L’intelligence des foules est, dit-on, limitée à celle de l’individu le plus bas sur le plan moral.
C’est bien dommage de faire face à ce genre de réalité parce que, si la foule avait été enrichie par les personnes dont l’intelligence morale est la plus élevée, les manifestations qui font la réputation de France se feraient plus rares. Mais c’est ainsi. Nous aimons rouspéter et revendiquer ce que nous pensons être notre droit.
Et dans votre couple, vos manifs prennent quelles formes ?
C’est une question sérieuse, je vous l’assure. Et en prenant quelques secondes d’honnêteté, vous comprenez que mon sérieux a du sens. Comment réagissez-vous quand vous n’êtes pas d’accord avec une décision, un refus ? Quand vous vivez une frustration ou que une contrariété ? Et quand votre conjoint vous critique ?
Les réponses que vous apporterez à ces questions sont autant d’éléments éclairant sur votre couple mais également sur vous. J’aime l’idée que le couple ait une personnalité double. Il est constitué de deux personnes qui doivent nécessairement rester chacune « personnalité individuelle » pour la santé du couple. « Et ils deviendront une seule chair » rappelé régulièrement par les officiants religieux lors des mariages ne signifie pas que chaque membre du couple perde son identité propre au bénéfice du couple, n’en déplaise à certains.
Le couple ne s’enrichira dans le temps, sur le plan personnel, que parce qu’il est cette personnalité double. Ces deux personnes apportent au couple et emportent du couple, en même temps. Par exemple, quand vous embrassez votre conjoint, vous lui apportez de la tendresse et, en même temps, vous emportez de la tendresse. Ce va-et-vient favorise l’enrichissement de l’un comme de l’autre, tout en oeuvrant au bénéfice du couple. C’est aussi pour cela que des insatisfactions sont présentes dans un couple comme elles le sont et le seront dans chacun des membres du couple.
Je ne connais personne qui, sur le plan individuel, vive un équilibre et une harmonie permanente. La vie faisant, une personne peut vivre comblée tout en ayant des aspirations inassouvies, dont certaines « inassouvissables », tout en vivant avec des tensions intérieures, des changements d’avis et des frustrations personnelles, des déceptions même… Pourquoi donc, si cela est vécu sur le plan individuel, ces situations ne se retrouveraient-elles pas dans un couple ?
La bienveillance conjugale
Je vous propose d’accueillir et d’accepter vos déceptions, frustrations conjugales comme vous accueillez les vôtres en tant que personne isolée. C’est aussi l’occasion d’accepter que votre couple ne peut pas être au top comme une personne individuelle ne peut être au top. Votre couple n’est pas parfait comme vous ne l’êtes pas non plus.
La tentation peut être de faire vos valise pour aller tenter de reconstruire ailleurs, avec quelqu’un d’autre, une réalité que rencontre vos limites conjugales actuelles. Pourquoi pas ! C’est une option qui présente certains avantages si vous avez l’intention de vivre de petites aventures de quelques mois. Parce que, quel que soit le couple que vous formerez avec un autre, les bagages que vous emmènerez dans votre nouveau couple risque d’être les mêmes que vous avez actuellement. Vous risquez donc de produire les mêmes effets, si vous ne vous êtes pas donné les moyens de mûrir personnellement et par conséquent, de participer à la maturité de votre couple. Evidemment, lorsque vous changez vous-même, vous faites changer votre couple, puisque vous faites partie de cette intelligence collective.
Ce que votre couple vous apprend :
1. La nécessité d’envisager le changement comme un atout et non comme un problème
Le changement n’est pas une chose évitable. Il viendra comme il le voudra et quand il le voudra. Autant se préparer à l’accueillir.
Ce que je viens d’écrire là n’est pas de la philosophie. je le pense vraiment. Et c’est d’autant plus important en couple que si un des membres du couple est aveugle ou réfracter au changement. Le couple risque de s’effriter et de se disloquer. Le fait est que si vous changez dans votre coin, sur votre ile individuelle quotidienne, sans vivre en couple, qui verra que vous changez ? Il est possible que vous constatiez certains changement mais beaucoup passeront inaperçus. De plus, qui viendra vous provoquer pour que vous changiez ? Quand Robinson Crusoé, tout seul sur son île, entreprend un changement, c’est parce qu’il vit quelque chose d’inattendu.
Le couple est, par essence, une formation au changement. Le retour de votre conjoint sur ce que vous faites, dites, ne faites pas ou ne dites pas peut vous servir à évoluer vers des dimensions de vous-même que vous n’auriez même pas exploré parce que dans l’incapacité d’en prendre conscience.
Le couple met donc en évidence la nécessité d’un changement régulier qui s’accélère à mesure que des enfants viennent y poindre leur nez !
2. Prenez conscience de vos forces et de vos limites
En général, vous connaissez vos forces et vos limites. Mais vous en avez un regard biaisé et c’est normal. Par exemple, vous ne pourrez jamais savoir à quoi ressemble votre voix. Vous en avez une idée, depuis que vous avez commencé à parler, quand vous froliez les 8 à 12 mois. Mais en réalité, la voix que vous entendez n’est pas la voix que les autres entendent quand vous leur parlez. Vous entendez votre voix depuis l’intérieur. Par conséquent, si votre conjoint trouve que vous avez une jolie voix, que vous partagiez ou pas son point de vue, vous savez que sa perception est très différente de la votre, et que, jamais, vous ne pourrez avoir sa perception de votre voix.
