sont revenus vers moi, me disant « voilà, j’ai enfin réussi, après trois semaines, à faire cet exercice jusqu’au bout. Je m’y suis pris en plusieurs fois, j’y suis revenu, j’ai réessayé. Quand je n’y arrivais pas, je me suis remis et, enfin, je l’ai terminé ».

Je ne connais personne qui m’ait dit l’avoir fait du premier coup. Peut-être serez-vous l’exception et, si c’est le cas, vous pouvez me le dire dans le commentaire de ce podcast.

L’exercice consiste à écrire une lettre de démission : « je soussigné (prénom et nom) déclare donner ma démission, ce jour, le (mettre la date,) de mon rôle de sauveur. Cela signifie, qu’en conséquence,… » et vous voyez la suite.

Toute la suite du courrier ira dans cette direction. Elle aura pour conséquence que, dans ce que vous rédigerez, vous noterez ce que vous ne ferez plus. Vous écrirez votre décision de choisir un autre état d’esprit dans certaines actions comme de ne plus pratiquer certains actes évidents jusqu’alors. 

Les effets concrets de l’exercice

Si je me fonde sur un exemple que j’ai donné tout à l’heure, dans mon rôle paternant, « je choisis d’accepter que mon enfant prenne des risques. J’accepte que mon enfant soit frappé, critiqué ou jugé à l’école. Je choisis de l’accueillir, dans ces cas-là, sans chercher à le sauver, quand il me dira qu’il a été insulté ou frappé dans la cour de l’école. Je choisirai de ne pas me rendre sur le lieu scolaire en remontant les manches pour aller voir le professeur et le traiter de tous les noms ou de lui mettre une beigne. C’est décidé, je ne le ferai plus ». 

Ça va changer votre quotidien. Ça changera le présent et la projection d’à partir de maintenant. Ainsi, vous apporterez un changement sérieux à votre manière de fonctionner. Vous comprenez que ça vous conduira à une relecture de ce qu’il paraissait normal.  

S’exercer en plusieurs étapes

Là, se joue quelque chose de très fort. Vous comprenez pourquoi ce n’est pas forcément évident. Ça  vous demandera de balayer votre histoire pour vous dire « tiens, je n’ai pas pensé à ajouter des aspects, dans ma lettre de démission. ». Vous y reviendrez pour ajouter les aspects manquants. Ensuite, peut-être, accepterez-vous que votre conjoint accepte de payer la note quand vous allez au restaurant. Accepterez-vous que votre conjointe ait un salaire bien supérieur aux vôtres. Peut-être même, accepterez-vous qu’il/elle vous rendre service sans chercher à lui rendre un service en retour. Bien des aspects de votre existence seront touchés vous exposant à d’autres occasions d’appliquer cette nouvelle façon de vivre.

Respecter la deadline

Attention, ne prenez pas 6 mois pour écrire votre lettre de démission. Ça signifierait que, pendant 6 mois, vous continueriez à installer votre syndrome de sauveur. Preniez plusieurs séances pour le faire, 5 à 10, j’entends. J’aimerais vous demander de ne pas dépasser 12 temps d’écriture. J’ajoute de ne pas dépasser les 6 semaines. Que dans ce laps de temps, vous ayez terminé votre travail.

Vous n’êtes pas seul·e

Si ça vous paraît difficile, que vous ressentez le besoin d’être accompagné·e, vous savez qu’il vous suffit de cliquer sur ce lien pour être accompagné·e. Je vous rappelle que vous n’êtes pas seul·e, je vous accompagne. En prenant rendez-vous, je peux vous accompagner pour finir la rédaction de votre lettre de démission. Ce sera une manière de lever les barrières et les blocages qui vous paraissent difficiles. Entendez, en même temps, qu’il est tout à fait normal que vous rencontriez des blocages. Acceptez-les.

Il est également possible d’avoir une rencontre d’échange pour vous aider dans votre état d’esprit. Il est tout à fait possible que votre conjoint ne soit pas en phase avec votre capacité à rédiger cette lettre de démission. Peut-être tenez-vous absolument à rester dans son rôle de sauveur, parce que c’est dur de lâcher, vous ne savez pas comment fonctionner sans être sauveur. 

