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Des fondamentaux à connaître
Comment obtenir ce que vous voulez de votre conjoint fait partie des bases de la relation conjugale. Vous voulez savoir comment faire ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui en mettant un accent particulier sur la formulation des demandes.
Le PV révélateur
Le chemin qui me conduit à choisir ce thème est un peu alambiqué parce qu’en réalité, il y a quelques semaines j’ai reçu un PV. Il visait un excès de vitesse inférieur à 20 km/h. Or, tenez-vous bien, il s’élevait à 375 €. En fait, je n’ai pas reçu le PV initial. En conséquence, il m’est parvenu sur-majoré. Passer de 45€ à 375€ dépassait ce que j’avais imaginé possible pour une infraction de ce niveau.
Du coup, j’ai fait une réclamation. Bien entendu, j’ai dû payer en amont. À l’issue de ma réclamation, j’ai reçu un courrier dont voici l’intégralité afin que vous compreniez ce dont il est question :
« Vous avez versé (à telle date) une consignation d’un montant de 375€ en vue de l’amende contestée majorée numéro XX du XXXXX. L’original de cette attestation de consignation doit être fourni à l’appui de la réclamation. L’adresse et les modalités pratiques de contestation sont indiquées sur l’avis de l’amende forfaitaire majorée. Je vous prie de croire, Monsieur, Madame, de etc. ».
Je me suis dit : «Qu’est-ce qui m’est demandé ? Quel est l’objet de ce courrier ?». Deux phrases me donnent l’impression qu’il s’agit d’une demande alors qu’elles ont en même temps pour mission de me transmettre une information. Du coup, je ne sais pas vraiment ce qui m’est demandé. Un réel flou demeure sur ce que l’on attend de moi.
Partie 1 : Vos demandes en sont-elles vraiment ?
De la même manière, dans la vie conjugale, on se retrouve avec des phrases ou des affirmations qui sont parfois difficiles à décrypter. Honnêtement, il arrive que l’on attende que notre conjoint·e (parfois même nos enfants) comprenne ce que l’on veut obtenir sans avoir formulé de demande. On leur transmet juste une information en espérant qu’ils comprennent ou décrypte notre demande. C’est un terrain magnifique pour créer des conflits à venir. Il est nécessaire de passer par la formulation d’une demande.
Je m’arrêterai sur ce point précis dans la deuxième partie de notre article. Mais avant cela, je veux utiliser cette lettre pour camper le décor et, en même temps, vous interroger pour savoir si vous formulez de réelles demandes. Le faites vous où espérez-vous que l’autre comprenne ce que vous attendez de lui ?
Si vous attendez de votre conjoint·e une faculté de décryptage automatique, c’est que vous espérez qu’il/elle soit doté·e d’un pouvoir surnaturel. En effet, imaginer une demande à partir d’une chose qui n’en est pas est une requiert des moyens dont nous ne sommes pas équipé·e·s. C’est une technique toute trouvée pour nourrir des incompréhensions, générer des malentendus, des frustrations, des déceptions, et bien d’autres situations regrettables.
Éviter de penser
Avant de se positionner sur la demande, on a besoin de focaliser son attention sur ce que l’on veut. Je veux obtenir quelque chose et c’est la raison pour laquelle je me tournerai vers la demande. Qu’est-ce que je veux obtenir ? Pourquoi je le veux ? Dans quel but ?
C’est une première suite de questions aidantes. Cela peut permettre de focaliser sur nos motivations ; savoir ce que l’on veut et pourquoi on le veut. À partir de là, on peut commencer à limiter le risque de frustration parce que l’on est au clair sur les deux axes ci-dessus.
Poser la question ainsi peut paraître anodin. Mais bien souvent, dans des relations conjugales, quand j’interroge sur ce que veut le/la conjoint·e·e, l’autre me dit « ce n’est pas du tout ce que je veux ! ». Le/la premier·e de dire « ah bon ! Je pensais que… ». Je poursuis alors avec «Qu’est-ce qui fait que vous avez pensé que ? Vous l’a-t-il dit ?» Si la réponse est «non», je m’empresse de demander «comment en êtes-vous arrivé·e à la conviction que c’est ce qu’il/elle attendait ?»
Généralement, la réponse à ces questions se poursuit par « vu qu’il a agi comme ceci et qu’il a dit cela, je pensais que… ». À la suite de ça, je peux répondre « vous avez pensé que…, mais en fait, vous ne savez pas. Mieux vaut poser la question pour savoir si c’est ce qu’il/elle veut ».
Un des moyens de limiter les erreurs est d’éviter de penser et d’interroger. Partez du principe que vous ne savez pas. Il ne vous incombe pas de décrypter. Cherchez à comprendre sans verser vers la déduction.
Savoir ce que l’on attend
D’abord, nous avons besoin de nous poser la question pour savoir ce que nous voulons, nous, avant de formuler une demande. Qu’est-ce que je veux et pourquoi je le veux ? C’est un moyen de limiter la frustration. C’est également un moyen de limiter la déception comme d’autres émotions perçues comme désagréables.
