Podcast: Play in new window | Download (Duration: 27:03 — 37.2MB)
Abonnez-vous gratuitement sur Spotify | Pandora | Deezer
- Quand le couple devient le lieu de négociations épuisantes
Concession, compromis ou coopération
Pascal Quionquion
Tu connais peut-être cette scène par cœur. Ton ou ta partenaire veut quelque chose et toi, tu sens que tu vas encore céder. Pas parce que tu es faible, mais parce que tu veux la paix. Tu lâches un “ok, laisse tomber, je fais un effort”, alors qu’au fond, tu sais que tu n’en avais pas envie. Sur le moment, ça semble plus simple. Puis quelques jours plus tard, quelque chose se resserre au fond de toi. Ce n’est pas exactement de la colère. C’est une forme de perte. Comme si tu t’étais effacé un peu plus, sans vraiment t’en rendre compte.
C’est ça, la concession. Elle a l’air belle, presque noble. Tu la maquilles avec des phrases comme “je fais ça par amour”, “je préfère éviter le conflit”, “ce n’est pas grave”. Pourtant, à force de donner sans te sentir rejoint, tu ne nourris plus ton couple, tu t’épuises. Juste après la concession arrive le compromis, ce terrain où chacun perd un peu en pensant sauver l’ensemble. On le présente souvent comme la solution raisonnable, presque idéale. On dit “il faut trouver un terrain d’entente”, comme si ce terrain ne pouvait passer que par le fait que chacun renonce à une part de lui-même.
Aujourd’hui, on va remettre tout ça à l’endroit. On va parler de la concession, du compromis, et surtout de la coopération, cette posture où vous ne cherchez plus à céder ni à couper la poire en deux, mais à créer ensemble une troisième voie : la voie du “nous”. Tu vas voir, on ne va pas rester dans la théorie. L’objectif, c’est que tu ressortes avec des repères, des décisions à poser et des actes concrets pour transformer ta manière de vivre ton couple.
1. La concession : quand l’amour devient une monnaie d’échange
1.1. L’état d’esprit de la concession
La concession, c’est la sœur déguisée du sacrifice. Tu te dis que tu fais ça par amour, que tu “passes au-dessus”, que ce n’est pas si grave. En réalité, tu entres dans une dynamique de dette. L’un donne plus, l’autre reçoit plus, et chacun finit perdu. Le premier a le sentiment d’avoir trop donné. Le second sent confusément qu’il doit rendre, qu’il est redevable.
La concession, c’est “aller avec l’autre en se retirant un peu”. Faire un pas de côté, non pas pour découvrir quelque chose de nouveau ensemble, mais pour laisser la place à l’autre en te restreignant toi-même. Tu penses que ce n’est pas une faiblesse, que c’est une forme de maîtrise, presque de noblesse intérieure. Tu te racontes que celui qui concède ne s’efface pas, qu’il choisit simplement de laisser passer le désir de l’autre.
Mais à force, tu te rends compte que tu t’es recroquevillé. Tu ne t’es pas affirmé, tu t’es limité dans ton droit d’exister. Alors tu ressens une injustice, une cassure, un fossé qui se crée. Et ton couple s’installe dans une ambiance où l’un s’oublie pour préserver une paix apparente. Ce processus ressemble beaucoup à ce que la psychologie décrit comme un schéma de sur-adaptation relationnelle, où tu te conformes pour être aimé.
1.2. Illustration concrète : “ok, je reste… pour toi”
Prenons un exemple simple. L’un veut sortir, l’autre veut rester.
Dans la concession, la scène ressemble à ceci :
“Ok, je reste, puisque ça te fait plaisir.”
Sur le court terme, tu obtiens un bénéfice réel : une harmonie apparente. Vous ne vous disputez pas. Vous restez ensemble. L’atmosphère se détend. Tu te dis que c’était la bonne chose à faire. Pourtant, si tu écoutes bien, quelque chose grince en toi. Tu aurais aimé sortir, tu aurais aimé être entendu dans ton envie. Mais tu te tais.
Sur le long terme, la concession installe un terrain dangereux. Tu commences à tenir les comptes. Tu repenses à tout ce que tu as “fait pour lui” ou “pour elle”. Tu te surprends à dire intérieurement : “J’ai fait ça pour toi”, “j’ai mis ma carrière de côté pour toi”, “j’ai refusé cette opportunité pour toi”. À chaque “pour toi”, tu renforces l’idée qu’on te doit quelque chose. La personne qui fait toujours des concessions finit par demander, consciemment ou non, réparation.