J’entends, c’est difficile de lâcher, c’est tout à fait compréhensible. Et si vous percevez cette difficulté, je suis prêt à vous accompagner.

Si la peur s’en mêle

Cela signifie que, si vous avez une difficulté à lâcher, que vous être face à la peur. La peur de plusieurs choses. 

Pendant le temps de rédaction de votre lettre de démission, prenez le temps d’écrire les raisons qui nourrissent cette peur. Il est également envisageable que votre conjoint ait peur de découvrir votre lettre de démission. Alors, préparez-vous à vivre cette réalité, dans la peur, sachant que, la deuxième étape de cet exercice consiste à avoir une rencontre avec votre conjoint pour qu’il comprenne votre démarche. 

Expliquez-lui pourquoi vous écrivez cette lettre de démission ? Il a besoin de saisir cela. Et préparez-vous à ce qu’il ait peur, lui aussi, même si sa peur consistera à craindre de perdre son conjoint. Bien entendu, si lui-même ne se rend pas compte que vous êtes dans un cercle de sauveur, il se dira « si tu cesses de me bichonner, de prendre le temps de m’écouter, comme tu le faisais précédemment, je risque de te perdre. Que va-t-il se passer désormais ? Est-ce que notre couple est en danger ? ». 

Votre démarche consistera donc à le rassurer sur votre démarche. Il sera important qu’il comprenne que vous n’avez pas comme intention de changer votre conjoint ou de changer de conjoint, mais de changer vous-même. Vous voulez faire en sorte que votre dysfonctionnement ne soit plus présent dans votre couple. 

En ce sens, vous pouvez préparer votre conjoint pour qu’il se réjouisse que vous ne vouliez ne plus dysfonctionner, mais plutôt fonctionner dans un véritable altruisme, en n’utilisant pas ses souffrances pour vous faire du bien à vous. 

Faites-vous comprendre par l’ouverture

La démarche consiste donc à vous présenter à votre conjoint pour qu’il comprenne votre démarche. À lui dire que vous avez écrit cette lettre de démission et les raisons pour lesquelles vous le faites. Si vous voyez qu’il se cabre, prenez le temps. Revenez plus tard, pour échanger avec lui, vous mettre à son écoute, comme je l’ai bien expliqué dans le podcast que intitule « chercher à comprendre, c’est aimer ».

Si ça vous paraît vraiment trop difficile ou que c’est mal vécu, je vous rappelle que vous pouvez prendre rendez-vous avec moi en suivant le lien suivant : Je vous accompagne. Il est également possible de vivre ce moment à trois, votre conjoint vous-même et moi, pour vous faciliter la rédaction de cette lettre de démission. Nous pourrons échanger sur votre de fonctionnement respectif et vos divergences afin d’éviter d’exposer votre couple à un danger. Ce n’est pas du tout l’objectif. L’objet est de trouver un nouvel équilibre conjugal et pas de tirer à boulets rouges sur votre couple. Ce serait très dommage et dommageable.

Agissez pour construire uniquement, sans fuir pour autant

J’insiste pour vous rappeler de ne pas fragiliser votre couple. Sinon que vous avez le sentiment que ça commence à le fragiliser, ne le faites pas seul. Je suis là pour vous accompagner.

Je termine ce podcast en vous incitant à vous mettre au travail. Allez-y, foncez.

Je vous rappelle qu’il y a gratuitement, à votre disposition, le livre intitulé « Allez-vous supporter votre conjoint toute votre vie ». J’ai écrit ce livre à votre intention. Vous pouvez le télécharger pour le lire et, pourquoi pas, le lire en couple. 

Ensuite, profitez de cette opportunité pour avancer sur votre besoin de changer votre équilibre conjugal. L’intention n’est pas de retrouver un bonheur (donner l’impression d’aller dans le passé), mais de créer un bonheur nouveau, avec un nouvel équilibre dans lequel vous serez tous les deux satisfaits, sans utiliser l’un ou l’autre pour être heureux, mais pour conjuguer vos bonheurs respectifs.

Je vous dis à très bientôt.

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