S’interroger sur «qu’est-ce que je veux et pourquoi je le veux ?» est une manière de semer en soi-même une capacité de visualiser le fossé qu’il peut y avoir entre ses demandes et la capacité de son conjoint·e à y répondre. Mais également entre ses demandes et la volonté du conjoint·e à y répondre. J’ajouterais également que ça permet de mesurer le fossé qui peut exister entre ses propres demandes et les valeurs du conjoint·e qui est invité à y répondre, ou à participer à y répondre.
Comme je l’ai déjà dit dans de nombreux podcasts, vous êtes le premier ou la première à devoir répondre à vos propres besoins. Ensuite, vous pouvez proposer à votre conjoint·e·e de participer à la réponse à vos attentes ou à vos besoins. Mais il/elle n’est pas tenu·e d’y répondre. Il s’agit d’un choix libre.
Serviteur de son conjoint·e
En grec, il y a un terme en relation avec le service. On peut être au service les uns des autres, comme je l’ai déjà évoqué dans une autre émission de ce blog Couple Heureux. Or, en grec, il y a plusieurs termes qui peuvent illustrer différentes manières de servir.
Le serviteur esclave
Le premier est le serviteur fondé sur le mot doulos. Il s’agit-là d’un serviteur esclave, contraint, qui n’a pas le choix. Ça lui est tombé dessus. Il fait donc ce qu’il y a à faire. Bien entendu, dans un couple, avoir une relation de service avec cette approche tient difficilement l’argumentation. Pourtant, il existe des domaines de la vie, selon les couples, dans lesquels cette manière de voir le couple est présente. En réalité, en l’intégrant dans le couple, on s’inscrit dans l’absence du respect de l’identité et de l’intégrité de l’autre.
Le serviteur employé ou élu
Il y a le terme diakonos. Il est également traduit par serviteur. D’ailleurs, dans notre langue française, on l’utilise pour le mot ministre. Et oui, nos ministres sont des diakonos. Ce sont des serviteurs qui s’occupent des tâches quotidiennes pour que la maison fonctionne correctement. Cela implique le ménage, l’intendance, et tout ce qui permet le bon fonctionnement de l’organisation.
En couple, elle est généralement bien installée.
Le serviteur dévoué
Il existe un autre terme qui invite également au service. Cette fois-ci, j’emploierai le verbe upotasso, que signifie se placer sous. Il intègre une soumission volontaire. C’est-à-dire qu’il souligne une aspiration, un désir profond d’être soumis comme si on disait « J’aimerais tellement être à ton service. S’il te plaît, je t’en prie, accepte ». On postule, désireux d’être au service de l’autre. Ce verbe peut complètement être adapté à la vie conjugale.
Vous percevez que dans ce troisième univers, rien n’est imposé. Rien, dans cette démarche n’est avilissant. Tout est privilège. On peut le comprendre si on fait le parallèle avec la postulance à un emploi. Si un employeur vous embauche, vous considérerez la soumission intégrée dans votre posture d’employé·e comme un privilège. C’est la raison pour laquelle vous avez tout fait pour être embauché·e.
Conjoint·e aspirant à servir
Dans la vie conjugale, j’aimerais que l’on fonctionne avec la dynamique de ce verbe. Bien entendu, diakonos est une posture mentale. J’aimerais que cette seule posture soit présente tant qu’elle est choisie avec la dynamique de upotasso.
Ici règne un respect total de l’intention, de la volonté, du désir, de la vision, de la passion et de l’amour de la personne qui se soumet. Quand on est dans une relation avec ses propres valeurs, que l’on a considéré combien les valeurs de l’autre sont importantes, on ne peut pas demander ou attendre de son conjoint·e quelque chose qui serait en inadéquation avec ses valeurs même si ça nous ferait plaisir qu’il fasse telle ou telle chose pour nous rendre service.
On voudrait parfois qu’il nous corresponde et qu’ils répondent à nos attentes. Seulement, on ne demandera jamais rien qui soit en contradiction avec ses valeurs. Le seul frein est dans une valorisation de upotasso, de quelqu’un qui se soumette parce qu’il a choisi et qu’il désire le faire. Ne vous sentez jamais obligé·e, et n’obligez jamais à vous rendre service. Ce serait une invocation du doulos.
Quand la manipulation s’en mêle
Quand je dis « n’obligez jamais» j’aborde forcément le «minaudage» du verbe minauder. Il s’agit d’une manière de demander qui inclut une forme de supplication charmeuse : « aller, s’il te plaît, fais-moi plaisir… ».
Évitez cela parce qu’on quitte upotasso pour succomber à la tentation des manipulations afin dans le but d’obtenir ce que l’on veut. On veut qu’il/elle accepte parce qu’il/elle a décidé de son propre gré. Pas pour vos beaux yeux, pas parce que vous avez été sympa, que vous avez «couché» ou rendu service. Dans ces cas-là, il s’agit de business relationnel, ce n’est plus de l’amour.
Dans upotasso, il n’y a pas de business relationnel. Il ne s’agit que d’une posture dans laquelle on s’installe dans l’amour. Une manière de dire « j’ai envie de le faire. Tu n’as même pas eu besoin de le formuler, j’ai compris ».
Toutefois, attention au danger parce que, comme je l’ai évoqué tout à l’heure, si la demande n’a pas été formulée, je peux me planter. Mieux vaut donc que je dise « j’ai l’impression que telle chose te ferait plaisir. Si je le faisais, ça pourrait t’aider ?». Si la réponse est oui, je peux répondre « ça me fera plaisir de le faire ». Agissant ainsi, je suis dans upotasso une postulance pour un service volontaire.
