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Soyez auteur
J’introduirai «ne demandez plus l’autorisation» par un adage intéressant : « mieux vaut demander pardon que la permission ». Il est vraiment connu, mais je ne sais même pas si l’on arriverait à retrouver son auteur.
Quelque part, dans cette démarche se trouvent des points instructifs, notamment, des possibilités de se projeter sans qu’on ait besoin d’attendre la permission. Seulement, dans le couple, je préférerais que l’on n’ait pas à demander pardon 🙂 mieux vaut éviter d’avoir à le faire sauf qu’on est conscient d’avoir fait un choix ayant conduit note conjoint à en souffrir. Par contre, demander la permission est hors de question. Ne demandez plus l’autorisation.
Dominant ou dominé ?
Dans votre couple, il est à espérer que vous ne soyez pas dans une relation dominant-dominé ou dominé-dominant dans laquelle l’un des deux dirige l’autre.
En analyse transactionnelle, on pourrait parler de relations parent-enfant ou enfant-parent.
Bien des couples s’installent dans cette dynamique sans que ce soit vraiment perceptible dès le début. C’est au fil du temps, dans cette installation que l’on se rend compte que la situation devient inconfortable pour l’un comme pour l’autre. Que vous soyez dans une relation dominant-dominé ou dominé-dominant, j’insiste pour dire que vous avez cherché à instaurer un certain confort.
C’est indéniable même si certains disent « ça m’agace d’être dans cette relation de domination ». J’entends que vous avez l’impression d’un agacement, mais si ce mode relationnel vous pesait tant que cela, vous auriez cessé de le mettre en oeuvre depuis un bail.
À l’inverse, certains disent « j’en ai marre d’être dominé et que l’on me prenne pour un enfant… ». De la même manière, si vous êtes installés dans ce fonctionnement, c’est parce que vous avez trouvé bien plus confortable de vous y conformer. Vous l’avez choisi parce que vous l’avez trouvé moins risqué, moins dommageable pour votre équilibre conjugal et, peut-être, pour votre survie personnelle.
Je pense qu’il est utile de prendre conscience que ce qui s’installe dans le couple a pour objet de favoriser un équilibre conjugal. Par conséquent, vous pouvez comprendre que vous êtes tous acteurs de ce que vous avez installé dans le vôtre. Certains conjoints disent :
- Non ! Je n’étais pas d’accord
Et quand je leur demande :
- depuis combien de temps ce vous désapprouvez est-il installé dans votre couple ?
- Cela fait 12 ans
- Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ?
- 15 ans.
- Seriez-vous en train de me dire que pendant trois ans, vous n’étiez pas d’accord et que pendant 12 ans vous avez terminé par l’être ? Comment ça s’est-il produit ?
Vous êtes responsable
Ce n’est pas forcément évident de prendre sa propre responsabilité pour ce qui s’est installé dans son couple. Pourtant j’insiste pour dire que vous êtes responsable. Attention ! Cela ne veut pas dire que vous êtes minable, incapable ou coupable. Vous êtes juste responsable, c’est tout ! Vous avez fait en sorte que les conditions soient réunies pour que la situation prenne une direction donnée.
Peut-être avez-vous tapé du poing sur la table ? Peut-être avez-vous pris position pour des changements ! Cela dit, les changements n’ont peut-être pas abouti. Vous restez malgré tout co-responsables de la situation.
Je ne veux pas vous donner l’impression de vous taper dessus parce que ce n’est pas du tout le cas. Je tiens à ce que vous soyez conscient d’un fait : « si je me surprends à demander l’autorisation, c’est que j’ai (co)validé un fonctionnement ».
Ne demandez plus l’autorisation
Alors, s’il vous plaît, je vous demande de ne plus demander l’autorisation. Quand vous vivez en couple, de fait, vous avez des droits.
À chaque fois je prononce ce terme « droit » je n’arrive pas à le détacher de la notion de responsabilité. À partir du moment où l’on a des droits, on devient responsable.
Parmi vos droits, dès que vous êtes mariés ou que vous vivez en couple, même sans être mariés, vous avez le droit de :
- aller dans le frigo, de l’ouvrir et de prendre ce que vous voulez manger sans demander l’autorisation
- dormir dans le même lit que votre conjoint
- ne pas accepter certains choix de votre conjoint. Cela ne veut pas dire que vous avez le droit de lui interdire de les faire, mais vous avez le droit de ne pas les accepter
- faire valoir ce que vous acceptez et n’acceptez pas même si vous n’avez pas le droit d’empêcher votre conjoint de faire ce qu’il veut faire. Et cette limite est également même valable si l’action à laquelle vous vous opposez est contraire à la loi. Ce n’est pas votre rôle de l’empêcher de faire ce qui est illégal. Il s’agit d’une fonction attachée à une autorité qui représente la loi, ce qui n’est pas votre cas
- Etc.
Donc, vous ne demandez pas l’autorisation et, en même temps, vous n’imposez pas d’attendre que vous ayez donné votre autorisation puisque vous êtes dans un couple, dans une conjugalité que vous fabriquez ensemble. En effet, vous êtes conjoints, joints l’un à l’autre.
En évoquant cette réalité, je ne parle pas des couples mariés ou pacsés. À partir du moment où vous partagez une vie commune, vous êtes joints l’un à l’autre, vous devenez conjoints.
Si vous préférez utiliser partenaires, associés, libre à vous, cela n’empêche que vous restez conjoints parce que vous fabriquez ensemble, vous créez votre conjugalité ensemble et votre vie à deux. À partir de là, ne demandez plus l’autorisation.
Comment agir sans demander l’autorisation ?