De la même manière, il m’est arrivé de parler en public de nombreuses fois. Et je sais que personne, mieux que ma femme, me dira franchement ce qu’il en a été. Des personnes peuvent venir me dire qu’elles ont beaucoup aimé ce que j’ai dit, que ça leur a fait du bien… et ajouter des détails flatteurs. D’autres pourraient me dire que ce j’ai dit était inintéressant et vide. Cela dit, j’ai choisi que le point de vue de ma femme l’emporterait sur tous les commentaires que je pouvais recevoir, non pas qu’elle ait une perception plus juste que les autres, mais parce que, en tant que membre de notre personnalité double, elle tient à me donner ce qu’elle estime le plus juste pour mon équilibre et me permet de m’améliorer encore et encore.
3. Apprenez à identifier vos besoins
Qui vous a appris à identifier vos besoins ? Vos parents pensez-vous ? C’est juste, en partie. Mais vos besoins de conjoint, qui vous a appris à les voir, à les ressentir, à savoir pourquoi ils sont là ? Je crois savoir que nous avons eu les mêmes formateurs, à savoir nos conjoints. Rien d’étonnant à cela, vous en convenez.
L’avantage du couple est que l’interaction régulière et quasi-quotidienne fait bouger nos lignes. Le changement dont je parlais plus haut est fréquent et, je le souhaite, régulier. Notez que les personnes qui intègrent le plus facilement le changement vivent plus heureux et moins stressées que les autres. La multiplication des changements accroit la somme des besoins. Plus les choses et les relations changent et plus vos capacités et limites sont mises à l’épreuve. Donc, votre capacité à faire preuve de créativité et d’adaptation devient comme un muscle de plus en plus sollicité.
4. Apprenez à exprimer vos besoins
C’est génial de parvenir à identifier ses besoins. Mais que faire après les avoir identifié ? Les exprimer, bien sûr ! Et comment ? A quel moment ? Comment être certains que vos besoins sont compris, accueillis et seront respectés ? Est-ce que le couple est sensé vivre sous le dictateur des besoins de chacun ? Qui détermine ce qui est à vivre et ce que est abusif ?
La vie de couple devient tellement plus simple et plus riche quand l’un comme l’autre exprime et reçoit les besoins et aspirations.
Si vous ne viviez pas en couple, dites-moi comment vous pourriez envisager de vivre cette évolution vers une maturité d’expression de soi, grâce à la présence de l’amour ? Chez vos parents ! Oui, pour certains. Mais pour d’autres, plus les parents sont loins et mieux ils se portent. Et puis, vivre avec vos parents pendant 50 ans ne fait partie du projet humain en général. Par contre, dans le cadre du couple, c’est une dimension qui intègre d’office cette réalité de croissance. 50 ans de vie de couple, oui ! Surtout si vous intégrez le couple comme une école de vie, de développement et d’apprentissage de qui vous êtes, de qui vous voulez être et de qui vous deviendrez. Le couple peut devenir une zone de challenge positif si vous choisissez d’y investir.
5. La zone des conflits heureux
Les conflits ne sont pas systématiquement de beaux moments, bien qu’ils puissent l’être sur le fond.
Je vous souhaite de vivre des conflits conjugaux qui vous permettent de grandir. Je prendrai le temps de m’arrêter sur les bénéfices du conflit dans un prochain article. Mais sachez déjà que vous êtes dans le milieu idéal pour vivre des conflits. Quoi de mieux que de vivre cela avec des gens qui vous aiment et que vous aimez. C’est bien comme ça que vous avez vécu avec vos frères et soeurs, si vous n’êtes pas enfant unique. Les conflits forgent. C’est ce que je voudrais que vous reteniez de ce paragraphe. Et les conflits vécus dans l’amour forgent mieux encore, surtout quand l’amour n’est pas remis en question.
Que vous souhaiter, avant de vous laisser ? De vivre en couple le plus intensément possible, en misant sur les avantages pour vous comme pour la personne qui partage cette aventure avec vous. Vous êtes deux bénéficiaires qui en faites profiter à votre couple, la personnalité double. Alors, s’il vous plait, régalez-vous et travaillez à votre couple.
Est-ce que ce post n’est pas paradoxal avec cette fameuse phrase que ma mère me disait souvent: « Il faut apprendre à vivre seul avant de vivre à deux »?
Qu’en penses-tu?
Bonjour,
J’encourage, généralement, à prendre le temps de réfléchir au sens profond de ce que nous ont légué nos parents. L’avantage, c’est que l’héritage que nous laisserons à notre tour n’en sera que plus riche de sens. Or, dans ce que ta maman t’a invité à prendre dans « tes bagages de vie », il y a, en effet, une force indéniable. Apprendre à vive seul est une des clés utiles pour :
a) apprendre à identifier ses besoins,
b) apprendre à y répondre seul,
c) apprendre à gérer ses frustrations,
d) prendre le temps de réfléchir,
etc.
Et bien que la vie seule puisse être une expérience enrichissante, elle ne le sera pas avec la dimension de la conjugalité. Il n’est, tout simplement, pas possible d’apprendre en solo ce que le couple nous apprend de vivre en :
a) maitrise de soi,
b) acceptation inconditionnelle
c) gestion des conflits,
d) sens de sa propre utilité
e) sentiment d’être irremplaçable
etc.
Conclusion : Vivre seul(e) pour se construire d’abord, « oui ». Et comme un préliminaire de la vie à deux, puis en famille.
Qu’en penses-tu ? Est-ce que cela demeure contradictoire, selon toi ?
A te lire