Limiter les zones de flou
Dans la formulation d’une demande, il est également important de préciser qu’il est nécessaire, voire aidant, de limiter les zones de flou. On évitera donc d’exprimer des choses trop larges. Par exemple « écoute, mon amour, j’aimerais que tu prennes davantage soin de moi ». Il serait difficile pour un conjoint·e de ne pas être d’accord avec cette demande. En conséquence, la réponse serait « oui, bien sûr, je suis d’accord sur le principe, mais comment on verra que je prends davantage soin de toi ? Avec tout ce que je fais, je ne comprends pas trop ta demande. Je prends quotidiennement soin de toi ! ».
Le jeu du dictionnaire
Voyez-vous combien cette demande très vaste ouvre à un risque d’arroser une frustration ou une déception à venir ? C’est valable chez soi comme chez son conjoint·e parce que « prendre davantage soin de moi» est beaucoup trop large.
Dans ces conditions, je propose de jouer au jeu du dictionnaire. « Quand je te dis vouloir que tu prennes davantage soin de moi, qu’est-ce que tu entends ? Comment tu vois les choses ? ». Ou à l’inverse, si mon conjoint·e me dit « j’aimerais que tu prennes davantage soin de moi», je pourrais lui répondre « d’accord. Est-ce que tu pourrais me donner des exemples ou des choses plus précises qui me permettraient de savoir ce que tu attends quand tu dis que tu aimerais que je prenne davantage soin de toi ? ».
Quel que soit le chemin emprunté, vous voyez que l’idée est d’aller creuser. Il est possible que chez vos parents, prendre soin de quelqu’un signifiait :
- mettre les petits plats dans les grands,
- faire le lit le matin
- lui couper les ongles une fois par mois.
Redéfinissez vos attentes à la mesure de votre couple
Si c’est le cas, vous comprendrez que c’est votre parent qui faisait ça. C’était sa définition de « prendre soin de… ». Dans votre couple, est-ce que la définition devrait être la même ? Attendez vous de votre conjoint·e qu’il fasse votre lit, qu’il mette les petits plats dans les grands et vous coupe les ongles une fois par mois ?
Ce n’est pas parce que votre mère ou votre père faisait ceci ou cela que votre conjoint·e devrait faire la même chose. Ce n’est pas devenu une règle parce que c’était comme ça chez vous. Ça ne marche pas comme ça. Vous avez donc besoin de préciser à votre conjoint·e ce que vous voulez dire quand vous lui demandez « j’aimerais que tu prennes soin de moi », ou plutôt « j’aimerais que tu prennes davantage soin de moi ».
Vous avez entendu la nuance, tout de même, entre ces deux phrases. En effet, si je dis à mon conjoint·e « j’aimerais que tu prennes soin de moi, cela sous-entend qu’il s’agit d’une demande qui correspond à une chose qui n’est pas encore faite. Par contre, si je dis « j’aimerais que tu prennes davantage soin de moi », cela sous-entend qu’il a déjà commencé à le faire et que j’attends des manifestations qui ne sont pas encore visibles.
Plus qu’une question de nuance
Certains diraient qu’il s’agit d’une nuance, c’est chipoter, ajouteraient-ils. Pourtant, ce n’est pas du tout le cas. Quand les couples se retrouvent dans mon cabinet à tenter de trouver des voies pour mieux s’entendre en passant par se taper dessus, on se rend compte que ces éléments ne sont pas des nuances.
Je ne chipote pas. Je vous donne des clés fondées, pleine de sens. Quand on les prend en considération, on enrichit la communication.
Éviter l’autre extrême
Faites en sorte de limiter le flou en étant plus précis·e dans la formulation de vos attentes. En même temps, sans aller dans un extrême opposé, ne vous jetez pas sur des demandes hyper pointues. De ces demandes qui pourraient ressembler à « quand tu mets la table, j’aimerais que tu mettes la fourchette à gauche, le couteau à droite, la petite cuillère au-dessus et que la serviette soit pliée comme ça, et pas comme ça. J’aimerais aussi que le haut de la fourchette ne dépasse pas le haut de l’assiette… ».
En agissant ainsi, il ne s’agira pas d’une demande aidante, mais d’une contrainte. C’est une manière involontaire de tenter de transformer son conjoint·e diakonos exempt d’upotasso, en doulos.
Si votre demande est trop pointue, votre conjoint·e aura l’impression d’être un exécutant. Or, quand c’est le cas, on a le sentiment d’être réduit, d’être déconsidéré·e, de perdre sa valeur. Certains parlent même d’un sentiment d’abus.
Chacun sa responsabilité
Avec ce que nous avons évoqué ensemble, nous sommes dans une démarche qui peut déjà commencer à limiter la propre frustration. En réalité, nous sommes responsables de nos émotions. Ce n’est pas notre conjoint·e qui en a la responsable. Cela signifie que si je me sens frustré·e, étant responsable de mes propres émotions, je sais que c’est moi qui ai semé la frustration en moi. Si je ressens de la déception, je sais que je suis responsable de la déception que je ressens.