Ce mécanisme est bien décrit dans les travaux sur les relations inégalitaires : l’un se surinvestit, l’autre se sent pressurisé, et la relation se charge d’une dette invisible.
1.3. Le piège de l’amour sacrificiel
Le vrai piège, c’est quand tu te dis : “Je cède pour prouver que j’aime.” À partir du moment où tu cherches à prouver ton amour, tu n’es plus dans une dynamique saine. Tu n’es plus dans l’expression de toi, mais dans une logique de validation. Tu dis oui pour ne pas créer de tension. Tu dis oui pour ne pas déclencher une colère, un silence, une crise.
En surface, tu te rapproches de l’autre. En profondeur, tu t’éloignes de toi. Tu crées une tension intérieure, un désalignement. Tu peux l’appeler comme tu veux, mais ton corps, lui, sait très bien que tu es en train de te trahir. Et ça ne marche jamais dans la durée. Ce schéma crée une inégalité émotionnelle qui finit par éroder la relation.
Tu perds ta spontanéité. Tu deviens plus prudent, plus retenu, parfois plus amer. Tu commences à vivre la relation comme un système de donnant-donnant : “J’ai fait ça pour toi, donc tu me dois bien ça.” Cette logique est exactement l’opposé de ce que décrivent des approches comme l’attachement sécurisant, où chacun peut exister sans avoir à mendier l’amour.
1.4. Sortir de la concession : un travail d’estime, pas de volonté
Si tu veux sortir de la concession, la première question à te poser, c’est : “Pourquoi je cède ?” Est-ce que c’est réellement par amour, ou par peur de perdre l’amour ? Est-ce que tu dis oui pour que votre lien vive quelque chose de beau, ou parce que tu as peur de la réaction de l’autre si tu dis non ?
Quand tu dis “je le fais par amour” mais que tu disparais un peu plus à chaque fois, ce n’est plus de l’amour, c’est de la peur déguisée. L’amour véritable inclut l’amour de toi. Il ne t’écrase pas. Il te permet de dire oui, mais aussi de dire non.
Sortir de la concession, c’est apprendre à poser des non conscients, clairs, calmes, responsables. Un non qui ne rejette pas l’autre, mais qui se respecte lui-même. C’est ce que j’appelle une “tendre fermeté” : tu ne cries pas, tu ne t’excuses pas d’exister, tu dis simplement ce qui est juste pour toi. Tu valorises la différence au lieu d’essayer de la gommer.
C’est aussi le travail que je propose dans certains programmes sur couple-heureux.com, où l’enjeu n’est pas seulement de mieux communiquer, mais de cesser de s’abandonner en chemin. Tu n’as pas besoin de te sous-estimer pour estimer l’autre. Tu peux aimer l’autre parce que tu t’aimes, pas pour être aimé en retour.
2. Le compromis : quand chacun perd un peu en espérant sauver l’ensemble
2.1. L’état d’esprit du compromis
Après la concession vient souvent le compromis. On le voit partout comme une solution sagesse. On l’enseigne même parfois en thérapie : “Faites des compromis, rencontrez-vous au milieu.” Sur le papier, ça paraît logique. En pratique, c’est souvent la diplomatie du couple fatigué.
Le compromis, c’est ce moment où tu te dis : “Bon, ce ne sera ni vraiment comme toi, ni vraiment comme moi. On va faire au milieu.” Tu lâches un bout de toi. L’autre lâche un bout de lui. Et à la fin, il ne reste plus grand-chose de vous deux. C’est une forme de micro-renoncement répété.
Il repose sur la peur du conflit et la volonté de préserver la paix. Mais il crée une paix sans vitalité. Tu évites les vagues, mais tu perds aussi la profondeur. Tu ignores la voie de la coopération parce que “tout le monde fait comme ça”, parce que tu as vu tes parents gérer les choses de cette manière, parce que tu ne connais pas d’autre modèle.
Le psychologue Thomas Gordon, dans son livre Parents efficaces, propose une alternative intéressante : la méthode “gagnant-gagnant”, où l’on cherche une solution qui satisfait vraiment les deux. C’est exactement ce qui manque au compromis : l’ambition de faire gagner chacun.
