Arriver à (re)faire confiance (1e partie)

La confiance est attachée au verbe confier.
Il est donc question d’une chose ou d’une personne que l’on remet à quelqu’un.

Vous savez que vous ne pouvez donner que ce que vous avez reçu. Evidemment, dans le domaine de la confiance, cette règle s’applique également. Vous ne pouvez faire confiance que parce qu’on vous a fait confiance. Or, la première fois que vous l’avez expérimentée, c’est parce que vous n’aviez pas d’autres choix, contraint à votre limitation.

Votre apprentissage de la confiance

À votre naissance, vous étiez dans une dépendance totale. Aucune autonomie, incapable de répondre à vos besoins. Le premier pas que vous avez fait sur la terre était basé sur la confiance. En effet, vous aviez besoin de quelqu’un pour vous nourrir, vous habiller et faire en sorte que vous soyez propre. Vous aviez besoin de quelqu’un qui entende vos cris pour comprendre ce que vous vouliez dire. À partir de là, la capacité comme la nécessité de faire confiance se sont installées en vous. Ainsi, vous avez tissé vos premières relations sur la confiance. Vous avez pris conscience, peu à peu, que si vous ne faisiez pas confiance, vous seriez dans une insécurité quotidienne.

La confiance est fondamentale pour un humain

Ce préambule nous permet de comprendre à quel point la confiance est capitale pour un humain. Elle régit ses relations des plus intimes jusqu’au plus distantes. Tirons-en donc une conclusion rapide : un humain qui a rompu le lien de confiance avec trop de personnes dans son environnement vit un propre handicap. Il est quelque part, déstabilisé au niveau psycho-émotionnel et comportemental.

Vous et moi avons besoin de la confiance pour nous construire, pour envisager l’avenir, pour relire le passé, pour aimer. Bien entendu, vous savez tout ça. Mais peut-être avez-vous perdu confiance, ou besoin de réapprendre à faire confiance.

Ce qui vous retient pour parvenir à refaire confiance

Avant d’arriver à répondre à ce besoin, je vous invite à vous poser une question : pourquoi pensez-vous nécessaire de recommencer à faire confiance ? La réponse est déterminante, non seulement sur la rapidité avec laquelle vous arriverez à faire de nouveau confiance, mais aussi sur la manière dont vous allez confier votre personne ou certaines choses à une personne de votre entourage.

J’aimerais m’arrêter quelques instants sur les raisons pour lesquelles vous avez une confiance que vous estimez limité ou une difficulté à faire de nouveau confiance : vous avez été trahi, abusé, violé, violenté ou déçu. 

Je ne dis pas que cette liste est exhaustive. Je pourrais même la réduire, car les verbes violer et violenter ont une étymologie commune. Ils viennent tous les deux du verbe « vis »  en latin qui signifie  « faire preuve de violence sur ou contre quelqu’un». Il vous a paru évident, pour ne pas être de nouveaux trahi/e, abusé/e, violenté/e ou déçu/e, de limiter la confiance que vous faisiez, voire de la supprimer. Je pourrais formuler les choses autrement ce qui donnerait : vous avez choisi de ne plus confier votre personne à quelqu’un ou de ne plus confier quelque chose à quelqu’un. Et pour rester dans l’approche étymologique, ce pourrait être une manière de ne plus être sous l’influence ou le contrôle de quelqu’un.

Souvenez-vous que votre saine idée de la confiance ne rime pas avec danger

Rappelez-vous juste que la notion de mise sous influence, sous contrôle, n’est pas en lien avec du danger. Petit rappel : vos tous débuts dans la vie ont commencé par l’incontournable nécessité d’être sous contrôle de quelqu’un. La différence réside dans le fait que, par voie naturelle, les parents ont tendance à la bienveillance. Or, dans votre cas, vous avez vécu cette malheureuse et difficile expérience avec une personne. Elle a profité de sa position pour vous faire vivre quelque chose qui ne respectait pas vos valeurs.

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Il me paraît important, avant d’aller plus loin, de m’assurer que vous ne vous sentez pas coupable d’avoir choisi de vous mettre sous contrôle des personnes qui ont abusé de vous. De même, accueillez comme normal et bien fonctionnel (à l’inverse de dysfonctionnel) d’être capable de vous placer sous influence ou sous contrôle de quelqu’un.

Vous continuez tous les jours à faire confiance, même à des inconnus

Quand vous allez chez le dentiste, vous n’avez pas la compétence pour vérifier que ce qu’il va vous faire correspond exactement à la nomenclature liée à la pathologie dentaire que vous avez. Vous êtes donc dans l’obligation de vous placer sous influence ou sous contrôle du dentiste.