Ce n’est pas évident puisque vous pourriez me dire « je voudrais obtenir ça de mon conjoint·e. En lui disant est-ce que tu pourrais faire les courses plus souvent. Il s’avère finalement qu’il les fait moins souvent que je l’aurais voulu. Je ressens donc de la frustration et de la déception. En quoi serais-je responsable de mes émotions ? ».
Vous l’êtes parce que c’est vous qui la ressentez. C’est moi qui ressens mon émotion. Je ne peux pas être responsable des émotions d’un autre. Je ne le suis que des miennes. Même si j’ai été précis en disant que « faire les courses plus souvent veut dire que je voudrais que tu les fasses le lundi, le mercredi et le vendredi». Je pourrais avoir précisé que je voudrais qu’il fasse les courses dès que la dernière brique de lait a été ouverte et qu’il ne reste qu’un quart de baguette (ce serait une demande trop pointue, limitant la liberté de mon conjoint·e), je reste responsable de mon émotion.
Par conséquent, étant conscient de cela, je travaillerai en faisant en sorte que face à mon émotion de frustration ou de déception, je sache que j’aurais à travailler sur moi-même au lieu d’avoir la tentation naturelle de chercher à piloter mon conjoint·e pour qu’il corresponde davantage à ce que je voudrais.
Abandonner la télécommande conjugale
Dans cette tendance à chercher comment obtenir ce que vous voulez de votre conjoint·e, vous pourriez aspirer à acquérir un·e conjoint·e télécommandable. Vous vous imaginez déjà sur Amazon, sur Cdiscount ou chez Darty à demander à un vendeur une télécommande pour conjoint·e :-). Grâce à elle, vous pourriez piloter votre conjoint·e pour qu’il/elle colle à ce que vous voulez. Du coup il/elle répondrait du tac au tac à ce que vous voudriez.
Vous comprenez que je force le trait, seulement je nous interroge : n’y aurait-il pas une inspiration de cet ordre-là dans nos relations parfois ? Est-ce que la difficulté à accepter que notre conjoint·e est comme il est n’est pas un révélateur de cette tentation ? Certes, j’entends des personnes me dire que s’ils laissent leur conjoint·e être comme, ça part à volo. Peut-être, mais peut-être est-il judicieux que vous changiez vous-même au lieu d’attendre que un changement de votre conjoint·e.
Je ne sais plus qui a dit qu’il est plus facile de changer de conjoint·e que de changer son/sa conjoint·e. Je souscris pleinement à cette affirmation. Il est essentiel de comprendre ça. C’est une manière d’aimer l’autre que d’accepter qu’il soit différent, ne correspondant pas exactement à ce que l’on voudrait.
Se donner plus de chance d’obtenir ce que l’on veut
À présent, je voudrais poursuivre avec l’étape suivante consistant à vous donner les moyens de mieux semer pour augmenter les chances de récolter ce que vous avez semé. Pour ce faire, j’ai choisi une image tirée de la botanique.
Si vous avez un potager, vous vous rendez compte que ce n’est pas parce que vous avez mieux semé et mieux préparé le terrain, que vous avez acheté de meilleures graines et semé au moment idéal que vous obtenez le résultat attendu.
En effet, vous augmenterez vos chances d’avoir une récolte plus satisfaisante. C’est vrai, vous aurez augmenté vos chances. Seulement, pleinement conscient·e que vous êtes face à un phénomène naturel, vivant, non maîtrisable et pour lequel vous ne trouverez aucune télécommande chez Darty, Amazon ou Cdiscount, vous vous soumettrez à la puissance de la nature, à sa réalité.
Faites-le de la même manière avec votre conjoint·e. Ce n’est pas parce que vous aurez mieux semé vos demandes, mieux formulé, mieux… que vous récolterez davantage ce que vous attendiez. Vous augmenterez les chances, certes. Seulement, face à une réalité naturelle vivante, préparez-vous en même temps à ce qu’il y ait de la grêle, du gel, des escargots ou des limaces, des rongeurs et autres phénomènes imprévisibles. Finalement, ce que vous recevrez sera parfois différent de ce que vous attendiez.
La nature, un bon pédagogue
J’aime prendre la nature en exemple. Bien souvent, elle nous invite à l’acceptation. Elle nous pousse au lâcher prise et à la responsabilité. À son écoute, on vit cette réalité dans la mutualité. C’est-à-dire que je suis responsable en faisant ce qui m’incombe, ce qui me paraît raisonnable, pertinent et intelligent. Et en même temps, je le fais en acceptant qu’il y a de nombreux facteurs qui ne sont pas de mon domaine de maîtrise.
J’aurai donc à faire avec. Je me prépare à cela. Ne le faisant pas, je ne sèmerai jamais de salade, de carottes ou de radis. J’aurais trop peur qu’ils ne ressemblent pas au résultat attendu.
Formuler des demandes
Pour la suite, j’aimerais m’arrêter sur les demandes. Comment formuler une demande ? Permettez-moi de répondre à cette question dans un deuxième temps pour m’arrêter, avant cela, sur le fond de la demande.
Avant de formuler une demande, je vous invite, je vous demander et vous supplie de vous connecter à vos propres besoins. Pourquoi ? Parce qu’en ne le faisant pas, vous aurez tendance à vous satisfaire de demandes sur face :
« Tu sais, mon amour j’aimerais bien que tu me prennes dans les bras ».