2.2. Illustration concrète : “ok, on sort… mais pas longtemps”
Reprenons notre exemple. L’un veut sortir, l’autre veut rester.
Dans le compromis, ça donne : “Ok, on sort, mais pas longtemps.”
Sur le papier, c’est juste. Tu as cédé un peu, il a cédé un peu. Personne n’a “gagné”. En réalité, personne n’est vraiment satisfait. L’un aurait voulu une vraie soirée dehors. L’autre aurait voulu vraiment se poser. Vous vous retrouvez dans une solution tiède, qui ne répond pleinement ni aux besoins de l’un, ni à ceux de l’autre.
Le compromis devient alors ce que l’on pourrait appeler un “accord entre deux frustrations”. Chacun se protège un peu, mais personne ne se déploie. Tu n’es ni vraiment dans ta joie, ni vraiment dans ton repos. Tu es dans un entre-deux qui se répète, et qui grignote doucement l’élan de ton couple.
2.3. Les signaux d’un couple bloqué dans le compromis
Tu peux repérer le compromis à plusieurs signes. Tu dis souvent “ça va, ce n’est pas grave”, mais tu sens qu’en fait, ce n’est pas totalement vrai. Après avoir “trouvé un terrain d’entente”, tu ressens un léger goût amer. Tu sais que ce n’est pas catastrophique, mais ce n’est pas nourrissant.
Tu peux aussi sentir une forme de dette émotionnelle qui s’accumule. Tu te surprends à penser : “Il me le devait bien, vu ce que j’ai fait pour lui.” Ou “avec tout ce que j’ai lâché, j’espère qu’un jour ce sera mon tour.” Peu à peu, le couple devient tiède. Il y a moins de disputes, mais aussi moins d’élan. Tu n’es plus dans une relation vivante, tu es dans une gestion de compromis successifs.
Ce fonctionnement est très proche de ce que certains auteurs décrivent comme un style de résolution de conflit évitant : on évite la friction au prix d’une diminution de la vitalité.
2.4. Sortir du compromis : passer de “couper la poire” à “créer quelque chose”
Pour sortir du compromis, la première étape, c’est de nommer les compromis cachés. Tous ces moments où tu fais semblant d’être d’accord. Tous ces “ok, on fait comme ça” où tu sais que ce n’est pas vraiment ton choix.
Ensuite, il faut identifier le bénéfice caché. Quelle peur tu apaises en faisant un compromis ? La peur de perdre l’autre ? La peur de passer pour quelqu’un de difficile ? La peur de te confronter à tes propres besoins ?
Puis vient une question clé : “Qu’est-ce qu’on veut vraiment construire ensemble ?” Tant que tu te demandes uniquement “comment on coupe la poire en deux ?”, tu restes dans une logique de partage de perte. Quand tu passes à “qu’est-ce qu’on veut créer ?”, tu entres dans un autre univers. Celui où l’autorité ne vient plus de l’extérieur (famille, amis, thérapeute), mais du lien lui-même. Vous faites autorité ensemble.
3. La coopération : créer au lieu de céder
3.1. Changer de paradigme
La concession et le compromis sont des postures défensives. Elles visent à éviter la rupture, le conflit, le malaise. La coopération, elle, est créative. Elle ne cherche pas à protéger quelque chose, elle cherche à faire grandir la relation.
C’est la seule posture où tu ne cherches plus à avoir raison, ni à gagner, mais à trouver ce qui sert le lien. Tu ne joues plus l’un contre l’autre. Tu joues pour la même équipe.
Dans la coopération, tu ne cherches plus le juste milieu.
Tu cherches le juste pour vous deux.
3.2. Illustration : créer une troisième voie
Revenons encore à notre exemple. L’un veut sortir, l’autre veut rester.
Dans la concession, l’un disait : “Ok, on reste, si ça te fait plaisir.”
Dans le compromis, c’était : “On sort, mais pas longtemps.”
Dans la coopération, ça devient : “Ok, on veut des choses différentes. Et si on créait un moment qui réponde à nos deux besoins ?”
Par exemple : un dîner à l’extérieur dans un endroit calme, puis un retour tranquille à la maison. Ou une sortie courte mais qualitative, qui permette à l’un de vivre du mouvement, et à l’autre de préserver son besoin de repos ensuite. Ici, personne ne s’efface. Les deux participent à la recherche d’options nouvelles.