Cette situation se reproduit quand vous faites vos courses, quand vous amenez votre voiture chez le mécanicien. Et même si vous avez été abusé, violenté, déçu ou trahi vous avez de nombreuses preuves quotidiennes qui vous montrent que vous avez, fort heureusement, continué à faire confiance. Par exemple, quand vous faites le plein à la pompe à essence, vous ne venez pas avec une pipette pour vérifier que le carburant qu’il vous faut correspond bien à ce qui est écrit sur l’étiquette de la pompe à essence. La confiance est nécessaire pour la vie et le développement de la vie et vous le vivez encore. Vous pouvez donc être rassuré sur votre capacité à faire confiance.

Réduire le champ de la confiance est un réflexe aidant

Vous avez donc uniquement réduit le champ de la confiance que vous attribuez à certaines personnes en fonction de certains domaines qui sont en lien avec celui ou celle dans lequel vous avez souffert. C’est attaché à votre instinct de survie. Cela signifie que vous fonctionnez très bien. Et, en même temps, fonctionner par instinct de survie entraîne des facteurs limitants. Je connais une personne qui peut nourrir la moitié de son village quand je considère la taille de son garde-manger. Elle a vécu la guerre, la privation et se comporte aujourd’hui comme si le risque de la voir se reproduire pouvait se présenter à elle. À vrai dire, personne ne peut lui garantir que ça ne sera pas le cas. Et c’est comme cela que vous fonctionnez si vous avez été déçu, trahi, violenté, ou abusé.

Vous dites que si vous refaites confiance, comme vous le faisiez avant, vous risquez de vous retrouver dans une situation similaire. Sur le plan rationnel, c’est une possibilité que personne ne peut effacer.

L’avantage des souvenirs

Le souvenir permet de mettre en place des garde-fous. Grâce à eux, vous éviterez de vous retrouver de nouveau dans une situation de souffrance. C’est un phénomène réflexe d’auto-protection et de survie. Si je prends la situation des attentats que nous vivons sur notre territoire depuis quelques années, cela permettra de le regarder de haut, en prenant une certaine distance avec vos souffrances.

Quand un attentat est perpétré, les autorités prennent des mesures de protection de la zone et des personnes qui ont été affectées par l’attentat. De plus, elles vont au-delà en mettant en place un dispositif qui permettrait d’anticiper d’éventuels récidives ou duplication de l’attentat. Mais depuis le début de la vague d’attentats vécus sur notre territoire, vous avez constaté que, les lieux et les modes opératoires ne se ressemblent pas. Il n’y a pas de procédure automatique et unique pour perpétrer un attentat. Le lieu qui a fait l’objet d’une cible un endroit donné n’a, pour l’instant, jamais été l’objet d’une seconde attaque.

J’avoue tout de même une limite. Je ne fais pas partie des services secrets. Je ne sais pas si le même lieu a été ciblé plusieurs fois. Peut-être, est-ce parce que certains de ces attentats ont été déjoués. Cela expliquerait l’unicité des frappes. Je ne peux donc me baser que sur le constat factuel.

Le risque a énormément diminué

Si je transpose cette réalité sur celle des abus, trahisons, violences et déceptions que vous avez subis, avec une approche rationnelle, le risque d’être de nouveau abusé, trahi, violenté et déçu devrait s’être amenuisé depuis que vous avez vécu l’évènement qui vous a bouleversé.   

Prenez le temps de peser tout cela avant de lire la 2è partie. Je vous donnerai des outils pour reconstruire une confiance perdue.

Cliquez tout de suite ICI pour lire 2e partie et aller plus loin.

Photographie : Pixabay


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4 commentaires

  1. Merci pour ces 3 textes qui font bien réfléchir sur la notion de confiance.
    Je serai dans un ressenti inverse car malgré de nombreuses déceptions amoureuses, et abus de confiance, je ne suis pas dans le sentiment de » manque de confiance » hélas ou tant mieux je ne sais pas.
    Ma nature est faite ainsi je fais trop confiance, les personnes exérieures me le disent sans cesse, que ce soit coté financier, amical, professionnel, ou amoureux. Je donne ma confiance facilement…

    Il me manque personnellement le discernement pour savoir à qui je pourrai donner ma confiance entière ou pas ? Sur quoi me baser ? Quels critères me permettraient de faire le bon choix ?
    Par contre je vis seule à ce jour, je préfère tout contrôler, ça me rassure, c’est peut être paradoxal ? Peut être qu’inconsciemment je ne peux plus faire confiance ?

    1. Author

      Bonjour et, avant tout, merci pour ton retour encourageant.