« Mon cœur, j’aimerais bien que tu fasses la vaisselle »
« Mon chéri, j’aimerais que tu laves la voiture »
« Ce serait bien que tu joues avec les enfants »
«Tu veux bien être plus présente»
Etc.
Les demandes de surface
Il s’agit de demandes de surface. Parfois, comme c’est le cas avec les couples que j’accompagne, j’entends « je lui demande de faire la vaisselle, de laver la voiture, de passer la serpillière et de faire les devoirs avec notre fils et je vois que je ne peux rien attendre de lui. Je lui ai demandé quatre choses et il n’en fait aucune correctement. Ça ne correspond pas à ce que je veux. Parfois quand j’arrive, ce n’est pas fait ou c’est mal fait. Il arrive même qu’il ait oublié une partie de ce que j’avais demandé. Quand je lui donne 2 sur 5 j’en ai ras-le-bol, je n’en peux plus». Et tout cela, sans se rendre compte que l’on est sur une demande de surface !
Les demandes de fond
Quelle est la demande de fond ? Qu’est-ce qui peut motiver mon/ma conjoint·e à faire ce que je lui demande ? Comment puis-je m’adresser à lui/elle pour répondre à son besoin d’être intelligent comme de trouver une motivation ?
Vous comprenez qu’il s’agit d’autre chose que de faire ce qui a été demandé parce qu’elle a été demandée ! Trouver les moyens de faire en sorte qu’il/elle se mette en mouvement pour répondre à un besoin, pas à une demande, et qui plus est, à une demande de surface.
Tout à l’heure je prenais l’exemple de la disposition des fourchettes lors de la mise de la table : «Quel est le problème si les fourchettes sont mises à droite et non à gauche ? Elles sont sur la table, n’est-ce pas, déposées près des assiettes, non ? Pourquoi cette insistance ? Quelle est la motivation ? À quel besoin est-ce que ça répond de faire ce qui a été demandé ?»
Au boulot, vous avez cette manière de raisonner. Quand vous étiez gamin, elle était déjà présente. Quand un parent vous disait « va te brosser les dents », ça vous saoulait. Parfois, vous faisiez semblant de vous brosser les dents parce que vous cherchiez à répondre à une demande de surface. Une fois que vous avez compris l’intérêt du brossage de dents, vous vous y êtes mis sans que personne ne vous demande de le faire.
Enrichir la relation en puisant dans le fond
Nous avons intérêt à enrichir la relation conjugale en allant au-delà de la demande de surface, en ciblant la profondeur. Ainsi, nous gagnerons à formuler un besoin en nous interrogeant :
- Est-ce un besoin de reconnaissance ?
- Est-ce un besoin de respect ?
- Serait-ce un besoin de tendresse ? Est-ce un besoin d’attention ?
- Peut-être, est-ce un besoin de valorisation ?
- Serait-ce un besoin de non-rejet (acceptation), de non-abandon (accueil), de non-trahison (de fidélité) ?
- Ne serait-ce pas un besoin de présence ?
Quand je dis à mon/ma conjoint·e « j’aimerais bien que tu rentres plutôt du travail », quel est le besoin qui motive cette demande ? Est-ce un besoin de présence, de moments de qualité si mon langage d’amour est « moments de qualité » ?
En mettant mon attention sur mon besoin profond (besoin de reconnaissance, de tendresse, de respect, de présence…) je formule ma demande en tenant compte de cela. Je veille donc à ce que mon/ma conjoint·e entende que ma demande est en adéquation avec un besoin et non une envie. Ce dernier peut varier en fonction du temps, ce qui n’est moins le cas pour un besoin. Du coup, ça facilitera les choses en ouvrant le champ pour que mon/ma conjoint·e sente plus de liberté d’action.
Ouvrir le champ des possibles
En réalité, quand je partage un besoin profond, j’ouvre un champ de liberté. Il existe des schémas multiples pour répondre à un besoin profond. Si je dis « j’ai besoin que tu sois davantage présent·e auprès de moi pour vivre des moments de qualité », cela permet à mon/ma conjoint·e de prendre des initiatives. Il est possible de vivre bon nombre de choses pour répondre à cette demande. Cela peut se vivre en :
- allant au resto, en balade,
- passant du temps sur la terrasse avec un thé comme
- prenant l’apéro en amoureux.
- mettant les enfants au lit pour être cela seul
- partant un week-end régulièrement pour se retrouver à deux
- faisant en sorte que, à chaque fois je suis chez des amis ou chez mes parents, je parte avec mon/ma conjoint·e pendant une heure ou deux
- étant attentif·ve quand mon/ma conjoint·e parle et que cherche à le/la comprendre
- etc.
Tout cela aura pour objet de répondre à une demande de moments de qualité au-delà d’une approche de surfaces. En ouvrant le champ des possibles, mon/ma conjoint·e verra comment il/elle peut puiser dans ses ressources pour y répondre.
Alors que si je lui dis « j’aimerais que tu me prennes la main quand on se balade. J’aimerais que tu m’embrasses même quand il y a du monde. Et puis, je voudrais que tu me libères pendant une heure ou deux pour passer du temps ensemble quand on est chez mes parents» ce n’est pas la mêle chose. En fonctionnement ainsi, je dresse une liste de tâches qui donne l’impression que « tu n’es pas vraiment libre, mon chéri. Je t’aime, mais comme doulos, exécutant ou un diakonos sans upotasso. Je ne te vois pas comme quelqu’un de libre et de pertinent, capable de faire des choix adaptés à mes besoins, c’est pourquoi je joue la sécurité de la liste de tâches ».