L’énergie n’est plus “je cède”, mais “on construit”. Tu vois la différence ? Elle change tout.
3.3. Les leviers concrets pour coopérer
Pour coopérer, il y a trois leviers concrets.
Le premier, c’est de nommer les besoins avant de parler des positions. “Tu veux sortir” n’est pas un besoin. “Je veux rester” non plus. Ce sont des positions. Derrière, il y a des besoins : besoin de mouvement, de nouveauté, de stimulation… ou besoin de repos, de calme, de récupération. Tant que tu restes sur les positions, tu restes coincé.
Le deuxième, c’est de créer une troisième voie à partir de ces besoins. Une fois que tu sais que l’un a besoin de mouvement et l’autre de repos, tu peux inventer des solutions : un week-end dans un endroit dépaysant mais apaisant, une activité courte suivie d’un vrai temps calme, etc. C’est valable aussi pour des sujets plus lourds, comme le lieu de vie ou les vacances.
Le troisième, c’est d’évaluer ensemble après coup. “Est-ce qu’on a trouvé quelque chose de juste pour nous deux ?” Si ce n’est pas le cas, tu ajustes. Tu ne reviens pas au compromis par fatigue, tu continues à co-créer. C’est exactement l’esprit de certaines approches relationnelles avancées, comme l’Imago Relationship Therapy, qui met l’accent sur la curiosité mutuelle et l’exploration des besoins.
3.4. Les avertissements : la coopération n’est pas magique
La coopération n’est pas une utopie, mais ce n’est pas non plus un raccourci. Elle demande de la maturité émotionnelle, du temps, et une vraie honnêteté intérieure.
Si l’un des deux reste dans le schéma “je veux gagner”, la coopération échoue. Et si l’un des deux dit “je m’en fiche, je m’efface”, elle échoue aussi. Il faut que chacun accepte de se montrer, d’assumer ses besoins, d’écouter ceux de l’autre, et de chercher ensemble.
Mais dès que vous acceptez de jouer pour la même équipe, tout change. La relation devient un laboratoire d’évolution. Tu apprends à mieux connaître ton partenaire, et tu te découvres toi-même dans ta capacité à créer, à ajuster, à imaginer.
C’est ce que je vois dans les couples accompagnés dans les programmes de Couple heureux, quand ils passent de “qui va lâcher cette fois ?” à “qu’est-ce qu’on peut inventer ensemble ?”. Tu peux avoir l’impression que c’est utopique, jusqu’au moment où tu commences à le vivre. Et là, tu te rends compte que le couple n’est pas fait pour être un lieu de renoncement, mais un espace de co-création.
Ce qui fait la force des programmes Couple Heureux
Premier point fort
Pascal mise sur une approche très personnalisée avec des coachings, questionnaires et entraînements efficaces.
Deuxième point fort
Des audios percutants vont éclairer ta réalité et booster ta vie solo ou conjugale.
Troisième point fort
Tu as accès à Pascal 7j/7 pour répondre à tes questions par message ou audio.
Ça va t’intéresser

Concession, compromis ou coopération
Et si concession, compromis ou coopération déterminaient l’avenir de ton couple ? Découvre la seule voie qui ne t’abîme pas.Je veux progresser…

Comprendre n’est pas justifier
Quand on découvre que comprendre n’est pas justifier, on comprend qu’aimer, c’est rester lucide sans excuser et ouvert sans se perdre.Je veux progresser…

Accepter sans se soumettre
Et si accepter sans se soumettre permettait enfin d’agir lucidement, d’apaiser la tension intérieure et de retrouver ta liberté d’aimer…Je veux progresser…

Quand démarrer une conversation devient difficile
Quand démarrer une conversation devient difficile, le silence peut éloigner ou rapprocher. Cet article t’aide à le comprendre, l’apprivoiser…Je veux progresser…

5 sujets de conversation pour les couples heureux
Si vous ne parlez que logistique, vous avez absolument besoin d’apprendre les 5 sujets de conversation pour couples heureux.
Je veux progresser…
Inscris-toi à la newsletter
Tu seras informé des offres spéciales, des sorties de podcast, articles et nouveau produits Couple heureux ⎪Ton email ne sera jamais vendu ou partagé(e)
Pensez à partager cet article sur :
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook
- Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) X
- Cliquez pour partager sur Instagram(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Instagram
- Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tumblr
- Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Pinterest
- Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Imprimer