      J’entends bien que tu parviens facilement à faire confiance. C’est ce que tu penses, en tous cas.
      Cela dit, dans un seconde temps, tu exprimes être consciente de ta difficulté à faire confiance constatant ta volonté de contrôle. Et tu t’interroges sur l’éventuel paradoxe présent dans cette double posture.

      Tu vois, la confiance n’est pas une réalité monolithique. Elle s’exerce en grande partie dans l’inconscient. Pourquoi avoir confiance en un brun aux yeux verts plus qu’en un blond au yeux bleus, par exemple ? Tout cela se situe dans l’expérience historique de l’enfance comme dans l’acquis au fil de la vie. De même, tu peux avoir une facilité à faire confiance dans certains domaines et pas dans d’autres. Même si, je me cantonne à une seule sphère de la confiance.

      À supposer que je prenne la sphère relationnelle, tu peux avoir (consciemment ou non), choisis de garder un accès aisé à la confiance propre à une relation familiale et amicale. Et, en même temps, tu peux verrouiller la sphère de la confiance amoureuse. Et c’est ce je comprends, à la lecture de ton commentaire.

      Il me vient alors des questions que je t’offre pour un travail sur toi-même :
      1) Pourquoi veux-tu tout contrôler (au-delà de ta motivation à te sentir rassurée) ?
      2) Quel(s) risque(s) prendrais-tu à ré-ouvrir la confiance dans la sphère amoureuse ?
      3) Qu’est-ce qui te fais peur, dans ce domaine (confiance amoureuse) ?
      4) Et, puisque la confiance la plus profonde se situe dans la sphère intime, arrives-tu réellement à re-faire confiance ?

      Tu dis avoir peur de faire le mauvais choix. C’est compréhensible, en effet, seulement, sur quelle base un choix est-il mauvais ? (Je t’invite à écouter le podcast « Prendre les bonnes décisions » en suivant le lien suivant : https://www.heureuxaupresent.com/9-prendre-les-bonnes-decisions).

      Faire confiance passe par des actions. Quand tu te verras poser les actions claires qui déterminent que tu es de nouveau entrée dans la dynamique de la confiance, tu sauras que tu as repris la route !
      Quelles actions pourraient te montrer que tu as décidé de refaire confiance dans ta sphère intime ? En as-tu une idée ?
      J’ai hâte de te lire

  2. Merci pour ce texte.
    Oui, faire un état des lieux de la confiance me paraît nécessaire. Que signifie la confiance pour moi. Est ce facile ou pas ? Dans quel contexte est ce que j’y arrive plus facilement ?
    J’ai longtemps cru qu’exprimer mes déceptions antérieures et actuelles au sein de mon couple était un mauvais choix. Erreur. Il me semble important d’arriver à exprimer son degré de confiance dans le calme et le respect. Toutes nos expériences négatives sont multifactorielles et peuvent avoir des répercussions sur notre vie de couple. Tout n’est pas de la faute d’une seule personne… Notre conjoint peux être aussi extérieur au problème même si c’est lui le messager.

    1. Author

      Bonjour,
      Je pense que les questions que tu te poses sont utiles pour avancer. Je t’encourage à en chercher les réponses (et pas « la » réponse).
      Question : Quand tu parles de « calme et respect« , tu sous-entends ces deux termes selon TA propre définition. Est-ce que ton conjoint connait TA définition de ces termes ? Tu sais qu’il peut être convaincu de faire preuve de « calme et de respect » alors que tu ne le perçoives pas du tout comme lui ?
      Je t’encourage, si ce n’est pas déjà fait, à échanger avec lui selon le programme suivant ;
      Lui demander ce qu’il entend dans ces deux mots :
      PROGRAMME
      a) Comment il a vécu cela dans son enfance, avec ses parents, ses frères et soeurs,
      b) Comment il le vit dans son travail, avec ses collègues.
      c) Cherche à entendre comment il vit ces mots avant de lui exprimer ton besoin qui viendra, sans aucun doute, teinter ces deux mots avec ton attente personnelle.
      Bien entendu, après qu’il se soit exprimé, tu pourras lui exprimer ta vision du calme et du respect en suivant le même programme.
      Demande lui s’il se sent de vivre la confiance dans le calme et le respect sous l’angle de tes besoins personnels. Puis écoute-le pour entendre ce qui lui parait difficile et ce qui lui semble accessible.
      Enfin, cherchez ensemble, comment mettre en oeuvre ce qu’il peut déjà vivre dans ce sens.
      Je vous souhaite un bel échange.
      Pense à me donner des nouvelles, après votre entretien.

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