Application du champ des possibles aux enfants
Je vous le dis en abordant ce sujet en relation avec votre conjoint·e, mais c’est également valable avec vos enfants. C’est possible dès qu’ils atteignent 5 ou 6 ans et qu’on leur demande de ranger leur chambre. Quand on le leur demande plusieurs fois dans la semaine, c’est peut-être parfois les prendre pour des doulos, des exécutants. Si vous tenez tant à ce que leur chambre soit rangée, rangez-là vous-même !
Je pense qu’il est bien plus féconde de se poser la question, avec son enfant, de savoir comment il voit le rangement de sa chambre. «À quelle fréquence aimerais-tu ranger ta chambre ? Je pense que tu apprécies aussi qu’elle soit rangée, d’autant que, quand tu la ranges, tu retrouves certains jouets que tu avais perdus. Comment peut-on s’organiser ? Comment vois-tu les choses ?».
En se mettant à l’écoute de son enfant, on peut entendre sa manière de voir le rangement de sa chambre. On peut également exprimer notre manière de voir, bien entendu. Par moment, on pourra travailler ensemble pour que la chambre soit rangée tout en acceptant, en tant qu’adulte, qu’elle le soit autrement que comme on l’aurait voulu.
Il est vrai que, avec ses yeux d’enfants, elle sera rangée quand il l’aura fait. Et on pourra peut-être trouver un chemin dans lequel la chambre sera rangée comme bon lui semble tout en veillant à ce que certains aspects de la chambre soient rangés comment on le voudrait soi-même. Ainsi, nous veillerons à ce que chacun soit satisfait, que l’on soit satisfait de part et d’autre.
Pour aller plus loin sur l’approche gagnant-gagnant
Si vous voulez travailler plus profondément ce que je vous présente à l’instant, aller lire le livre de Thomas Gordon « Parents efficaces», dans lequel il présente une de ses inventions mondialement connu essous «la méthode gagnant–gagnant». Or, quand on est dans une approche d’injonction (fait ceci et fait cela) on s’inscrit dans la méthode gagnant-perdant.
À partir de ces deux derniers aspects, on va :
1. respecter la liberté de l’autre en lui en ouvrant des possibles en lui proposant la possibilité de s’exprimer pour répondre à des besoins profonds
2. Éviter de le limiter à une liste de tâches en évitant de lui donnant des voies précises d’action comme s’il ne devait être qu’un exécutant….
…on va donc formuler des demandes.
Partie 2 : Comment formuler une demande
Pour commencer à formuler une demande, commençons par « je » au lieu de « tu ». Dans « tu pourrais laver la voiture…», vous percevez tout de suite le côté directif. On pourrait adopter une approche plus emphatique dans laquelle on dirait « tu veux bien faire le lit ?», une manière de prendre de la distance avec le côté directif ou dirigiste.
L’univers des «je»
Seulement, je suis déconnecté·e de moi en employant cette expression. J’aimerais davantage vous inciter à vous connecter à vous-même. « J’aimerais que tu fasses le lit. Est-ce que tu veux bien ? ». Tout à coup, en employant le « je », je tisse un lien, une relation. Le « je » entre en relation avec un « je ». Il n’y a pas un récepteur qui doit se soumettre à un émetteur ordonnant. De ce fait, un « je » demande à un autre « je » de bien vouloir…. On entre dans un tout autre univers :
- « J’aimerais… »
- « Je souhaiterais… »
- « J’aurais besoin que… »
Toujours dans cette demande, il y a un certain nombre de demandes qui sont formulées sur une réalité présente ou légèrement passée. Par exemple, en sortant d’une soirée, on peut dire à son/sa conjoint·e : « je n’ai pas aimé ton attitude quand Sophie m’a dit ça et que tu as répondu comme ça ». Notez que l’on est dans :
- Un événement passé
- Une critique,
- En absence de demande formulée.
Or, je propose de centrer son attention sur le proche avenir. Cela donnerait « tu vois, quand Sophie a dit ceci et cela, j’ai vu que tu as répondu ça. J’aimerais qu’à l’avenir… ». En ajoutant « à l’avenir… » ou « si quelque chose de ce type se représente, j’aimerais… » on quitte le passé pour se poster au présent en se projetant vers une construction possible à venir.
Ainsi, cela vous conduit à formuler une demande constructive dans la mesure où il n’est pas possible de retourner dans le passé pour changer ce qui s’est passé dans la soirée de Sophie.
Quand l’explication ajoute du poids
D’ailleurs, c’est peut-être l’opportunité (puisque ça a été formulé en « je ») de donner les raisons pour lesquelles on aimerait que l’avenir soit différent. Je rappelle que la soirée ne peut pas être différente, elle est terminée. Si donc je dis « si quelqu’un, comme l’a fait Sophie, partage quelque chose d’intime, j’aimerais à l’avenir qu’il n’y ait pas de rire parce que…», ce petit « parce que…» peut paraître anodin alors qu’il n’en est rien.