Comment agir quand mon conjoint n’est pas d’accord avec ce que je veux faire sans lui avoir demandé l’autorisation ? Demandez-vous d’utiliser ce que vous possédez déjà, à savoir, votre liberté d’être et de mouvement ?
Je pense qu’il est judicieux de poser certains cadres communs qui permettront de faciliter la relation et la communication conjugales.
Mon conjoint et moi-même avons déterminé une somme de dépense libre. Au-delà de ce montant, nous nous sommes mis d’accord pour partager notre intention d’achat avec l’autre. Cette somme est subjectivement juste en fonction du couple. C’est là une idée intéressante que j’encourage.
Seulement, quand viendra le moment de parler avec votre conjoint d’un projet d’achat qui dépassera le plafond défini dans le cadre de votre accord conjugal, l’intention ne sera pas d’échanger avec lui pour lui demander une autorisation. On n’est pas du tout dans cette dynamique-là ! L’objet de la discussion sera d’en parler ensemble parce que cela engage le couple. C’est la manifestation d’un aspect du sens des responsabilités.
Que veut dire autoriser ?
Le verbe autoriser est en relation avec le mot autorité. Il n’est donc pas question de faire preuve d’autorité sur son conjoint. À aucun moment nous ne prendrons le droit d’autoriser notre conjoint à une chose ou de lui refuser notre autorisation. Ce serait déplacé.
Un tel fonctionnement conduit à quitter la relation d’égal à égal. On entre donc dans une relation descendante qui s’inspire de la relation parent-enfant. Or, ce mode relation étant inadapté au couple, il est hors de question de chercher à autoriser son conjoint à faire quelque chose. Il est libre, il est grand, majeur et vacciné.
Chacun est auteur
Un autre aspect de ce verbe autoriser est qu’il est en relation avec le mot auteur. Il s’agit de quelqu’un qui écrit dont il est responsable. Je ne peux pas être responsable de ce qu’écrit mon conjoint. Il est auteur, donc, non seulement je ne l’autorise pas (étant donné qu’il possède sa propre liberté que je reconnais pleinement), mais en plus je n’écrirai pas les pages de sa vie à sa place.
Cette double dimension du verbe autoriser et du nom auteur est aidante pour comprendre la raison pour laquelle je vous dis : ne demandez plus l’autorisation.
Il est bien mieux de considérer son conjoint comme un être complètement libre qui n’a pas besoin que l’on prenne le stylo de sa main pour lui dire « fais ceci, fait cela. Ne fais pas si, ne fais pas ça. Ça c’est bien, et ça c’est mal… ».
Utiliser les bases du fondement de chacun des conjoints
Dans les phases de construction du couple, les occasions sont à saisir pour parler des valeurs convergentes, divergentes et communes de chaque membre du couple. À partir de ces dernières, nous serons informés de la direction à laquelle ira notre conjoint. Ensuite, ayant choisi de rester avec ce conjoint-là, nous prendrons nos décisions en prenant en compte le choix du profil conjugal.
Bien entendu, nous nous préparerons à ce que notre conjoint fasse des choix qui ne correspondent pas à ce que nous attendions. Ainsi, nous limiterons le risque de déceptions. Considérant que l’autre conjoint est vivant, nous savons qu’il changera, sera différent de celui ou celle que nous avons connu pendant des années. Il est donc tout à fait légitime que certains choix nous surprennent. Ainsi, au lieu d’être déçus, nous serons étonnés et désireux de chercher à comprendre. Nous pourrons y parvenir avec les éléments évoqués dans le rendez-vous « dire et vouloir dire ».
Cette posture de mise à l’écoute de l’autre permettra de s’ouvrir, de sortir de la perspective du jugement pour ouvrir à la compréhension. Comprendre sa motivation, ce qu’il a voulu écrire en tant qu’auteur, sans aucune censure, sans jugement et sans autorisation à délivrer nous sera éclairant.
D’égal à égal, même quand c’est gênant
Quand on est conjoint, on se trouve sur le même pied d’égalité, sur le même plan. Et je vous assure que cette posture fluidifie bien des choses, dans la relation.
Étant en couple, vivant ensemble, sous le même toit et partageant la même vie, il n’est plus question de demander l’autorisation pour :
- Embrasser son conjoint
- Dormir dans le même lit
- Le prendre dans ses bras
- Faire l’amour
- Sortir avec des amis,
- Aller visiter sa famille
- Partir en vacances avec des amis
- Faire des placements financiers
- Aller au ciné ou autres
- S’acheter un vêtement
- Découcher
- etc.
… parce qu’en fait : «je le sais tellement capable d’être auteur, toi mon conjoint, que je te sais livre de t’exprimer si une chose que je veux vivre ne te correspond pas. Tu auras la pleine liberté de t’écrire».
Il va donc de soi que, si l’on veut embrasser son conjoint et qu’il ne le sent pas à ce moment-là, d’accueillir notre baiser, nous savons qu’il écrira sa vie que nous accepterons. Si nous voulons le prendre dans les bras ou faire l’amour, ce sera pareil.
Notre propre responsabilité face à cette réalité nous conduira à ne pas ressentir de rage, choisissant de laisser s’exprimer sa liberté d’écrire, de s’écrire, de s’ouvrir et de nous laisser le lire avec une bienveillance qui fera qu’il aura de plus en plus le sentiment et la liberté qu’il est reconnu comme étant libre de s’écrire, de s’offrir et de nous offrir le privilège d’apprendre à le lire années après années.
Nous ne demandons pas l’autorisation. Nous offrirons notre ouverture, notre soutien, notre accompagnement, notre tendresse, notre bienveillance pour qu’il soit auteur.