On s’est rendu compte que la formulation d’un « parce que » pouvait vraiment changer la donne.
Une chercheuse a fait une étude pour mesurer la manière dont des personnes répondraient à une demande. Elle s’est mise dans une file d’attente près d’un photocopieur. À chaque fois, elle a demandé à passer devant des personnes présentes dans la file d’attente.
- Elle a obtenu 60 % de réponses positives quand elle disait « est-ce que vous permettez que je passe devant vous, svp ? ».
- Ensuite, en modifiant sa phrase comme suit : « est-ce que vous permettez que je passe devant pour faire des photocopies » elle voyait augmenter considérablement le nombre de réponses positives qui a atteint près de 95 %.
Le simple fait d’avoir ajouté une explication, même si cette dernière était bizarre, le taux de réponses positives augmentait. Pourtant, vous imaginez que les personnes de la file d’attente voulaient elles aussi faire des photocopies. L’explication pour passer devant elles était donc farfelue. Cela fonctionne ainsi parce que notre système cérébral est friand de sens. Cette quête de sens ‘tant reliée à un besoin de fond et non de surface. Il est aisé de percevoir ici que les personnes de la file ajoutaient elles-mêmes du sens à l’explication de la chercheuse conduisant l’expérience. Elles se convainquaient elles-mêmes du bien fondé de la demande de priorité.
Pratiquez les demandes avec expliquées
Par conséquent, si vous allez vers votre conjoint·e en lui disant « à l’avenir, si une situation ressemblait à celle que nous avons vécue chez Sophie, j’aimerais que tu accueilles la discussion avec moins de (ceci et de cela) parce que j’ai eu l’impression que Sophie a mal vécu certaines réponses… ».
Vous notez qu’en employant l’expression « j’ai eu l’impression que » je ne m’avance pas sur ce que Sophie aurait dit ou ressenti. Dans cette démarche, je parle de moi, pas de Sophie. Il s’agit uniquement de mon impression, aucunement de ce que Sophie aurait dit.
Même si Sophie m’a dit « tu sais, j’ai trouvé que ton mari avait été dur avec moi ». Si je devais en parler à mon/ma conjoint·e, je veillerais à ce qu’il soit clair qu’il s’agissait de la perception de Sophie. Ça ne signifie pas que les propos de mon/ma conjoint·e étaient durs. La formulation présente permet à mon/:ma conjoint·e de mieux entendre ce que j’ai à lui proposer en baissant son système de défense. De plus il pourra se tourner plus facilement vers une construction plus accessible à l’avenir.
Exemples pratiques
Je prendrai des exemples un peu plus concret et quotidien :
« J’aimerais que la maison soit rangée quand je rentre du travail. »
ANALYSE : la demande est floue.
ACTION POSSIBLE : Pour mieux répondre à l’attente exprimée, je poserai la question à mon/ma conjoint·e : « qu’est-ce qui t’aiderait à penser que la maison sera rangée. Peut-être ne le perçois-tu pas, mais avant que tu rentres du travail, je range la maison».
POINT DE RECUL : C’est peut-être une surprise pour mon/ma conjoint·e de découvrir que je range la maison avant son retour. En conséquence, il est possible que cela se poursuive par « ah ! Alors je te remercie d’avoir cette volonté (upotasso) de ranger la maison. Je l’apprécie, seulement, pour moi, une maison est rangée quand le canapé (et je donne des détails), que la cuisine (idem), etc.». Mon conjoint·e pourrait donc poursuivre en disant « donc, si je continue à faire comme je l’ai fait jusqu’à maintenant et que j’ai pris en considération ta demande sur le canapé et sur la cuisine en faisant ceci et cela, la maison te paraîtra rangée, c’est bien ça ? ».
CONSÉQUENCE RELATIONNELLE POSSIBLE : La réponse qui devrait en découler se rapprochera sans doute de « tout à fait ». Le conjoint pourrait alors répondre (dans l’esprit, pas en mot à mot, bien entendu) : « Je me ferai donc un plaisir de le faire, de me placer en serviteur en me soumettant (upotasso) à ta demande».
Attention au piège
Il y a un piège présent dans les formulations que je viens de présenter : Il consiste à demander sans demander. Finalement, c’est une manière d’espérer que le conjoint·e comprenne qu’il s’agit d’une demande. Par exemple « je trouve pénible que tu parles comme ça à ma mère ». Il n’y a aucune demande dans cette phrase, il s’agit d’une remarque ou d’un reproche. Quelle est la demande ?
ANALYSE : « c’est pénible quand « tu » correspond au «tu» qui tue, comme le dit Jacques Salomé. Mieux vaut donc parler « je ».
ACTION POSSIBLE : « je vis péniblement les situations dans lesquelles tu parles comme tu l’as fait à ma mère. Quand tu lui as dit, par exemple (poursuivre en détaillant l’exemple). À l’avenir, j’aimerais donc que tu lui parles de manière plus respectable ».
POINT DE RECUL : J’ai fait exprès d’être large dans l’exemple afin de vous sensibiliser. Entendez que « plus respectable » est trop vaste. C’est la raison pour laquelle il importe de préciser.
CONSÉQUENCE RELATIONNELLE POSSIBLE : « quand j’attends de toi que tu lui parles de manière plus respectable, j’attends que tu ne lui coupes plus la parole et que tu l’écoutes même si tu n’es pas d’accord avec elle. Il me paraît important que tu respectes ses positions. Cela ne veut pas dire que tu sois d’accord avec elle, mais que tu l’entendes et que tu lui renvoies que tu entends ce qu’elle dit ».
Vous comprenez que l’on est installé·e dans une formulation de demande claire, aidante, étayée même en l’absence de « parce que ».
Une dose d’explication en plus
On pourrait aisément l’ajouter en disant « en réalité, quand je te vois parler comme ça à maman, je me sens moi-même touché·e. C’est ma mère ». Entre parenthèses, cela souligne le fait que j’aurai un travail à faire sur moi-même. Ce n’est pas parce que mon conjoint·e a parlé ainsi à ma mère que je devrais en être mal moi-même. Je reste conscient·e du travail que j’ai à faire sur moi-même que je peux également formuler. Je pourrais le faire en disant « j’entends que cela souligne un travail que j’ai à faire sur moi-même. Ce n’est pas toi qui détermines ce que je ressens. Je suis responsable de mes propres émotions. En même temps, j’aimerais que tu fasses aussi ce travail relationnel d’accueil, de bienveillance avec maman, non seulement parce que je me sentirais mieux, mais que surtout, c’est une chose qui est importante dans nos valeurs».
La force de l’accusé-réception
Un des bons moyens de formuler une demande et de s’assurer que cette dernière est bien perçue, c’est de demander un retour. Ce n’est pas difficile à faire. Voici un exemple : Qu’en penses-tu ?
Je vous avais dit que ce n’était pas difficile ;-). Si je le remets dans un exemple, cela pourrait donner : « j’aimerais que tu fasses ceci à l’avenir. Qu’en penses-tu ? » C’est une manière de dire que votre conjoint·e n’est pas votre esclave, votre serviteur obligé ou votre boniche. Vous le respectez au point de tenir à ce qu’il/elle soit lui/elle-même, à ce qu’il/elle corresponde à qui il/elle est dans son action. Il vous paraît essentiel qu’il/elle vivre sa vie comme bon lui semble. C’est la toute l’importance de « qu’en penses-tu ? ». Une manière de l’inviter à exprimer sa manière de voir les choses suite à votre demande.
Quand vous formulez une demande, faites-vous le cadeau mutuel de vous ouvrir à ces questions :
- Qu’en penses-tu ?
- Qu’est-ce que tu ressens ?
- Comment vois-tu les choses ?
- Comment te vois-tu vivre les choses ?
Tant de manières de permettre à l’autre d’être responsable de ses choix, qu’il s’agisse d’une réponse affirmative ou non. Qui plus est, avec ce « qu’en penses-tu ? », on s’ouvre à ce que l’autre nous dise non, comme nous l’avons dit au tout début de cet article. On se prépare également soi-même à entendre une réponse négative.
En cas de réponse négative (en apparence)
Si votre conjoint·e vous dit « je ne me sens pas à l’aise avec ce que tu demandes», une fois encore on va utiliser le « parce que » et focaliser son attention sur les valeurs, sur les réalités profondes.
Si je reprends l’exemple des fourchettes disposées autour de l’assiette, qu’un conjoint·e réponde « je n’ai pas envie de mettre la fourchette à gauche parce que ça me gonfle », ce n’est pas suffisant. Il s’agit d’une réponse de surface. Quelle est la raison profonde ? Est-ce parce que, quand vous étiez gamin, vous aviez l’impression d’être un esclave à la maison quand votre mère vous demandait de mettre les fourchettes à gauche ? Peut-être était-ce sur un autre sujet, mais la simple idée de vous rapprocher de quelque chose qui ravive une douleur de votre enfance peut vous mettre hors de vous. Il est tout à fait «entendable» qu’en entendant certaines demandes de votre conjoint·e, vous ayez l’impression émotionnelle, même enfouie, de vous retrouver avec un de vos parents et de ne pas le supporter. Il s’agit d’un problème de fond.
Faites-le émerger au lieu de dire « là, vraiment, tu me gonfles. Je n’ai pas envie de mettre les fourchettes comme tu me le demandes. Je ne suis ni un gamin ni ta bonne !». Mettez-vous en relation avec vous-même, quand vous recevez une demande. Cela permettra à votre conjoint·e, comme à votre couple, d’avancer. Entendez que votre réaction n’a rien à voir avec la demande de votre conjoint. Il n’est question que de vous et de vous seul·e.
Passez à l’action
Allez, au boulot, à vous :
- Connectez-vous à vous-même, à vos besoins, à vos demandes, à vos valeurs.
- Soyez en conscience des capacités de votre conjoint·e et de sa volonté d’agir.
- Connectez-vous à ses valeurs pour ne pas abuser de lui.
- Formulez vos demandes en «je» en veillant à être en connexion avec vos besoins profonds.
- Veillez à ce que votre demande soit formulée en « je » en incluant « à l’avenir », une manière de focaliser sur le présent et le futur proche au lieu d’être tourné·e vers le passé. Faites-le en évitant les pièges d’une demande trop large ou trop précise. Mieux encore, en fuyant une demande sous forme de reproches.
- Puis ouvrez-vous à un retour par un « qu’est-ce que tu en penses ? » comme à une réponse négative.
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